Pourquoi écrivons-nous ?
Publié le 30/12/2005
Extrait du document
Depuis sa condamnation dans le Phèdre, le problème de l’écriture a été comme évincé de la réflexion de la philosophie. La philosophie elle-même, comme métaphysique, s’est en partie construite sur cette dénégation et cet oubli. Dans le cadre de la pensée ésotérique de différentes écoles, il existait certes des doctrines relatives à ce qui peut s’écrire et ce qui ne doit l’être ; mais c’est seulement avec Derrida (et la déconstruction) que se pose à nouveau frais le problème de l’écriture par l’interrogation du sens et de la pertinence de la condamnation platonicienne.
Ainsi en est-il du thème de cet énoncé : se proposant de réfléchir sur le statu de l’écriture, et on ne peut que constater son évidence et son omniprésence, il s’agit d’en déterminer la fonction.
Mais le “ pourquoi ” de l’énoncé ne se réduit pas à sa dimension fonctionnelle. Il est en effet possible de faire varier son sens afin d’éclairer la pertinence d’une telle problématique. Le “ pourquoi ” peut ici se décliner selon trois modes principaux : en termes de causalité (qu’est-ce qui fait que nous écrivons ?) ; de raison au sens de justification (pour quoi écrivons-nous, en vue de quoi ?) ; enfin relativement à la valeur (où il s’agit d’interroger l’identité du “ nous ” qui écrit).