Pour chercher la vérité, faut-il s'affranchir de toute subjectivité ?
Publié le 22/01/2012
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D’emblée, nous pourrions nous demander si la vérité n’apparaît que lorsque le sujet fait preuve d’une objectivité absolue. Cependant est-il réellement possible pour un sujet de s’affranchir de sa subjectivité ? En effet, par définition de « s’affranchir «, on entend par là l’idée de se libérer des contraintes de notre histoire individuelle, de ce qui nous emprisonne. Ainsi la recherche de la vérité demande avant tout de transcender notre position individuelle. Mais un sujet peut-il totalement se libérer de lui-même et de ses particularités individuelles ? Comment pourrais-je connaître quoi que ce soit sans me connaître moi-même ?
Néanmoins, en quoi la subjectivité est-elle une limite, un obstacle dans notre recherche de la vérité ? En effet, n’est ce pas l’esprit qui impose le sens de chaque chose et qui ainsi nous présente la vérité ? Mais définir la vérité ainsi, n’est-ce pas la rendre purement relative à l’interprétation de chacun ? Partant d’ici, nous pourrions remettre en question qu’il n’existe qu’une seule vérité universelle. La vérité obtenue ne dépendrait que de l’expérience sensible du sujet.
«
tente d’approcher lors de la quête de la vérité .
En ce sens, pour chercher la vérité d’un objet et
trouver l’Idée de cet objet, il va de soi t que le sujet doit mettre entre parenthèses sa
subjectivité en mettant de côté ses particularités individuelles et ses jugements et se libérer de
soi -même pour être autant que possible effacé face à l’objet qu’il interroge.
Tel est bien ce
que dit Alain dans Eléments de philosophie , dans lequel il précise que le sujet doit se libérer
de ses certitudes et ses affects afin de s’étonner devant son objet.
Cet étonnement suppose que
nous fassions objet de questions tout ce qui nous semblait jusqu’alors trop évident pour être
interrogé.
Un sujet objectif est- il exigible pour atteindre à la vérité ? En supposons que l’objectivité
absolue soit nécessaire, est -ce possible pour un sujet de s’affranchir de lui -même ? Peut -il être
sans aucune subjectivité ?
Nous savons que par définition, un savoir objectif est un savoir au plus proche de son objet.
Mais pour qu’un tel accord soit accompli, le sujet qui cherche à connaître ce savoir, en
l’occurrence la vérité, doit s’effacer totalement face à l’objet qu’il interroge pour ainsi
distinguer ce q ui dépend de lui et de son expérience sensible et ce qui est propre à l’objet,
autrement dit indépendamment de la façon dont le sujet le perçoit.
Tel est ce que souligne
Galilée dans Système des deux mondes : il faut parvenir à distinguer les « qualités
pr emières » des « qualités secondes », en outre celles purement objectives de celles qui sont
relatives à l’expérience que l’on fait.
Mais une telle observation ne dépend- t- elle pas de la
subjectivité du sujet ? En effet, pour qu’un sujet parvienne à distinguer c es deux types de
qualité s, ce même sujet n ’est-il pas dans l’obligation d’analyser son propre jugement pour en
extraire ce qui peut être une qualité « première » et ignorer la part de son jugement qui ne
dépend que de son expérience ? Il semble évide nt qu’un exercice tel que ce que propose
Galilée demande une réflexion de la part du sujet sur lui -même .
Il s’agirait ainsi d’une
perpétuelle remise en question de nos jugements.
Le sujet doit sans cesse s’interroger lui -
même sur ses idées pour tenter de r edécouvrir l’objet d’un regard purement objectif.
Ainsi on
pourrait supposer que l’affranchissement est une partie de la subjectivité.
Dès lors, si l’on en re vient à la question du sujet, il s’agit d’un être conscient qui fait du sens
de son existence l’en jeu d’une quête.
La conscience est la perception de sa propre existence et
apparaît donc comme une preuve de son existence.
Par définition, est subjectif tout ce qui se
rapporte au sujet.
Or, les jugements appartiennent à la conscience puisque la conscienc e est le
fondement de toutes connaissances.
Ainsi, pour qu’un sujet s’affranchisse de sa subjectivité, il
devra it se séparer de sa conscience, se détacher littéralement de lui -même, comme s’il était un
obstacle pour lui -même dans sa recherche de la vérité.
Le sujet en arrive à devoir se rejeter.
Tel est bien ce que dit ressentir Nietzsche dans un passage de par -delà le bien et le mal ,
lorsqu’il s’interroge sur le sens d’une pensée objective et neutre.
Néanmoins, comment
pourrais-je prétendre pouvoir me séparer pleinement de mon expérience et ainsi de mes
jugements ? Sans la conscience, comment la connaissance serait -elle possible ? Car sans
conscience, le sujet peut -il être et ainsi penser ? Ainsi, pour connaître quelque chose, il faut
nécessairement suppos er un « je pense ».
Autrement dit, pour chercher la vérité d’une chose,
il faut automatiquement un sujet qui « pense » par lui -même , un être conscient .
Si l’objectivité absolue d’un sujet semble difficile à atteindre, voire irréalisable, on pourrait se
demander si la quête de la vérité doit forcément se faire dans l’objectivité.
En effet, la vérité
n’est-elle pas au contraire relative à notre expérience ? Ainsi la vérité ne dépend -elle pas de
l’effort que fait la pensée pour en faire la recherche ? Enfin, malgré tout les efforts que peut
faire un sujet dans sa quête de la vérité, on pourrait se demander sur la vérité d’un obj et peut-
être finalement atteint..
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