professeur plutôt que d'un philosophe : édition de l'oeuvre de Plotin, commentaires de textes variés, Introduction aux Catégories, Histoire de la philosophie.
Publié le 21/10/2012
Extrait du document
«
DENIS L'ARÉOPAGITE (1er siècle) se donne pour le compagnon de saint Paul, mais son œuvre est en réalité posté rieure à celle de Proclus, dont il s'inspira.
Par elle le néo-platonisme pénétra la
mystique chrétienne.
Nous ne pouvons
connaître Dieu que dans la mesure où il se fait connaître à nous, par l'Ecriture,
dans ses œuvres où il se révèle lui-même.
La théologie positive lui attribue les noms qui sont ceux de ses créatures, De Divinis Nominibus : connaissance qui procède de notre condition d'êtres incarnés,
inférieure à la théologie négative qui la contredit.
Car la cause diffère de ses effets, et Dieu transcende l' Etre lui même et le Bien : terme antérieur à la série, et dont « il n y a ni discours, ni
nom, ni connaissance ».
La théologie négative se nie elle-même et aboutit à une ignorance qui n'est point refus de la connaissance, mais son achèvement, en un lieu situé au-delà de l'affirmation
et de la négation, où le savoir excède ses limites, s'ignore lui-même : Théologie
mystique.
( H.D.)
JUSTIN (vers roo-165) qui fut martyrisé à Rome, fut l'un des premiers apologistes qui s'efforcèrent
d'obtenir la reconnaissance légale du Christianisme.
D'éducation grecque, il se convertit en 132 à la religion chrétienne,
croyant y trouver la réponse à des questions que la philosophie hellénique
avait su poser mais non résoudre.
Forme d'apologie la plus habile, qui met en lumière la parenté entre le Christianisme
et la pensée grecque : « Le genre humain
tout entier participe au Verbe », écrit-il dans la Première Apologie ( 1 50), et les philosophes, Platon surtout, ont approché de l'intelligible par la raison, forme infé rieure d'une révélation qui s'achève dans le Christ, incarnation du Verbe.
La pensée chrétienne ne cherche pas à com prendre sa propre insertion dans le déve loppement de la philosophie mais prétend
réduire à elle tout ce qui l'a précédée : « Tout ce qui a été dit est nôtre » Deuxième Apologie.
( H.D.)
TATIEN (entre 110 et 120-175) A la foi « ouverte » de Justin, s'oppose
celle, jalouse et exclusive, de Tatien, qui fut cependant, à Rome, l'élève de Justin.
Le Discours aux Grecs affirme les
droits des chrétiens contre la culture grecque.
Tatien nie qu'on puisse connaître
Dieu par la raison : toutes les philoso
phies se contredisent et les Grecs ont plagié,
sans la comprendre, « notre philosophie », celle des chrétiens.
Par la suite, Tatien
tourna au gnosticisme, avant de rejoindre -ou de fonder? -la secte des Encratites,
hérétiques d'un rigorisme absolu.
L'âme,
après la chute, a vu le Verbe se retirer
d'elle : il lui faut, à présent, se détourner de la matière, se « convertir », tendre vers son principe.
Le Verbe de Dieu
organise la matière comme la parole donne forme à ce qui, dans l'auditeur,
n'est que confusion.
Dieu, qui lui-même n'a pas de cause, est cause de toutes choses, et du Verbe lui-meme.
Invisible, nous le connaissons par son œuvre.
(H.D.)
VALENTIN (début du n• siècle-16o) Né à Alexandrie où il enseigna jusqu'en 135, avant de partir pour Rome où il
mourut, Valentin est le chef d'une des sectes gnostiques les plus importantes, sinon
la plus importante.
Il appartient à ce courant de penseurs qui ne se conten
taient plus de spéculer sur l'existence de Dieu et ses attributs, mais recherchaient ce qu'on appelait une « gnose », c'est
à-dire une connaissance divinisatrice,
capable d'unir l'homme directement à
Dieu et
de lui apporter ainsi le salut.
La doctrine de Valentin, que nous connaissons grâce à saint Irénée (Contra Haereses, liv.
I, chap.
1, 1), s'appuie
sur une histoire fantastique de la créa
tion du monde.
A l'origine des choses, dans les profondeurs invisibles et inef
fables, Valentin place un Eon parfait: il est l'Infini, le Père, ou l'Abîme.
Avec lui coexiste la Pensée ou Silence.
Un
jour, l'Infini songea à émettre de soi le commencement de toutes choses et il confia cette émission au Silence.
De
leur union naquirent Intellect et Vérité.
Intellect et Vérité
engendrèrent à leur
tour le Verbe et la Vie, pères de tous ceux qui viendront.
Trente couples d'Eons,
mâles et femelles, sont ainsi produits,
qui forment le Plérôme.
Mais le dernier Eon créé, la Sagesse, va provoquer un drame brutal.
