Prétendre distinguer l'homme de l'animal est-ce légitime ?
Publié le 20/04/2009
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Seul parmi le règne animal, il peut ainsi accéder à une connaissance et à une organisation sociale basées sur le Bien et la sagesse. 2° L'humanité doit se définir en rupture avec l'animalité La conception dualiste de Descartes, entre substance pensante, qui est l'âme, et substance étendue, qui est la matière, l'amène à définir l'homme contre le reste du vivant : il n'est pas un animal. L'homme se définit par la pensée, alors que son corps, et les animaux, qui n'ont pas d'âme, peuvent donc être assimilés à des machines ou automates. Il est donc légitime à la fois de couper l'homme de son appartenance avec le règne animal, dans la mesure où l'humanité de l'homme ne repose que sur son âme, le corps n?étant que de la matière. Il n'y a donc pas, comme chez Aristote, une spécificité des êtres vivants fondée sur des âmes plus ou moins parfaites. En ce sens, on peut dire que distinguer l'homme de l'animal amène à fonder une conception humaniste, où l'homme, comme être de morale, se définit contre ce que représente le règne animal, à savoir les instincts, les rapports de force, l'absence de norme. 3° L'homme a-t-il le droit de refuser tout sentiment de communauté avec les animaux ? Il semble possible de ne pas remettre en cause la particularité de l'espèce humaine au sein du vivant, tout en s'interrogeant sur la légitimité morale de cette distinction, qui nie l?appartenance biologique de l'homme, et donc la communauté de certaines de ces caractéristiques avec les autres animaux. Que l'homme se définisse contre les caractéristiques des autres animaux revient pour lui à se définir comme ayant des droits sur eux. Si la légitimité de ce droit repose sur une spécificité de la morale humaine, qui donc ne s'appliquerait qu'aux hommes, on peut s'appuyer sur la conception utilitariste de la morale pour mettre en doute cette hypothèse.
Le terme « animal «, au sens large, désigne l'ensemble des êtres vivants s'opposant au règne végétal et en un sens cette définition englobe l'espèce humaine. Mais dans un sens plus restreint, on distingue l'espèce humaine du règne animal, ce qui marque une ambiguïté dans la classification de l'espèce humaine… A savoir que l'homme se définissant comme le représentant de l'espèce humaine, la plus élevée de toutes les espèces vivantes. « Distinguer « peut être interprété pour opposer l'humanité à l'animalité ou tout au contraire accorder une place à l'homme au sein du règne animal. Ce rapport dépend donc de la conception et de la définition de l'humanité. Prétendre distinguer l'homme et l'animal, est-ce légitime? Le sujet qui nous occupe pose la question de la légitimité de cette distinction, c'est-à-dire du droit. Pour répondre à cette question, nous étudierons dans un premier temps quelles peuvent être les distinctions pour prétendre légitime que l'humanité doit se définir en rupture avec l'animalité, puis dans un second temps quelles caractéristiques nous permettent de prétendre légitime d'accorder à l'homme une place particulière au sein du monde animal. Et enfin, dans un dernier temps nous verrons si l'homme a-t-il le droit de refuser tout sentiment de communauté avec les animaux?
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Prétendre distinguer l'homme de l'animal, est-ce légitime ?
La différence entre l'homme et l'animal prête à bien des débats et il serait intéressant de se demander pourquoi.Certains mêmes la refusent.
Aussi peut-on se poser la question de savoir s'il est légitime de prétendre distinguer l'unet l'autre.
Pour répondre à cette question, il nous faut d'abord préciser ce que signifie ce terme de distinction : il ya bien sûr des différences entre les animaux et les hommes, de même qu'il y en a entre les diverses espèces, entreles abeilles et les guêpes par exemple.
Mais l'homme n'est-il qu'une espèce parmi d'autres ? La question sembleplutôt de savoir si entre le règne animal et le règne humain, il y a une différence radicale, un saut qualitatif, sil'homme se sépare de l'animalité.Le sujet qui nous occupe pose la question de la légitimité de cette distinction, c'est-à-dire du droit.
De quel droitaffirmerait-on pareille distinction ? Autrement dit, au nom de quels critères ? Il va de soi qu'ici, la légitimité relève dela connaissance, et plus précisément de la connaissance scientifique.
Mais on peut également penser que laquestion elle-même est légitime, parce qu'elle met en jeu certaines valeurs.
