Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas fait disparaître les religions ?
Publié le 11/08/2004
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Connaissance scientifique et croyance religieuse ne se situent pas sur le même terrain Il faut enfin se demander si la science peut véritablement avoir un impact sur la croyance religieuse. En effet, les deux pratiques ne situent pas sur un même plan. Il est habituel de dire que la science est l'oeuvre de la raison et de l'entendement, qu'elle se fonde sur un raisonnement logique qui enchaîne les arguments de manière déductive ou inductive. De plus, la science est de l'ordre de la vérité démontrable. Or, il en est pas de même pour la croyance religieuse. Le dieu de la religion, comme soulignait Pascal, n'est pas le Dieu abstrait des philosophes, c'est "un dieu sensible au coeur". Pour lui, la foi relève de l'ordre de la grâce; le moyen de la croyance est alors le "coeur". " Voilà ce qu'est la foi, Dieu sensible au coeur et non à la raison."( Pensées). Saint Thomas d'Aquin affirme de même que la raison, en tant que principe de connaissance ne peut atteindre dieu et n'être d'aucun secours à la connaissance divine : "en partant des réalités sensibles, notre intellect ne peut pas parvenir à la vision de l'essence divine.
- Parties du programme abordées :
- Théorie et expérience. - La religion.
- Analyse du Sujet : Pourquoi la marche en avant de la science n'a-t-elle pas fait disparaître les croyances religieuses, soit que celles-ci soient sans fondement, soit qu'elles soient fondées sur autre chose que la seule raison ?
- Conseils pratiques : Un beau sujet classique sur les rapports de la science et de la religion. Réfléchissez de manière personnelle sur les limites du progrès scientifique. Montrez comment la mort ou l'irrationnel de notre existence peuvent laisser subsister des croyances qui ne se fondent pas sur la seule raison.
- Bibliographie :
Feuerbach, L'essence du christianisme, Maspéro. Marx, Critique de la philosophie du droit de Hegel, Éditions sociales. Durkheim, Les formes élémentaires de la vie religieuse, PUF. Bergson, Les deux sources de la morale et de la religion, PUF. Gauchet, Le désenchantement du monde, Gallimard.
- Difficulté du sujet :**
- Nature du sujet : classique
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Les croyances religieuses ont pour cause l'ignorance des hommes
Les premières religieuses se sont constituées sur l'explication de la création du monde.
En effet, les hommes,ignorants des causes présentent derrière chaque effet, en sont venus à imaginer des Dieux derrière chaque chose.Vico explique ainsi le début de la religion : les bestioni (ancêtres des hommes) ont été effrayés par la foudre qu'ils n'avaient jamais vu.
Ils ont imaginé qu'une puissance supérieure se trouvait derrière cette manifestation et ontinventé des rites religieux pour pouvoir contenter cette puissance.
Si donc les sentiments religieux s'enracinent dans l'ignorance des causes, le progrès scientifique en expliquantprogressivement tous les phénomènes de la planète devrait presque mécaniquement faire reculer les croyancesreligieuses.
La science avec sa tendance à nier tout être transcendant pour expliquer le monde, tend à chassertoute transcendance du monde pour arriver à un pur matérialisme.
Ainsi, pour Epicure, Une des premières caused'angoisse chez les humains est, selon Epicure, l'inquiétude religieuse et la superstition.
Bien des hommes viventdans la crainte des dieux.
Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pas aux dieux, que ceux-ci jugentleurs actes immoraux ou offensants envers leurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, enles écrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.
Ils pensent aussi qu'il faut rendre un cultescrupuleux à ces divinités, leur adresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de se concilier leursbonnes grâces.
Car les dieux sont susceptibles, se vexent pour un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur dessimples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.
Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sontque des superstitions et des fariboles pour Epicure.Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissancemétaphysique, cad une science de la totalité du monde.
Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses estla matière, que tout ce qui existe est matériel.
Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tousles phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant demécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.
Parexemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeancedivine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes àvotre devenir.
C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explicationspossibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause duphénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.
C'est en effet cela seul qui importeà notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses.
Il faut voir que c'est aussi l'impuissance pratique de l'homme qui est à la base des pratiques et des rites religieux.
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Ils'agit en effet d'attribuer une efficacité à certaines pratiques pour se protéger de l'avenir., prier pour assurer sasurvie et le bonheur des siens.
Ainsi, par la maîtrise qu'elle donne sur le monde, la science permet d'agirefficacement sur les phénomènes et de montrer que les pratiques et les rites n'ont aucun effet sur le monde.
La science ne peut pourtant pas expliquer la totalité de la réalité
Si les croyances viennent d'un besoin d'explication des causes et d'une inquiétude face aux phénomènesincompréhensibles, la science ne peut prétendre tout expliquer et ne pas admettre une part d'irrationalité revient àlaisser une grande partie de la réalité de côté.
Il faut comprendre dans un premier temps que le savoir scientifique est fragmentaire, divisé et provisoire( unethéorie scientifique n'est pas éternellement vraie, voir Popper).
Il ne permet plus d'avoir une compréhension et unevision globale du monde.
Or les gens ont besoin d'avoir une vue complète du monde, d'obtenir plus de réponses pourêtre bien.
C'est pourquoi les croyances religieuses permettent alors une plus grande maîtrise et évitent l'anxiétépermanente à l'homme.
De plus, la science, si elle explique le fonctionnement et les lois qui régissent les phénomènes, elle ne répond pasaux questions existentielles de l'homme, elle ne donne aucun sens et ne s'interroge pas sur le sens du monde.
Nousne saurons ainsi jamais par la science quelle conduite l'homme dans adopter dans l'existence, pourquoi la vieexiste,...
Enfin même si les progrès de la science sont infinis, ils ne pourront jamais vaincre la principale source de peur deshumains, à savoir sa mort.
Or les religions et toutes sortes de croyances se basent sur la finitude même de l'homme.(La vie après la mort, la réincarnation,...)
La science, en qu'elle ne permet pas totalement de prévoir et de maîtriser l'avenir, mais aussi pas qu'elle ne vaincpas la finitude humaine, laissera toujours place aux croyances, qui sont là pour rassurer l'homme quant à sadestinée..
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