Pourquoi ce qui est laid dans la vie ou dans la nature peut devenir beau dans une oeuvre d'art ?
Publié le 12/03/2009
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Pourquoi ce qui est laid dans la vie ou dans la nature peut devenir beau dans une oeuvre d'art ?
Par laid, nous entendons ce qui est juge comme déplaisant par celui qui regarde l’objet ainsi qualifie. Le laid est donc un jugement sur une chose ou un être, qualifie de manière négative parce qu’il provoque un sentiment de répugnance chez celui qui se rapporte a lui.
Lorsque nous parlons de quelque chose de laid dans la vie, nous employons le terme « laid « dans un sens plus métaphorique que concret. En effet, quelque chose de laid dans la vie est quelque chose qui provoque en nous un sentiment de répugnance morale, le sentiment que ce à quoi nous assistons est contraire à ce que nous jugeons juste et décent. En revanche, lorsque nous parlons de quelque chose de laid dans la nature, c’est davantage à la notion de difformité que nous nous rapportons. En effet, une définition possible de la laideur est celle de disharmonie, par contraste avec le beau qui est susceptible d’être considéré comme un synonyme d’harmonie. Par conséquent, être laid dans la nature signifie provoquer un sentiment de disharmonie, de rupture avec les lois de la symétrie qui peut être ressentie comme quelque chose de disgracieux, déplaisant.
Le beau peut se définir comme ce qui, dans un être ou un objet, est susceptible de procurer un sentiment de plaisir à celui qui le contemple.
Une œuvre d’art est le produit de cette activité singulière que l’on nomme l’art, et qui comprend en vérité deux dimensions distinctes. Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau. Aujourd’hui, par art nous entendons plutôt une activité créatrice gratuite, mais sérieuse, qui représente dans des œuvres un état de la sensibilité et de la pensée d’une époque, en s’opposant à la fois à la disgrâce qui frappe les activités techniques utilitaires, jugées serviles, et à la futilité des activités ludiques vouées au divertissement. Ni labeur, ni distraction, l’œuvre d’art incarne et suggère un sentiment de la vie.
Lorsque nous demandons pourquoi ce qui est laid dans la vie ou dans la nature peut devenir beau dans une œuvre d’art, nous interrogeons le pouvoir transfigurateur de l’art, à savoir la capacité de l’art à transfigurer, rendre différent, et davantage esthétique, ce qui ne le serait pas sans son intervention. Mais une telle question est cependant soumise a controverse, dans la mesure où elle présupposé que ce pouvoir transfigurateur est bel et bien détenu par l’art, ce qui n’est nullement certain : ce qui est laid peut le demeurer en toutes circonstances, et l’art peut fort bien choisir ses sujets en fonction de leur seule beauté intrinsèque.
La question au centre de notre travail sera donc de déterminer si l’art possède bel et bien un pouvoir transfigurateur.
«
ceci au jugement logique qu'on peut le supposer valable pour chacun.
(...) Il s'ensuit que la prétention deposséder une valeur pour tous doit être liée au jugement de goût et à la conscience d'être dégagé de toutintérêt, sans que cette prétention dépende d'une universalité fondée objectivement ; en d'autres termes, laprétention à une universalité subjective doit être liée au jugement de goût ».
A la lumière de l'analyse Kantienne, nous dirons que le beau est universel, car il tient à des critères objectifsidentifiables.
Pour nous en convaincre, nous pouvons voir que la dissymétrie (d'un visage, ou d'un animal, etc.) estsouvent cause de laideur.
Nous pouvons donc en conclure que la symétrie est un critère de beauté.
Par ailleurs,nous pouvons également constater que, dans le domaine de la musique, l'harmonie entre plusieurs notes correspondà des rapports mathématiques réguliers (des équations) entre les fréquences des sons.
Il y aurait donc, à la base duplaisir musical, un calcul inconscient, fondé sur des critères objectifs.
Par conséquent, nous pouvons dire que lebeau est universel, car il est le sentiment subjectif, éprouvé par une conscience particulière, d'une harmonie qui esten elle-même objective.
De même, le laid est universel, car il est l'envers du beau, il est cette disharmonie que lebeau n'est précisément pas.
Ce qui est laid dans la nature ou la vie ne saurait donc être beau lorsqu'il fait l'objetd'une représentation artistique, dans la mesure ou sa laideur n'est pas qu'un jugement subjectif, susceptible d'êtretourné, modifié.
Sa laideur est au contraire une caractéristique majeure, définitive et essentielle, que l'art ne sauraitfaire disparaitre.
L'art choisit ses sujets et moyens d'expression pour se garder du laid b.
Allant plus loin, nous pouvons dire que l'art ne saurait d'autant moins faire d'une chose laide dans la nature ou la viequelque chose de beau que le laid est soigneusement évité par les artistes.
Nous développerons ce dernier point enmontrant que pratiquer un genre artistique revient nécessairement à respecter les règles qui le déterminent.
Parexemple, toute la littérature de l'âge classique a révéré l'héritage d'Aristote et d'Horace, qui avaient édicté desrègles définissant une pratique adéquate du théâtre relativement à l'effet qu'il lui appartient de produire.
Le theatreest un espace artistique réglé ou la décence est notamment de mise dans l'esthétique classique, le langage vulgaireétant banni pour la noblesse de l'alexandrin.
Par conséquent, nous pouvons dire que ce qui est laid dans la vie ou lanature ne saurait devenir beau dans l'art, car il ne saurait franchir les portes de l'art.
L'art est précisément ce quibanni le laid, ne fait entrer dans ses murs que ce qui est déjà considéré comme beau, comme modèle, sourced'inspiration ou moyen d'expression.
II.
L'art a bel et bien un pouvoir transfigurateur de la laideur en beauté
L'art permet une mise a distance de l'objet qui en attenue la laideur a.
Cependant, nous ne pouvons en rester à une semblable thèse.
En effet, le laid n'est pas si universel qu'il y parait, sidéfinitif et absolu, dans la mesure où l'art est précisément capable de faire envisager ce qui est juge comme laidsous un jour nouveau, inédit.
Allant plus loin, nous pouvons dire que le processus de transfiguration du monde parl'art est la preuve de la singularité de la beauté, c'est-à-dire de son impossible universalité.
Prenons l'exemple de« Une charogne » de Baudelaire, poème des Fleurs du mal qui s'efforce d'exprimer la beauté d'un spectacle purement hideux.
S'il est possible de trouver belle une chose qui ne l'est pas en elle-même, c'est donc que la beautén'est pas universelle, enclose dans un objet que tous les hommes jugeront beaux de la même manière, mais qu'elleest le résultat d'une activité de l'esprit.
On dira donc que le laid dans la nature ou la vie peut cesser d'êtreconsidère comme tel lorsqu'il est approché par l'art, dans la mesure ou il n'est plus regarde du même point de vue.L'art permet en effet d'instaurer une distance entre l'objet et le sujet, un écart qui est celui de la mise en formeartistique qui vient se substituer à la confrontation directe de l'individu avec un spectacle hideux dans l'ordre de lanature ou de la vie.
L'art retrouve l'harmonie cachée des êtres et des situations qualifiées de laides b.
Mais nous pouvons énoncer un autre argument en faveur de la capacité de l'art à transformer le laid dans la vie etla nature en beau : parce que l'art permet de retrouver l'harmonie cachée des êtres et des situations.
En effet,l'artiste est celui qui a un pouvoir d'observation du réel bien supérieur a celui du commun des mortels.
Alors que ces.
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