La Sagesse eut le désir de connaître la grandeur de l'Infini,
sans naturellement pouvoir y parvenir;
sous l'effet de la Force qui donne consis
tance à toutes choses, le Terme, la Sa gesse rentra en elle-même; mais comme elle avait tenté une œuvre impossible,
elle accoucha d'une substance informe que Valentin nomme Achamoth : cette der nière est devenue le support de la matière
dont ce monde a été formé.
Le Christ
vient alors au secours d' Achamoth et lui envoie le Paraclet accompagné d'anges.
Ceux-ci font dans Achamoth le partage
entre les passions, c'est-à-dire le mou
vement d'orgueil qui avait emporté la
Sagesse (et la substance issue des pas
sions sera la matière) et la conversion, c'est-à-dire le mouvement de retour de la Sagesse sur elle-même (et de la conversion naîtra ce qui est animé, les
hommes psychiques).
C'est pour sauver
ces derniers qu'un Rédempteur, en qui
s'est incarné l'Eon Jésus, a été envoyé.
Quand seront sauvés tous ceux qui doivent
l'être, une conflagration générale détruira ce qui reste d'Achamoth.
La doctrine de Valentin combine ainsi deux des thèmes essentiels de la réflexion philosophique du n• siècle après J.-C.
D'une part, le thème de la création processive par
émanation d'un Principe premier éternel,
d'autre part, le thème du salut qu'appor
tait la tradition hébraïque et chrétienne.
Plotin reprendra le premier de ces thèmes, après l'avoir expurgé de son contenu mythique, dans la philosophie qu'il développera un siècle plus tard.
De plus, le rôle qu'il accordera à la Matière - ce dont rien ne peut procéder et qui ne peut donc être que le Mal - a sa source directe dans les mythes gnostiques dont Valentin a été l'un des promoteurs.
(M.C.)
BASILIDE (?-130) célèbre gnostique, est un moraliste « obsédé par le problème du mal et celui de la justification de la providence » ( E.
de Faye).
Il tenta de concilier le christianisme avec l'aristotélisme et le stoïcisme.
Isidore fut le plus célèbre de ses disciples.
MARCION (début du u• siècle) né à Sinope, hérésiarque célèbre, fils
d'évêque, évêque lui-même, a été surtout
l'exégète de la trilogie gnostique, formée, avec lui, par Valentin et Basilide.
Il rejetait entièrement l'Ancien Testament.
Son influence dura Jusqu'au x• siècle, se confondant presque avec le mani
chéisme.
LES MANICHÉENS
C'est en Perse, en Babylonie exactement, que prit naissance le mouvement mani chéen.
Son fondateur, Mani, y naquit en 216, et grandit dans un climat d'in tense fermentation religieuse.
Deux révé lations successives, en 228 et en 240, l'avertirent de sa mission, puis lui
enjoignirent de répandre sa doctrine.
Durant 37 ans Mani parcourut les pro
vinces perses, allant jusqu'aux Indes et laissant partout des disciples.
En 277, l'Empereur le fit brusquement jeter en prison où, épuisé, il ne tarda pas à expi rer.
Selon un de ses historiens récents, M.
Henri-Charles Puech, la Religion de la Lumière se caractérise d'abord
par sa revendication d'universalité; Mani se situe lui-même dans la tradition
d'Abraham, de Bouddha, de Zoroastre et de ]ésus; mais, s'il est le dernier
prophète, il est aussi le seul qui ait
apporté la vérité intégrale.
En lui s'est
incarné le Paraclet.
Il voit d'ailleurs la principale raison de sa supériorité dans les sept textes canoniques sur les
quels il s'appuie et dont les plus impor
tants sont: le Shâbuhragân, le Trésor de Vie, le Livre des Mystères, le Livre des Géants.
Malgré cet aspect
composite, le Manichéisme forme une doctrine unifiée; c'est essentiellement une « gnose ».
Comme toutes les gnoses, la
religion de Mani est née d'un besoin de délivrance; ce besoin prouve déjà que l'homme est supérieur à sa condition
actuelle et que celle-ci est une déchéance; or Dieu qui est Bonté et Vérité n'a pas
pu vouloir ce monde de souffrances : la
création dépend donc d'un principe infé
rieur, opposé à Dieu.
La gnose mani
chéiste, qui a pour but de révéler à l'homme son origine et sa nature véritable, dé bouche tout naturellement sur une théo
logie et une cosmologie.
Ce savoir total,
qui doit apporter le salut, s'épanouit en un mythe étrangement compliqué.
Très
schématiquement, le Mal a sa source dans le mélange de l'Esprit et de la Matière, de la Lumière et des Ténèbres; le mythe qui va raconter l'odyssée de l'âme déchue dans la Matière, puis délivrée par la Connaissance, comprendra trois épisodes : un premier moment où les sub
stances étaient séparées; un moment
central où le mélange s'est produit,
quand le Prince des Ténèbres s'est
371.
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