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Profiter de l'instant, est-ce la clé du bonheur ?

Publié le 12/01/2005

Extrait du document

Si nous nous laissons affecter par des choses qui ne dépendent de nous, c'est-à-dire des choses auxquelles nous ne pouvons rien changer, alors nous serons toujours malheureux, car notre âme ne sera jamais en paix. Ainsi, si mon fils meurt, il ne faut pas que je sois triste, mais je dois me dire que sa vie ne dépendait pas de moi, qu'il ne m'appartenait pas : aussi ne m'a-t-on rien prit, puisque je ne possédais rien. Seule ma volonté et mes actions dépendent de  moi, je dois donc être stoïque et avoir une grande volonté afin de n'être jamais malheureux. Le bonheur n'est donc pas chose aisée : il nécessite de notre part un vrai travail et de grands efforts. Il ne tient donc pas dans un instant. Cependant tout le monde n'est pas stoïcien, et il arrive sans être en ataraxie, de connaître de cours instants de bonheur. Comment se libérer de tous nos déterminismes, pour s'échapper vers le bonheur le temps d'un instant ?   II.                Pas de bonheur sans oubli.   Nietzsche explique que le bonheur a une condition de possibilité (une clé) qui est l'oubli.

En quoi consiste le bonheur ? Qu’est-ce que le bonheur ? Les anciens appelaient cela l’ataraxie : l’absence de trouble. Mais alors comment atteint-on cette tranquillité parfaite ? Si l’on en croit les anciens, il faut devenir sage, c'est-à-dire avoir une grande volonté, n’être que vertu et avoir de grandes connaissances rationnelles. Mais puis-je être heureux ici et maintenant ? Il semble que sans aller jusqu’à la sagesse, je puis parfois ressentir le bonheur. Dois-je pour cela profiter de l’instant : carpe diem ? Mais comment peut-on profiter de l’instant ? En effet l’instant par nature est fugitif, le temps de le nommer, le voilà déjà partit, un autre instant lui a succédé qui s’est échappé lui aussi. Comment le bonheur qui est l’absence de trouble, donc qui a une certaine durée, peut-il tenir dans l’espace d’un instant ? De plus, profiter de l’instant pour lui-même, signifierait que nous sommes capables de nous couper du monde, de notre vie, de notre temps, et de l’histoire dans laquelle nous sommes pris pour ‘profiter’ et être heureux. Mais comment puis-je me couper de mon histoire ? Nous pouvons donc nous demander si le bonheur ne nécessite pas une élaboration plus profonde et un fondement plus solide. Le bonheur est le sentiment, la sensation que tout le monde recherche, s’il ne suffisait que de profiter alors tout le monde serait heureux.

« Nietzsche explique que le bonheur a une condition de possibilité (une clé) quiest l'oubli.

Si l'on oubli pas, l'on ne peut être heureux.

Ici le bonheur n'est pluscette vie idéale où l'on serait heureux perpétuellement après de nombreuxefforts.

Le bonheur peut arriver à tout instant, il suffit d'aller le chercher enoubliant.

Quelqu'un, qui ne serait pas capable d'oublier, serait toujours dans lecalcul du futur, dans le souvenir du passé : il ne ferait rien en soi, mais agiraitselon les événements passés et les projections futures.

Entre deux temps : lepassé et le futur, il ne pourrait vivre, car il n'aurait aucune présence à soi.L'oubli permet de s'extraire de ce temps continu où l'on est enfermé, prit danssa course folle.

Prendre le temps d'apprécier l'instant et d'être heureux danscet instant, c'est prendre le temps de vivre pour soi, sans calcul, c'est unmoment de pause, d'accalmie qui s'approche au plus près de l'ataraxie(absence de trouble).

Mais à force de vivre dans l'instant et dans l'oubli pourêtre heureux ne finit-on pas par être malheureux.

En effet, si l'on vit sanschoisir soi-même notre devenir, alors on ne fait que subir ce qui nous estextérieur.

• « Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a toujoursquelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur : la possibilitéd'oublier...

Imaginez l'exemple extrême : un homme qui serait incapable de rienoublier et qui serait condamné à ne voir partout qu'un devenir; celui-là necroirait plus à son propre être, il ne croirait plus en soi...

Finalement, en vrai disciple d'Héraclite, il n'oserait mêmeplus bouger un doigt.

Tout acte exige l'oubli...

» Remarquer singulièrement la « liaison » effective entre l'acte et lebonheur qui « exigent l'oubli ». • Comment comprendre cette « liaison »?— Consulter le livre de G.

Deleuze, Nietzsche et la philosophie (P.U.F.) notamment de la page 127 à la page 136.Selon Nietzsche la personnalité saine « agit » ses réactions tandis que la personnalité décadente (et malheureuse,pleine de fiel, de vengeance et de ressentiment) ne sait pas littéralement réagir mais ressent.

L'explication de cephénomène est à rechercher dans un trouble fondamental de la mémoire.

Selon Nietzsche l'équilibre psychiquedépend de la coopération entre trois instances, essentielles :— l'inconscient réactif qui est la mémoire des traces (« appareil végétatif et ruminant »);la conscience qui permet l'adaptation de la réaction à l'excitation présente en « agissant » la réaction elle-même; lafaculté d'oubli qui n'est pas une simple « force d'inertie» mais une force plastique, régénératrice et curative grâce àlaquelle les traces mnésiques de l'inconscient réactif sont repoussées en dehors du champ de la conscience.« Fermer de temps en temps les portes et les fenêtres de la conscience, demeurer insensible au bruit et à la lutteque le monde souterrain des organes à notre service livre pour s'entraider ou s'entre-détruire, faire silence, un peu,faire table rase dans notre conscience pour qu'il y ait de nouveau de la place pour les choses nouvelles..., voilà...

lerôle de la faculté d'oubli, une sorte de gardienne, de surveillante chargée de maintenir l'ordre psychique, latranquillité, l'étiquette.

» Extrait de : Généalogie de la Morale, II, § 1. Autrement dit, selon Nietzsche, si l'individu est englué dans les traces mnésiques de sa mémoire réactive, il est livréau jeu des impressions sensibles et il se révèle incapable de vouloir.

Alors la réalité n 'est plus pour lui ce qui peutaiguillonner sa volonté mais ce qui torture sa sensibilité.

Il ne réagit plus mais il ressent (dans le ressentiment).On peut comprendre ainsi la phrase de Nietzsche proposée à notre réflexion.

III. Le bonheur, un plaisir contrôlé. Epicure nous montre que le bonheur n'est ni un effort d'ascète quasiment impossible à réaliser, ni une vie dénuée detoute mémoire, mais bien plus, le bonheur c'est se faire plaisir dans certaines limites.

Nous sommes heureux quandnous ressentons du plaisir, cependant, lors d'une orgie nous ne sommes pas heureux.

C'est parce qu'il faut contrôlernotre plaisir : « Nous disons que la plaisir est le principe et la fin de la vie bienheureuse… ».

Pour l'auteur ressentirde la joie est le bonheur.

Mais tous les plaisirs ne se valent pas : seuls les modérés conduisent au bonheur.

Lesexcès excitent le corps et l'âme d'un coup pour les laisser retomber dans une sorte de platitude et d'ennui.

L'âme etle corps ne sont pas en paix, mais bien plus sont troublés, puisqu'ils font le yo-yo d'un sentiment extrême à l'autre.En modérant nos plaisirs, et en nous demandant s'ils sont bénéfiques pour l'esprit et le corps, alors nousréfléchissons au bonheur, puis en tant que nous profitons, ensuite, d'un bon repas sans excès et en compagnied'amis, alors nous profitons de l'instant : il n'y a donc pas de clé du bonheur, mais plutôt l'association d'une réflexionet d'un profit.. »

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