pouvoirs et contre-pouvoirs chez Montesquieu
Publié le 23/03/2015
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«
Textes commentés 49
Tous les citoyens doivent être représentés par les Chambres.
Mais
Montesquieu a toujours souligné,
au cœur de la société, l'existence « des rangs
et des différences
» ; selon lui, l'uniformité ne peut pas régner entre le peuple
et les nobles.
C'est pourquoi le Parlement -c'est-à-dire la puissance
législative -doit être composé, comme l'enseigne l'exemple anglais,
de deux
Chambres : une Chambre haute, où siègent les représentants de la noblesse que
distinguent la naissance, la richesse ou les honneurs ; une Chambre basse,
composée des députés
du peuple.
Chacune d'elles a, sans aucun doute, des
intérêts différents, ce qui explique que leurs délibérations
ne leur soient point
communes.
Mais, dans ce bicamérisme, l'essentiel n'est pas la distinction -encore
moins la
« séparation » -des assemblées car « toutes les parties, quelque
opposées qu'elles paraissent, concourent au bien général
de la société »
(Considérations sur les Romains, IX).
L'important est que, par leur
fonctionnalité, elles réalisent
l'équilibre de leurs compétences et de leurs
pouvoirs.
Leur coexistence
au sein de la puissance législative doit permettre,
par le libre jeu de leurs intérêts, voire
de leurs passions spécifiques, une auto
régulation et une harmonie qui naissent en quelque sorte de leurs dissonances
mêmes.
La question politique révèle en cela sa véritable nature : quand se pose
le
problème des pouvoirs en l'État, il ne s'agit pas de savoir comment les séparer
ou les diviser;
il s'agit d'obtenir que, grâce à l'auto-limitation qui en tempère
les forces respectives, ils aillent« de concert».
Cela est fondamental et répond
1 à la nature des choses : en politique comme dans l'univers tout entier, toutes les
parties sont
« éternellement liées par l'action des unes et la réaction des
autres» (Pensées, 657).
Donc, l'aménagement de la puissance législative
correspond à l'équilibre des pouvoirs et des contre-pouvoirs des deux
Chambres :
il faut que le corps des nobles « ait droit d'arrêter les entreprises du
peuple, comme le peuple a droit d'arrêter les leurs».
La faculté de statuer,
c'est-à-dire d'établir des règles législatives, et la/acuité d'empêcher, c'est-à
dire un droit
de veto qui arrête les dérives de la législation doivent se contreba
lancer
au sein de la puissance législative.
La liberté de tous les citoyens exige
cette
« balance » en quoi devrait s'exprimer, par leur contrôle mutuel, sinon
réciproque, la pondération des deux Chambres représentatives de la nation..
»
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