Pourquoi se cultiver ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
Le terme « cultiver » renvoie au domaine agraire, il désigne le traitement et l'exploitation d'un sol en vue d'en tirerdes produits de consommation.
Ce sens concorde avec l'étymologie latine : colere signifie mettre en valeur, d'abord bien sûr un champ mais pourquoi pas aussi l'esprit.
La culture agraire est la mise en valeur d'une terre qui devientféconde et produit plus que ce qu'elle n'aurait fait au départ, sans intervention de l'homme.
Il y a donc entre le solcultivé et celui qui ne l'est pas une différence de production qui est due à l'intervention humaine.
Dans le premiercas, l'agriculteur intervient pour semer ce qu'il veut récolter alors que dans une terre non cultivée, c'est le hasardde la nature qui fait pousser quelque chose.
Il y aurait donc chez l'homme une opposition entre nature et culture.On peut donner un deuxième sens au verbe « se cultiver ».
Quand on dit d'une personne qu'elle est cultivée, celaqualifie une sorte de raffinement de l'esprit.
Une personne cultivée a de nombreuses connaissances généralementdans le domaine de l'art et des questions intellectuelles.
Or, ces domaines sont précisément ceux qui sontconsidérés comme faisant partie du luxe, puisqu'elle ne réponde à aucun besoin matériel de l'homme.
De plus, laculture est comprise aussi comme manifestation d'une société donnée et est donc régie pas des influences et desnormes sociales.
Se cultiver, n'est-ce pas alors simplement vouloir briller en société ? Pourtant, si la cultures'oppose à une nature, quelle est la nature de l'homme ? N'est-il pas un être au départ démuni qui se doitd'évoluer ? Se cultiver n'est pas en définitif donner forme à notre être et ainsi réaliser la nature rationnelle del'homme ? La culture de soi n'est que raffinement et désir de société - L'action de se cultiver passe généralement pour être une curiosité envers les connaissances intellectuelles et unapprentissage des arts et des lettres.
Quelqu'un de cultivé connaît ainsi telle œuvre d'art ou tel auteur datant del'antiquité.
Se cultiver, c'est essayer d'apprendre un maximum de choses.
Pourtant, le domaine de la culturen'englobe pas dans le langage courant les techniques et les travaux manuels.
Nous ne parlons pas de culture quandune personne excelle dans la mécanique automobile, la menuiserie.
Le savoir concerné par la culture touche à unesorte d'art.
D'ailleurs, le ministère de la culture a pour mission de valoriser tout ce qui touche aux manifestationsartistiques et aux œuvre de l'esprit comme on les appelle.
Freud d'ailleurs fait une analyse de ce que nousrecouvrons sous le terme de culture : « Comme si nous voulions dénier la revendication que nous avons tout d'abordélevée, nous saluons aussi comme culturel ce que font les hommes quand nous voyons leur sollicitude se tournervers des choses qui ne sont pas du tout utiles et sembleraient plutôt inutiles, par ex.
quand les espaces aménagésen jardins, nécessaires dans une ville comme terrains de jeu et réserves d'air, portent aussi des plates-bandes defleurs, ou quand les fenêtres des demeures sont ornées de pots de fleurs.
Nous remarquons bientôt que l'inutile,dont nous attendons qu'il soit estimé par la culture, c'est la beauté ».
Or, ces domaines sont considérées par lepeuple mais aussi par certains philosophes comme inutile.
Notons que les matières que nous comprenons aujourd'huicomme faisant partie de la culture, étaient autrefois considérés comme des arts libéraux, c'est-à-dire qui n'avaientpas d'autres buts qu'eux-mêmes dans l'agrément qu'ils procuraient.
Pensons également que dans l'Antiquité, laculture était considérée comme un loisir, réservé aux hommes qui ne travaillaient pas.
Rousseau défend cette thèsedans son ouvrage intitulé Discours sur les sciences et les arts .
Il affirme en effet que : « Le luxe va rarement sans les sciences et les arts, et jamais ils ne vont sans lui.
» Or pour Rousseau, le luxe est néfaste et participe à ladissolution des mœurs.
Il entraîne les sociétés à oublier les vertus de base, nécessaires au bien vivre ensemble.- Mais pourquoi art et science sont-ils du côté du luxe ? Rappelons tout d'abord que la science à l'époque deRousseau n'est pas tout à fait la même que celle dont nous parlons aujourd'hui.
De nos jours, l'opinion considère lascience comme liée à la technique et à l'industrie.
Mais la science est avant tout une réflexion sur le fonctionnementdu monde et elle est selon Aristote liée à l'étonnement plus qu'à l'industrie et au besoin.
Nous n'avons pas besoinpar exemple de connaître le fonctionnement de notre galaxie.
Pour Aristote, toute recherche même scientifique estnée de l'étonnement et non de la nécessité.
Voici ce qu'il dit dans Métaphysique : « Et ce qui s'est passé en réalité en fournit la preuve : presque toutes les nécessités de la vie, et les choses qui intéressent son bien-être et sonagrément avaient reçu satisfaction, quand on commença à rechercher une discipline de ce genre.
Je conclus que,manifestement, nous n'avons en vue, dans notre recherche, aucun intérêt étranger » L'art et la réflexionintellectuelle apparaissent donc quand notre survie est assurée et ne vise aucunement à une utilité matérielle.
C'estaussi ce qu'affirmait Schopenhauer : « au contraire, les mains oisives font les têtes actives.
Les arts et les sciencessont eux-mêmes enfants du luxe, et ils lui paient leur dette.
» Il n'y aurait alors aucun besoin de se cultiver..
»
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