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Prendre son temps

Publié le 11/11/2023

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« Prendre son temps Dans le film Tenet paru en 2020, le réalisateur Christopher Nolan joue avec l’irréversibilité du temps ainsi que son écoulement en mélangeant passé, présent et futur.

En effet, dans ce thriller d’espionnage, les personnages ont la capacité d’utiliser une inversion du temps pour changer de temporalité et pouvoir exister à la fois dans le fois et dans le futur.

Les personnages principaux prennent donc dans ce film leur temps au sens propre du terme en ayant une prise de pouvoir sur celui-ci et en le contrôlant comme ils souhaitent.

Serait-il alors possible de prendre notre temps comme dans ce film ? Pour comprendre la notion de temps, il semble primordial dans une première mesure de s’intéresser au temps physique.

Le temps dans sa définition physique est une notion fondamentale qui régit l’Univers et qui s’écoule sans que rien ne puisse l’en empêcher.

Il est un écoulement continu universel et irréversible qui est extrinsèque à la volonté de l’Homme.

Toutefois, il est possible pour la perception humaine de se rendre compte des effets du temps et cela à travers l’observation du vieillissement des individus mais également en observant l’avancée des aiguilles d’une horloge (temps des pendules). Aristote, philosophe et penseur de la Grèce Antique sera un des premiers à définir la notion de temps, et il le théorisera comme un mouvement dans l’espace permettant à l’homme de découper le réel en la succession infinie d’instants (paradoxe de Zénon).

Mais afin de percevoir de façon plus concrète la notion de temps, l’Homme a eu besoin de se représenter son écoulement telle une grandeur quantifiable et de pouvoir le rapporter à d’autres éléments de mesure.

Ainsi, le temps comme nous le percevons est une donnée humaine qui se rapporte à notre expérience du monde comme l’observation de la rotation de la terre sur elle même (jour), la révolution de la terre autour du soleil (année) ainsi que les calendriers qui témoignent de l’écoulement du temps sur plusieurs années, voir plusieurs millénaires (calendrier cyclique Maya).

Grâce à ces représentations du temps et de son écoulement, les hommes ont pu définir trois formes primordiales du temps qui sont le passé, le présent et le futur.

Dans son oeuvre Confession, le théologien Saint Augustin affirmera que ces différentes formes du temps résultent du mouvement de celui-ci passant de vers ce qui a été, vers ce qui est, à vers ce qui sera « j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé, que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent ».

Malgré cette fatalité du temps qui s’écoule, ce sujet nous invite à nous intéresser sur le paradoxe de l’adage « prendre son temps ».

Même si de prime abord le temps semble être une donnée autonome à l’homme, il apparaitrait possible pour l’Homme de contrôler son temps et de pouvoir accélérer ou ralentir son écoulement.

L’être humain serait donc en la capacité de posséder son propre temps et de facto sa propre existence. L’expression française « prendre son temps » signifie dans le langage commun ne pas se presser et attendre aussi longtemps que nécéssaire, le moment favorable pour entreprendre quelque chose.

Le verbe d’action « prendre » semble donner ici un certain contrôle du temps à l’homme, car en le « prenant » celui-ci se l’approprie et se trouve libre de le ralentir pour pouvoir réaliser au moment opportun les actes qu’il souhaite.

«Prendre son temps » apparait également comme une philosophie de vivre dans la mesure et le calme, sans aucune précipitation.

Toutefois, le temps étant limité pour chaque être humain de par leur condition biologique, « prendre son temps » peut être synonyme de le perdre alors que l’Homme semble le posséder.

Même si ces deux visions semblent opposition, elle reflète tout de même un caractère de contrôle de l’homme sur son temps. Nous pouvons donc nous demander si l’Homme peut posséder le temps physique en tant que temps extrinsèque à toutes choses dans la mesure ou celui-ci est capable d’établir un contrôle sur son propre temps subjectif qui lui permet alors dans la mesure de la dualité de prise de son propre temps d’en obtenir un gain en tant que prise de conscience de la valeur du temps présent dans lequel il se trouve ou une perte certaine car il le laisse s’écouler sans pouvoir le récupérer ? Nous aborderons les raisons pour lesquelles le temps semble être une notion de prime abord extrinsèque à l’Homme et qui échappe à son contrôle et à sa volonté (I), puis le fait de prendre son temps est une façon de le gagner ou de le perdre (II) et in fine les raisons pour lesquelles l’Homme cherche à prendre son temps et quelles conséquences cela peut il lui apporter (III). Comme nous avons pu le constater, le temps est une notion physique complexe qui régit l’Univers et dont l’être humain cherche à se rendre possesseur.

