Devoir de Philosophie

Pourquoi parle-t-on de création à propos de l'activité artistique ?

Publié le 09/06/2013

Extrait du document

Introduction

La création est surgissement. Elle est aurore, naissance,  commencement sans précédent. Elle arrache l'être au néant. Comme le  disait très joliment Gaston Bachelard, « Le poète parle au seuil de l'être «  (La Poétique de l'espace). Seul parmi les hommes, l'artiste s'égale à Dieu ;  lui ne crée pas la matière, mais des formes. Mais au fait, pourquoi parlet-on de « création « à propos de l'activité artistique ? Pour répondre à cette question, nous devrons au préalable tenter de  définir le type d'activité de l'artiste par opposition au travail en général.  Se distingue-t-elle en tant qu'activité, ou bien par la nature des produits  qu'elle fabrique, ou encore par les deux ? D'autre part, en va-t-il du mot «  création « comme d'une appellation contrôlée sur laquelle veilleraient  jalousement les professions artistiques? N'y aurait-il aucun élément de  création dans les productions non artistiques ?

Plan :

I. Différences de l'activité artistique et du travail en  général.

II. La création : posture ou imposture?

« chemise, ou la vie.

En art non plus, on ne peut feindre.

Combien d'écrivains, de peintres, de musiciens ont ainsi créé au bord de la folie, comme Van Gogh, ou pressés par la mort, comme Schubert? Pour cette raison, l'activité artisti que ne peut être agréable sans que s'y mêle une souffrance plus ou moins ouverte, une peine aussi.

Le labeur peut parfois prendre la forme d'une contrainte : pensons à Flaubert, véritable forçat de la littérature, qui s'est imposé des années durant l'écrit ure de Madame Bovary comme un pensum. N'imaginons donc pas que l'activité artistique le cède à la facilité.

Sans être toujours cette contrainte que Flaubert s'imposait comme une punition, elle suppose une rigueur et une discipline de fer : discipline du co rps, comme dans la danse, mais aussi de l'esprit.

Il n'est que de voir la rigueur de la construction poétique classique, s'imposant des règles aussi strictes que celles du sonnet ou de la rime. Que reste -t-il donc de la définition de l'art par Kant? Le jeu est -il si différent que cela du métier? On peut tout d'abord conserver l'idée que l'activité artistique ne vise pas l' œuvre comme une fin séparée d'elle -même : voilà sans doute pourquoi le mot de création désigne tout aussi bien l'activité que le produit de l'activité.

En cela, elle mérite plus que toute autre son nom d'activité; elle relève en effet davantage de la classe de l'action que de celle de la production. « Tandis que la production, en effet, a une fin autre qu'elle -même, il n'en saurait être ain si pour l'action, la bonne pratique étant elle -même sa propre fin.

» (Aristote, Éthique à Nicomaque, VI, 5). En d'autres termes, on ne peut pas dire que le produit de l'activité artistique soit extérieur à l'activité elle -même, comme le couteau est le résu ltat extérieur, le but et aussi la seule raison d'être du travail du coutelier.

Même l'amour du travail bien fait n'a de sens, pour le compagnon, que par rapport à la perfection du produit fini.

On soutiendra au contraire, et à l'encontre de la glorificati on tapageuse de l'œuvre d'art, que l'artiste s'intéresse moins à l' œuvre qu'au travail lui - même.

Valéry (18711945) l'avait très bien vu : «Je confesse une fois de plus que le travail m'intéresse infiniment plus que le produit du travail.

» Voilà aussi pour quoi on peut mesurer l'élément de création d'une activité quelconque aux difficultés de son commencement — la fameuse angoisse de la page blanche — , mais surtout, au risque qu'elle court de son inachèvement.

La création est en perpétuelle attente de l' œuvr e.

« Le poète en fonction est une attente», disait Valéry.

Il ajoutait : «Un ouvrage meurt d'être achevé.

» Combien gardons -nous d'esquisses, de brouillons, de symphonies inachevées? Baudelaire disait, pour prendre la défense des toiles de Corot à qui on r eprochait une exécution sommaire : «Il y a une grande différence entre un morceau fait et un morceau fini.

» (Salons de 1845).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles