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Pourquoi le progrès scientifique n'a-t-il pas fait disparaître la superstition ?

Publié le 27/02/2005

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Il s'agit en effet d'attribuer une efficacité à certaines pratiques pour se protéger de l'avenir. Ainsi, par la maîtrise qu'elle donne sur le monde, la science permet d'agir efficacement sur les phénomènes. Les applications de la science doivent a priori monter la supériorité de la science sur les pratiques superstitieuses.   II La science ne permet pas d'expliquer la totalité de la réalité humaine Si les croyances superstitieuses naissent d'un besoin d'explication, la science ne peut prétendre tout expliquer et ne pas admettre une part d'irrationalité revient à laisser une grande partie de la réalité de côté. En effet, le savoir scientifique est fragmentaire, divisé et provisoire( une théorie scientifique n'est pas éternellement vraie, voir Popper). Il ne peut délivrer ni de réponses aux question sur le sens de la vie, ni sur le déroulement du futur. Or d'une part, les gens ont besoin d'avoir une vue complète du monde, d'obtenir plus de réponses pour être bien. Les superstitions permettent alors une plus grande maîtrise et évitent l'anxiété permanente à l'homme. Pour Spinoza, les hommes ont tendance à penser le cours des choses suivant leur propre projet. Ainsi "si la fortune leur était toujours favorable, ils ne seraient jamais prisonniers de la superstition.

La superstition est définit comme "un sentiment de vénération religieuse, fondé sur la crainte ou l'ignorance, par lequel on est souvent porté à se former de faux devoirs et à mettre sa confiance dans des choses impuissantes."  Dès les débuts de la philosophie, une ligne de partage se crée entre superstition et science. C'est une thématique majeure dans la philosophie des Lumières.

Le progrès scientifique lui se définit comme une accumulation de savoirs, une modification qui constitue par rapport à l'état précédent un véritable "plus", une amélioration. La science en donnant une explication du monde devrait faire reculer les superstition. Mais, il est indéniable qu'à notre époque subsistent beaucoup de pratiques superstitieuses . En effet, la science peut-elle tout expliquer? Permet-elle une connaissance durable et complète? Permet-elle surtout de dissiper la crainte, les affects à l'origine de la superstition?

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« Si les hommes pouvaient régler toutes leurs affaires suivant un desseinarrêté ou encore si la fortune leur était toujours favorable, ils neseraient jamais prisonniers de la superstition.

Mais souvent réduits àune extrémité telle qu'ils ne savent plus que résoudre, et condamnés,par leur désir sans mesure des biens incertains de fortune, à flotterpresque sans répit entre l'espérance et la crainte, ils ont trèsnaturellement l'âme encline à la plus extrême crédulité ; est-elle dansle doute, la plus légère impulsion la fait pencher dans un sens ou dansl'autre, et sa mobilité s'accroît encore quand elle est suspendue entrela crainte et l'espoir, tandis qu'à ses moments d'assurance elle seremplit de jactance et s'enfle d'orgueil.

Cela, j'estime que nul nel'ignore, tout en croyant que la plupart s'ignorent eux-mêmes.Personne en effet n'a vécu parmi les hommes sans avoir observéqu'aux jours de prospérité presque tous, si grande que soit leurinexpérience, sont pleins de sagesse, à ce point qu'on leur fait injure ense permettant de leur donner un conseil ; que dans l'adversité, parcontre, ils ne savent plus où se tourner, demandent en suppliantconseil à tous et sont prêts à suivre tout avis qu'on leur donnera,quelque inepte, absurde ou inefficace qu'il puisse être.

On remarque enoutre que les plus légers motifs leur suffisent pour espérer un retour de fortune, ou retomber dans les pires craintes.

Si, en effet, pendant qu'ils sont dans l'état de crainte, il seproduit un incident qui leur rappelle un bien ou un mal passés, ils pensent que c'est l'annonce d'une issueheureuse ou malheureuse et pour cette raison, bien que cent fois trompés, l'appellent un présagefavorable ou funeste.

SPINOZA L'idée générale du texte. Spinoza s'attache à faire le lien entre la superstition et la situation existentielle qu'elle exprime et traduit. La construction du texte. • La première phrase énonce la thèse du texte, sous forme négative : la superstition n'existerait pas chez leshommes s'ils pouvaient maîtriser leur vie.• Les deux phrases suivantes décrivent ce qu'est la situation courante des hommes : fluctuation entre espérance etcrainte, crédulité extrême, du fait de l'incertitude de l'existence.• Les phrases suivantes (« Personne en effet [...] un présage favorable ou funeste.

») rendent compte de lagénéalogie de la superstition en opposant les caractéristiques des moments d'incertitude et celles des moments de «prospérité ».

Spinoza insiste particulièrement, à la fin du texte, sur l'irrationalité des représentations humaines enpériode d'adversité et partant de crainte. III Science et superstition ne se situent pas sur le même terrain La science est l'oeuvre de la raison et de l'entendement, alors que la superstition prend naissance dans l'affective,c'est-à-dire dans les craintes et les espoirs. La racine de la superstition est la peur.

En effet, dès que les hommes sont dans l'adversité, il leur fait se rassurer.Spinoza dit à ce propos :" si, pendant qu'ils sont dans l'état de crainte, il se produit un événement qui leur rappelleun événement qui leur rappelle un bien ou un mal passés, ils pensent que c'est l'annonce d'une issue heureuse oumalheureuse." Toujours, pour Spinoza, "rien de ce qu'a de positif une idée fausse n'est supprimé par la présence du vrai." Pour lui,la raison ne peut combattre un affect, donc la vérité scientifique ne peut combattre la superstition. Ainsi, pour Freud, le superstitieux est celui qui "croit qu'une événement à la production duquel la vie psychique n'apas pris part [ est] capable d'apprendre des choses cachées concernant l'état à venir de la réalité." ( L'avenir d'une illusion). »

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