Pour être moral, suffit-il d'avoir le courage de rester d'accord avec soi-même ?
Publié le 18/03/2004
Extrait du document
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II.
— ACCORD AVEC SOI-MÊME ET MORALITÉ.
On pourrait croire qu'en précisant les rapports qui existent entre la logique et la morale nous avons répondu à laquestion de savoir si pour être moral il suffit d'avoir le courage de rester d'accord avec soi-même : rester d'accordavec soi-même n'est-ce pas être logique P II nous semble cependant qu'en reprenant le sujet de ce point de vuenous aurons l'occasion de faire des remarques d'un certain intérêt.
A.
On peut d'abord comprendre l'accord avec soi-même comme la conformité de sa conduite avec ce qu'on estnaturellement.
Être moral consisterait, comme le disent certains existentialistes à la mode, à assumer sa nature, à lavouloir et à vouloir en conséquence tout ce vers quoi elle nous porte.Cette conception est évidemment inacceptable.
En effet, agir moralement c'est se conformer au bien et non à soi.Sans doute, les existentialistes visés objecteraient que nous n'avons aucune idée du bien, mais cette objection lescondamnerait eux-mêmes : s'ils n'ont aucune idée du bien, comment peuvent-ils considérer comme bon l'accordavec soi-même ?
B.
L'accord avec soi-même peut consister aussi dans la fidélité aux principes adoptés ou dans la constance dans unstyle de vie une fois choisi.Bien que moins paradoxale, cette conception de la moralité ne peut pas nous satisfaire.Tout d'abord, ainsi que nous l'avons dit, il ne suffit pas pour être moral de pousser jusqu'à leurs conséquencesdernières les principes adoptés; il faut aussi adopter des principes justes.Ensuite, la constante fidélité à ces principes n'a de valeur morale que tant qu'ils s'imposent à l'esprit comme lesseuls vrais.
Dès qu'ils paraissent faux ou même incomplets, la morale demande de les rejeter ou de les compléter.Aussi pour être moral faut-il parfois avoir le courage d'entrer en désaccord avec soi-même, de se déjuger.
C.
Mais le plus souvent on entend par « accord avec soi-même » la conformité de la conduite avec les idéesmorales, l'obéissance aux injonctions de la conscience.Il pourrait sembler tout d'abord que la moralité consiste bien dans un accord avec soi ainsi compris.
Mais nousdevons nous rappeler qu'en morale comme dans d'autres domaines règnent des idées fausses, qu'il est desconsciences erronées.
Sans doute, quiconque suit les indications de sa conscience agit subjectivement bien; maisobjectivement, son action peut être mauvaise.Nous conclurons donc que la moralité ne consiste pas dans l'accord avec soi-même, mais dans l'accord de laconduite avec la norme du bien.
CONCLUSION. — Si la logique de la conduite et l'accord avec soi-même ne suffisent pas à constituer une morale e à réaliser la moralité, cette unité et cette cohérence de la pensée et de la vie, comme la conformité de la vie à lapensée, constituent un élément essentiel de l'une et de l'autre.
Bien plus, cette attitude de loyauté et de fidélitécourageuse à l'égard de la lumière entrevue, entraînera un progrès vers une lumière plus grande : une conduitelogique prépare à une conduite totalement bonne..
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