En effet, pourquoi se pose-t-on cettequestion ? N'est-ce pas parce que notre comportement à l'égard des hommes et à l'égard des animaux dépend de laréponse ? Que se passerait-il si nous venions à affirmer qu'entre l'homme et la bête, il n'y a pas de différence ? Laquestion serait donc légitime en ce sens qu'elle a une portée morale et philosophique.
L'attitude qu'a l'homme occidental moderne à l'égard des animaux est paradoxale ; elle est semblable à celle qu'il a àl'égard de la nature entière : il la détruit, et il en entretient le culte.
Il n'a jamais tant aimé les animaux que depuisque, par sa faute, nombre d'entre eux sont en voie de disparition.
Le campagnard d'autrefois, qui vivait parmi lesbêtes de sa ferme, ne se croyait pas leur frère.
Alors que l'homme moderne qui vit en ville, coupé de toute nature,élève volontiers son chat ou son chien à la dignité humaine.
Pour un peu, il prétendrait se reconnaître en eux.
Lesanimaux et nous, sommes-nous donc parents ?En un sens, oui.* Toutes les mythologies du monde expriment cette parenté au travers de créatures mi-homme mi-bête, l'une desplus célèbres étant le Minotaure.
Dans le mythe, les deux règnes sont confondus, il y a dans l'animal de l'hommeprêt à surgir, des sentiments, des passions humaines, il y a dans l'homme une bestialité prête à se manifester dèsqu'elle en a l'occasion.
Mais il faudrait, pour être exact, rappeler que les mythes mettant en scène ces créaturesambivalentes racontent aussi comment les choses se mettent en ordre, chacun à sa place, l'animalité avec lesanimaux, l'humanité avec les hommes.
Par exemple, le mythe de Botoque que rapporte Lévi-Strauss nous montre unêtre humain qui cesse de grimper aux arbres, qui vole le feu et les outils et qui fait cuire sa viande, et un jaguar quirenonce aux outils, au feu, et qui désormais mange de la viande crue.* Cependant, la parenté est indéniable.
L'homme a un corps, et par son corps, il appartient au règne animal.
C'est,de ce point de vue, un "bipède sans plumes" soumis aux lois de la nature.
Il naît, il vit, il meurt.
Il doit se nourrir,échanger avec son milieu.
Il se reproduit.
Tout cela est bien connu.
A ces observations, Darwin a ajouté un élémentd'importance.
L'homme est le produit d'une évolution des espèces, un rameau récent d'un arbre généalogique quis'enracine dans la souche primitive, et qui nous fait donc descendre des êtres vivants les plus rudimentaires.
Nousvoilà donc parents des bactéries, des éponges, des blattes, des souris, etc.
et non plus une espèce à part crééepar Dieu à son image.
C'est si vrai que les scientifiques testent leurs produits sur nos "frères" les animaux, avant deles appliquer à l'homme.
Soit dit en passant : curieuse façon de traiter ses "frères" !
* Ajoutons à cela des ressemblances diverses.
L'homme, dit Aristote, est "un animal politique", et il fait lacomparaison entre notre espèce et d'autres espèces sociales, comme les abeilles ou les fourmis.
L'homme vitsouvent dans des sociétés hiérarchisées, et on peut être tenté de faire la comparaison avec d'autres sociétéshiérarchisées, telles celles des fourmis ou des loups.
Est-ce à dire que la reine d'Angleterre soit comparable à lareine des abeilles ? Ces termes ne sont-ils pas approximatifs, ces comparaisons superficielles et anthropomorphiques?
Admettons qu'avec les animaux nous ayons une certaine parenté.
Quelle curieuse façon, alors, de traiter sesparents ! En les mangeant, en les détruisant, en les domestiquant, en les exploitant, en les enfermant dans descirques, dans des zoos, etc.
L'homme ne témoigne guère de son amour pour sa famille ! Descartes, dans une de seslettres, expliquait qu'il fallait bien que nous considérions les animaux comme radicalement différents de nous, commede simples corps sans âme, sinon, comment pourrions-nous les utiliser et les manger comme nous faisons?* De plus, sous prétexte de sa parenté avec l'animal, l'homme doit-il se conduire comme une bête ? Est-ce nous quisommes semblables aux animaux, ou bien sont ce les animaux qui sont semblables à nous ? Les animaux sont-ils deshommes ? L'homme est-il une bête ?Qu'il y ait des points communs entre l'homme et l'animal n'implique pas une ressemblance absolue entre l'un etl'autre, ni même une identité de nature.
Nous avons aussi des points communs avec les étoiles, et les brins d'herbe,et pourtant nous ne sommes ni l'un ni l'autre.
Les mythes, comme nous l'avons dit précédemment, s'appliquent tous.
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