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Pourquoi les hommes s'intéressent-ils a leurs origines ?

Publié le 27/02/2005

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Montrer un tel intérêt pour ce questionnement des premiers commencements de la vie humaine sur terre est la preuve d'une ignorance préalable. L'homme ne se connait manifestement pas. Si tel était le cas, aucun besoin de chercher cette identité passée. Cet oubli fondamental de qui nous sommes, nombre de penseurs l'ont exprimé à leur manière. Ainsi celui que l'on considère ordinairement comme le père de la philosophie : Socrate. Celui-ci évoquait déjà l'idée que chacun de nous croit savoir. Mais par son questionnement méthodique, Socrate mettait en évidence les illusions de savoir des athéniens et dérangeait ainsi la tranquillité de leur vie ignorante. Selon lui, l'homme est toujours d'abord enfermé dans l'opinion, ce faux-semblant de savoir, derrière lequel il se cache pour mieux se rassurer. Cette ignorance est d'abord ignorance de soi-même, mais le premier pas du savoir étant alors de la reconnaître. C'est ainsi que Socrate se présentait comme « celui qui ne sait rien ». Son art d'accoucher les esprits - « la maïeutique » - était justement la méthode permettant d'accéder à un savoir originel, toujours d'abord oublié des hommes. L'objectif de Socrate, le ressouvenir du savoir et la vie juste, passait donc par l'« ironie » (du grec « eirôneia », qui signifie « interrogation ») des hommes et ce mot d'ordre qui fit sans doute naître notre intérêt particulier pour l'étude de nos racines : « Connais-toi toi même » (« Gnothi seauton »).

Il ne semble pas possible, pour les hommes, de considérer chaque réalité sans s'interroger sur son origine. Nul savoir humain sans qu'il soit accompagné de l'histoire de sa genèse. Est-ce à dire que cette spécifique faculté humaine de se détacher de l'immédiateté – instantanéité qui caractérise le monde animal – se traduit, outre l'imagination, par une volonté récurrente de tendre vers l'appropriation du temps passé ? Remonter ainsi le fil du temps, stopper la continuité temporelle est certes l'apanage indiscutable de l'espèce humaine. Cette attitude se radicalise d'ailleurs dès que l'homme s'interroge sur sa propre réalité. Au travers de domaines tels que l'histoire, les sciences, la philosophie, les religions, l'archéologie... l'intérêt pour cette volonté « généalogique « du savoir est ainsi continuellement marqué.

C'est bien cette véritable omniprésence de l'intérêt humain pour ses premiers pas – avec pour chaque domaine de savoir une compilation historique de la constitution de celui-ci (ex. : l'histoire des sciences, l'histoire de la philosophie, etc.) – qui pose ici question.

Poser ainsi la question de l'intérêt d'une telle recherche des origines, n'est-ce pas poser essentiellement la question fondamentale de l'identité humaine ?

Ne croyons-nous pas – ainsi que les sciences, la philosophie ou les religions ne cessent de l'affirmer – qu'une pensée éclairant l'avenir de l'humanité est celle-là même qui a, au préalable, saisi son identité originelle ?

 

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