Pourquoi le travail est-il considéré comme un droit ?
Publié le 03/08/2009
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Le travail est l’effet d’une nécessité. En effet, l’homme est soumis à des conditions de vie qui l’obligent à s’adapter et à travailler pour combler ses besoins. En ce sens, le travail relève d’un fait par rapport auquel l’homme n’a pas de liberté particulière. En ce sens, il paraît difficile de comprendre en quoi le travail serait un droit, s’il ne répond pas à une liberté mais à une nécessité. En ce sens l’idée que le travail soit considéré comme un droit paraît indiquer la stabilisation juridique d’un rapport de force naturel, dans lequel on fait passer pour objet d’un choix ce qui est en réalité le fruit d’une contrainte. La raison d’une telle considération du travail peut alors relever d’un subterfuge idéologique qui transforme la contrainte sociale du travail en illusion de liberté, ceci au profit d’une classe dominante qui peut alors se consacrer aux loisirs.
Néanmoins, le droit a pour fonction d’assurer la coexistence des libertés, donc l’existence de chacun des individus, dans une sphère sociale organisée. Dès lors, si le travail n’est pas considéré comme un droit à (ce qui est exigible des autres membres de la communauté), et non plus simplement un droit de (ce qu’il m’est permis de faire), c’est mon droit à vivre qui est susceptible d’être remis en question. En effet, la société se doit de préserver les trois droits fondamentaux que sont la conservation de soi à travers la sécurité et la propriété. Or le travail est le moyen d’acquérir la propriété, donc d’assurer sa sécurité, et partant, sa conservation. Considérer le travail comme un droit revient alors à assurer un droit à l’existence.
La question la plus profonde porte donc sur le statut de l’existence humaine : est-elle essentiellement loisir, auquel cas considérer le travail comme un droit n’est que le fruit d’une idéologie particulière, ou bien est-elle constituée par le travail, auquel cas considérer le travail comme un droit n’est rien d’autre que reconnaître un droit d’exister, lequel impliquant des obligations réciproques.
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juridique du droit de propriété et du droit au travail, deux notions essentiellement idéologiques, quiconstituent une partie de la super structure de la société manifestant une économie déterminée.
En réalité,le bénéficiaire est le propriétaire des moyens du travail, qui peut s'enrichir sans avoir lui-même à travailler. - Deux enjeux se dégagent alors de cette première analyse.
Le premier relève le fait qu'un droit au travail qui ne précise pas son contenu, et qui se contente de donner un droit au travail salarié, est indirectementune légitimation du prélèvement de la plus-value engendrée par le travail au profit de celui qui possède lesmoyens du travail (usines, machines etc.).
Mais ne peut-on pas envisager que le droit au travail soit un droitau moyens de production, et non simplement un droit à l'exercice de sa force de travail ? - Le second enjeu porte sur la valeur du travail lui-même.
Si le travail produit une valeur, alors est-il vraiment contraire à notre nature ? N'est-il pas au contraire le moyen de réalisation de notre humanité ? II- Mais on peut comprendre le droit au travail comme un droit à l'accès au moyen de production et passeulement comme un droit au travail salarié.
- Si l'on suit l'analyse de Marx dans le Capital , il ressort que le travail salarié repose sur la séparation de la force de production ou travail (l'ouvrier) et du moyen de production (les machines).
Les secondes étant lapropriété du bourgeois (définit comme celui qui possède les moyens de production), l'ouvrier, qui ne possèdeque sa force de travail, la vend pour un salaire.
En ce sens, l'exercice de sa force est dépendant dupropriétaire capitaliste.
Mais, comme l'explique Marx, le capitaliste a tout intérêt à payer le salaire le plusbas, pour récupérer le maximum de plus value sur le produit fabriqué.
Pour cela, il lui faut conserver uneconcurrence entre les ouvriers afin de baisser les salaires, donc organiser l'inactivité d'un certain nombred'individu.
Le droit au travail salarié paraît donc en un premier temps s'opposer à cette possibilité et doncprotéger l'ouvrier.
