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Pour être tolérant, c'est-à-dire pour respecter le jugement d'autrui, faut-il nécessairement être indifférent ou douter de tout ?

Publié le 27/02/2008

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On pourra alors envisager la tolérance comme le respect d?autrui en tant que devoir moral devant valoir pour lui-même.               1° La tolérance comme résultat du scepticisme ou de l?indifférence   -          la perspective sceptique, telle qu?elle est défendue notamment par les sceptiques de l?antiquité, comme Pyrrhon, est une manière de fonder la tolérance, à partir de l?idée que nous ne pouvons jamais être certains d?atteindre la vérité. La sagesse consiste alors dans la suspension du jugement et le refus du dogmatisme. On comprend comment dans cette perspective la tolérance est possible : si je n?affirme pas un jugement en le croyant vrai à l?exclusion de tout autre, je peux accepter le jugement d?autrui au même titre que le mien, c?est-à-dire en lui conférant une valeur relative, et non dogmatique. -          Dans la perspective stoïcienne, le respect du jugement d?autrui provient non pas d?un scepticisme en matière de vérité, mais de l?idée que la seule chose qui dépend de moi est l?usage de mes propres représentations et mon exercice à la sagesse. Si autrui soutient un jugement qui me semble faux ou immoral, je dois l?accepter car autrui ne dépend pas de moi, c?est à lui de diriger son jugement, il ne m?appartient ni de le corriger, ni de le critiquer, mais de le tolérer avec bienveillance. Le fait que je pense avoir raison ne m?en empêche pas, car c?est pour mon propre compte que je cherche la vérité, les opinions d?autrui ne sont pas dans ma sphère d?action, je dois les accepter comme je dois accepter tous les événements extérieurs qui ne dépendent pas de moi.               2° La tolérance fondée sur le dialogue avec autrui               Cependant, ne semble t-il pas que l?on puisse résoudre le problème de la tolérance, à savoir qu?il est difficile à la fois d?être convaincu de la vérité de mon propre jugement et d?accepter celui d?autrui, autrement que par le doute ou l?indifférence ? Il semble que l?on puisse inverser le problème, si l?on soutient que je ne peux accéder à une vérité, et donc à la croyance que mon jugement est vrai, qu?en l?ayant confronté au jugement d?autrui. Cette idée est au fondement même des dialogues socratiques tels que Platon les met en scène.

« Scepticisme : « Au sens le plus large, doctrine d'après laquelle l'esprit humain ne peut atteindre avec certitude aucune vérité d'ordre général et spéculatif , ni même l'assu­ rance qu'une proposition de ce genre est plus probable qu'une autre.

» (Les mo"ts mis en relief (en italique) le sont par nous.) • Tolérance .

Ce terme a été créé au XVIe siècle lors des guerres de Reli­ gion : les catholiques ont fini par tolérer les protestants et vice versa.

On voit ici qu'à l'origine la tolér ance constituait une sorte de « pis-aller », une attitude consistant à supporter l'expres­ sion d'idées que l'on appréhendait comme parfaitement erronées.

Le terme « tolér ance » n'est donc pas né d'un quel­ conque scepticisme mais de la nécessité reconnue de « coexister ».

• En fait, cette tolérance s'adressait fondamentalement aux pers onnes, non aux idées en tant que telles.

On peut d'ailleurs se demander si - en toute rigueur - l'id ée de « tolérer » n'i mplique pas que l'on se situe soi-même sur un plan de supériorité par rapport aux autres et qu'en ce qui concerne la « possession de la vérité » on se situe éga­ lement sur un plan de supériorité : une telle attitude pourrait­ elle être fondée sur une indiffér ence à la vérité ? • Définition de Goblot (moderne?).

La tolér ance consiste « non à renoncer à ses convictions ou à s'abstenir de les manif ester, de les défendre ou de les répandre, mais à s'i nterdire tous moyens violents, injurieux ou dolosif s; en un mot à proposer ses opinions sans chercher à les imposer ».

Un e telle attitude peut impliquer le scepticisme.

Mais l'impli que-t-elle nécessairement (ce qui est la question appro­ priée au sujet posé) ? • On peut certes concevoir une forme de « tolérance » fo ndée sur un certain scepticisme, sur une certaine indifférence à la vérité, sur une certaine « lassitude » : mais peut-on encore, à proprement parler, parler ici de « tolérance », que l'on « tol ère »?. »

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