Présentation « Le vivant »
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
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Le mécanisme prend le contre-pied total de la conception vitaliste.Selon cette conception, la vie est uniquement le résultat d'interactions physiques et matérielles.Un des plus notables représentant du mécanisme est Descartes pour qui tout corps, sans distinction, se ramène àune machine, c\'est-à-dire à un assemblage de pièces matérielles mises en mouvement par les lois physiques detransmission du mouvement et de la loi d'inertie.
Descartes, Traité de l'homme : « Je suppose que le corps n'est autre chose qu'une statue ou machine de terre, queDieu forme tout exprès, pour la rendre la plus semblable à nous qu'il est possible : en sorte que, non seulement il luidonne au-dehors la couleur et la figure de tous nos membres, mais aussi qu'il met dedans toutes les pièces qui sontrequises pour faire qu'elle marche, qu'elle mange, qu'elle respire, et enfin qu'elle imite toutes celles de nos fonctionsqui peuvent être imaginées procéder de la matière, et ne dépendre que de la disposition des organes ».
Selon Descartes, ce qui distingue l'homme de l'animal c'est uniquement en lui la présence d'une substance spirituelle,distinct de la substance corporelle.
La spécificité de l'homme s'observe selon lui par la capacité de parler, c\'est-à-dire de penser qui fait défaut chez les animaux.
Descartes, Lettre au marquis de Newcastle : « Bien que Montaigne et Charon aient dit qu'il y a plus de différenced'homme à homme que d'homme à bête, il ne s'est toutefois jamais trouvé aucune bête si parfaite qu'elle ait usé dequelque signe, pour faire entendre à d'autres animaux quelque chose qui n'eût point de rapport à ses passions ; et iln'y a point d'homme si imparfait, qu'il n'en use ; de sorte que ceux qui sont sourds et muets inventent des signesparticuliers par lesquels ils expriment leurs pensées.Ce qui me semble un très fort argument pour prouver que ce qui fait que les bêtes ne parlent point comme nous estqu'elles n'ont aucune pensée, et non point que les organes leurs manquent.
Et on ne peut dire qu'elles parlent entreelles, mais que nous ne les entendons pas ; car, comme les chiens et quelques autres animaux nous expriment leurspassions, ils nous exprimeraient aussi bien leurs pensées, s'ils en avaient ».
On voit que pour Descartes, ce qui fait le propre de mouvement corporel est une pure causalité matérielle.
Selon lui,un animal n'est pas différent d'une machine.
Descartes, Discours de la méthode : « C'est la nature qui agit en eux selon la disposition de leurs organes : ainsiqu'on voit qu'une horloge, qui n'est composée que de roues et de ressorts, peut compter les heures et mesurer letemps plus justement que nous avec toute notre prudence ».L'étymologie même du mot organe qui vient d'organon renvoie à l'idée d'un outil est donc d'un moyen servant à autrechose.
Mais le mécanisme, comme le vitalisme ancien, est une conception dépassée.
D'ailleurs la notion de mécanismen'explique pas l'origine du mouvement des pièces composant l'organisme et très vite nous nous voyons renvoyer àun Grand Horloger ayant disposé ces pièces dans l'embryon.
* Le point de vue actuel : la synthèse moderne
a) L'être vivant n'est pas une machine
Pour démontrer l'irréductibilité du vivant à la machine il suffit de constater qu'à la différence d'un être vivant, unemachine ne peut ni se construire ni se réparer.
A l'intérieur de l'organisme, des forces internes sont à l'½uvres quiassurent la formation des structures complexes du vivant.
Kant, Critique de la faculté de juger : « Dans la montre, un rouage n'en produit pas un autre ; à plus forte raison,une montre n'en produit-elle pas d'autres en employant pour cela une autre matière (qu'elle organiserait) ; ainsiencore ne remplace-t-elle pas d'elle-même les parties perdues, ou ne répare-t-elle pas les vices de leurconstruction primitive à l'aide des autres, ou ne se rétablit pas elle-même quand le désordre est entré en elle :toutes choses que nous pouvons attendre au contraire de la nature organisée.Un être organisé n'est donc pas une simple machine n'ayant que la force motrice ; il possède en lui une vertuformatrice et la communique aux matières qui ne l'ont pas (en les organisant), et cette vertu qui se propage ne peutêtre expliquée par la seule force motrice ».
Un organisme est capable de s'auto-réguler et de se modifier par absorption et transformation de matièresextérieures.
b) Le projet à l'½uvre dans le vivant
On peut aller plus loin et dire avec le biologiste Jacques Monod que les êtres vivants se distinguent de toutes lesautres structures par leur dessein et leur projet.Quel est ce projet ?Conserver l'intégrité et la totalité de leur structure et la reproduire.J.
Monod a baptisé téléonomie cette activité cohérente, orientée et constructive du vivant en vue de se conserveret de se reproduire.Il y a donc une certaine finalité à l'½uvre dans l'être vivant mais ne retombe-t-on pas ainsi dans l'idée d'une.
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