Dès lors, l'Etat doit fournir à chacun de ses citoyens les moyens de son existence, donc enpremier lieu la possibilité de travailler. - Mais comment réaliser ce doit, si ce n'est en donnant à chaque travailleur l'accès aux moyens de production ? C'est la solution communiste qui semble alors la plus recevable.
En établissant la propriétécollective des moyens de production (et non, bien sûr, des produits), on abolit la séparation de la force deproduction et du moyen de production, ce qui donne à chacun un droit égal à l'exercice de sa force. - On peut alors ici justifie le droit au travail dans la mesure où il a pour instauration concrète, ou pour contenu précis, le droit à l'accès aux moyens de production.
En ce sens, il ne s'agit plus seulement d'affirmerun droit à un travail salarié, droit qui reste encore emprunt d'idéologie capitaliste, mais d'articuler ce droit àun droit à récupérer le fruit de son travail, à savoir la plus-value. - Reste alors la question de savoir en quoi le travail peut alors être humanisant. III- On considère le travail comme un droit parce que le travail est l'essence de l'homme, et que tout droitse fonde sur cette essence.
- La critique grecque du travail qui l'associe à la servitude ne permet pas de mettre à jour ce que permet cet asservissement à la nécessité : la libération de l'homme.
C'est ce que montre Hegel dans laPhénoménologie , à travers la formule de « dialectique du maître et de l'esclave ».
En effet, l'esclave qui travaille pour un maître est asservi à sa nature, d'abord définie comme instinct de conservation.
Il travailleparce qu'il a peur de la mort, le maître le menaçant.
Mais l'activité du travail transforme le travailleur, qui doitse maîtriser lui-même pour réaliser les différentes tâches et dominer la nature.
Cet apprentissage de lamaîtrise de soi se réaliser alors dans une lutte contre ses propres instincts naturels, pour s'appliquer au plusprofond de ces instincts : l'instinct de survie.
Une fois cet instinct maîtrisé, l'esclave est prêt à mourir poursa liberté.
Il n'est alors plus défini à partir de son instinct de conservation mais au contraire à partir de sacapacité à mourir pour se libérer.
Le travail modifie donc la nature de l'individu et construit son humanitélibre.
Un droit au travail est donc un droit à s'humaniser.
Précisons alors que le travail humanisant n'est pascompatible avec le travail salarié tel que le décrit Marx, où le salaire ne permet que de reconstituer sa forcede travail. - Enfin, de manière plus générale, le droit a pour vocation d'organiser la coexistence pacifique des libertés humaines, et il constitue donc un système d'obligations réciproques.
En ce sens, le droit au travail neconcerne pas que la nature de l'homme, la possibilité de sa liberté, mais aussi son existence, c'est-à-dire lapossibilité de sa conservation.
En effet, ne pas pouvoir travailler revient alors à ne pas pouvoir s'assurer decombler ses besoins.
Ceci impose alors à l'Etat, instauré pour la conservation des individus qui le composent,l'obligation de fournir un travail aux citoyens qui en sont dépourvus. Conclusion Il faut donc admettre que l'on considère le travail comme un droit en raison de la nature humaine et en raison de lacondition humaine.
Le travail est en effet la seule possibilité pour l'homme de se libérer de sa naturalité et de sesinstincts.
En outre, il est le moyen de conserver sa vie en répondant aux besoins non satisfaits par unenvironnement hostile.
Concernant la seconde justification, on peut cependant remarquer qu'elle n'est pas par elle-même suffisante.
En effet, on pourrait supposer qu'elle implique simplement un droit à vivre, matérialisé par unminimum (ex.
RMI).
Concrétiser ce droit à vivre par un droit au travail implique donc une certaine conception de lanature humaine comme constituée par le travail.
Enfin, on remarquera en dernier lieu la limite de ce droit au travail sion entend par là simplement droit à un travail salarié.
Dans sa plus profonde signification, considérer le travailcomme un droit, c'est renoncer à la séparation de la force de production et du moyen de production..
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