La compréhension et la définition du temps sont des données fondamentales pour l’homme car celui-ci y est soumis sans pouvoir s’y soustraire et sans pouvoir en avoir un contrôle.

Le temps tel que nous nous le représentons est une donnée anthropologique et nous le percevons grâce aux effets de celui-ci sur notre monde.

Ainsi, l’Homme peut percevoir le temps en observant le vieillissement de ses congénères, mais cela sans pour autant avoir une prise de contrôle sur celui-ci.

Pour comprendre le temps, l’homme a tendance à se le représenter de façon linéaire telle une flèche dans un cadre du récit de son Histoire.

L’être humain est un animal historique, qui nécessite le besoin de représenter son existence au travers de frises chronologiques témoignant de son passage dans le temps.

Nous pouvons distinguer dans cette représentation temporelle, trois grande notions du temps qui sont le passé, le présent et le futur.

Nous pouvons donc nous questionner à partir de cette représentation du temps ou se situe l’Homme par rapport à celui-ci ? Dans son oeuvre Confession qui fût écrit en l’an V, le théologien et philosophe Saint Augustin définira le présent comme unique forme du temps dans lequel l’homme peut se mouvoir et exister.

Il est la seule forme du temps dans laquelle l’Homme peut exister, car il est impossible d’être dans le passé qui relate de la mémoire et il est impossible d’exister dans le futur car il s’agit de l’avenir « Il y a trois temps, le présent du passé, le présent du présent et le présent de l’avenir.

Car ce triple mode de présence existe dans l’esprit, je ne le vois pas ailleurs.

Le présent du passé, c’est la mémoire, le présent du présent est l’attention actuelle et le présent de l’avenir, c’est son attente ».

Le temps échappe donc de façon totale à l’homme et celui-ci ne peut l’attraper au sens propre du terme.

Toutefois, sa connaissance et sa compréhension permettent à l’Homme de mieux définir cette notion abstraite et de se situer dans le cadre temporelle afin de tendre à se l’approprier.

Cette compréhension du temps et de son écoulement à depuis toujours intéressé les penseurs, les mathématiciens et les physiciens.

Au début du XVII ème siècles, nous pouvons observer une émergence de la pensée de la mathématisation du temps chez de nombreux penseurs et astronomes qui est issue d’une pensée antique aristotélicienne.

Ainsi à travers cette pensée Galliléo-Newtonienne, le temps est défini de façon nouvelle et est perçu dans un cadre absolu et inaltérable. Selon le physicien du XVII ème siècles Isaac Newton, le temps et l’espace sont les données principales d’un cadre régalien dont l’ensemble des autres produits de lois leurs sont subordonnées.

Le temps newtonien est un concept de temps absolu en tout point de l’univers que le physicien introduit en 1687 dans son ouvrage Principia Mathematica.

Newton démontre l’existence de ce temps en constatant que toutes les horloges du monde indiquent la même heure de façon extrêmement précise et qu’elles le peuvent grâce au mouvement du temps.

La théorie du temps Newtonien sera toutefois fortement controversée et en 1905 le physicien Albert Einstein réfutera cette théorie en démontrant la théorie de la relativité générale du temps.

Einstein va alors redéfinir et reconstruire l’espace et le temps afin de former la notion couplée et indivisible d’espace-temps.

La relativité générale de l’espace-temps montre que les notions de temps et d’espace sont déformées en a présence de matière (phénomène de la gravité).

L’écoulement du temps n’est pas donc pas universel comme le pensait Newton et celui-ci diffère en fonction des masses gravitationnelles dans lequel il se trouve.

Dans le film Intersetellar paru en 2014 du réalisateur Christopher Nolan, le temps s’écoule plus ou moins vite en fonction de si les personnages se trouvent plus ou moins proche d’un trou noir qui est un phénomène quantique qui possède une masse gravitationnelle tellement importante qu’il est capable de déformer l’espace-temps.

Au vue de la physique quantique, le temps semble donc.... »

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