Pourquoi faire son devoir ?
Publié le 23/03/2014
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Faut-il faire son devoir ? Dissertation de philosophie Robert Merle, écrivain français du XX° siècle, retrace la biographie de Rudolf Höss, officier SS durant la seconde Guerre Mondiale, commandant du camp d'Auschwitz et acteur important de l'extermination des Juifs d'Europe dans « La Mort est mon métier » (1952). Ce livre donne l'impression que Rudolf Höss n'est ni un meurtrier ni un bourreau sanguinaire, mais plutôt un simple fonctionnaire qui n'a fait que son travail. La célèbre philosophe juive allemande Hannah Arendt soulignera le même problème philosophique, qu'elle nommera la « banalité du mal », dans « Eichmann à Jérusalem », compte rendu du procès d'Adolf Eichmann, autre responsable important dans l'organisation de la Shoah. Höss et Eichmann ont, durant leurs procès respectifs, jamais cesser de répéter qu'ils n'avaient fait que leur devoir de serviteurs du Reich et de l'Allemagne, qu'ils n'ont fait qu'obéir aux ordres. Ils ont été confrontés à l'incompréhension de leurs juges et de l'opinion publique, pour qui au contraire, faire son devoir aurait été de ne pas le faire. Et effectivement, il aurait sans doute été moral d'agir ainsi, pour ne pas participer à l'assassinait de tant de personnes. La seconde Guerre Mondiale fait partie de ces époques troublées pendant lesquelles il est très difficile de savoir où se situe son devoir, quel est-il vraiment. On se pose alors naturellement la question : faut-il faire son devoir ? On distinguera ici 'le' devoir, comme obligation morale valant absolument et sans condition, susceptible d'être exigé de tout être raisonnable, et 'les' devoirs, comme obligations sociales, liées à une charge, une profession ou un statut, qui n'ont qu'une valeur conditionnelle et ne peuvent être universels. La question 'Faut-il faire son devoir ?' est féconde et intéressante, mais cependant très imprécise formulée de cette manière, car elle présupposerait que chacun puisse discerner et faire son devoir d'une part, parce qu'elle tend à faire croire que le sens du terme « devoir » est univoque et évident d'autre part. Or, comment connaît-on notre devoir ? Peut-on réellement l'accomplir ? Ne serait-il pas qu'une illusion ? La réponse à la question posée ne va donc pas de soi. Elle ouvre un problème que nous pouvons résumer ainsi : le devoir est un 'concept' omniprésent dans nos sociétés, mais ne serait-il pas une illusion imposée par les autres, un prétexte pour élaborer et suivre des règles de vie ? Lorsque nous nous demandons ce qu'est le devoir, c'est à l'action morale que l'on pense en premier. Mais fait-on son devoir parce que c'est une action morale ? Ce sera notre première question. Nous nous demanderons par la suite si la notion de devoir est individuelle. Ne faisons-nous pas notre devoir parce qu'on a été conditionné à le faire ? Enfin, nous nous demanderons si les 'autres' ne seraient pas un frein à la réalisation d'une action à caractère moral. Si, en toute logique, on accomplit son dev...
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