Pour chercher la vérité, faut-il renoncer à croire ?
Publié le 27/02/2008
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qu'on ne détient pas le vrai, douter que l'on sait.· Cependant , cet aveu d'ignorance et ce doute nécessaire ne conduisent-ils pas au scepticisme ? [remarque : fin de la 1 ère méditation, Descartes ayant tout mis en doute déclare se trouver « comme si tout à coup j'étais tombé dans une eau très profonde », ne pouvant « ni assurer mes pieds dans le fond, ni nager pour mesoutenir au-dessus]· N'y a-t-il pas une nécessité de la croyance ? 2- ON NE PEUT PAS , SOUS PRÉTEXTE DE RECHERCHER LA VÉRITÉ , RENONCER COMPLÈTEMENT À CROIRE a) La croyance a une efficacité pragmatique Les sceptiques qui professaient qu'on ne pouvait établir rien de certain, rien ne pouvant résister au doute, mettaient ainsi en avant que nos jugements les plus rationnels relèvent eux-même de la croyance.
Connaissance n'aau mieux qu'une valeur probabiliste.
Ainsi, ils pensaient qu'il valait mieux « suspendre son assentiment », s'abstenirde juger.
Cette suspension ou épochè conduit à la quiétude. Toutefois, ce refus de se prononcer ne vaut que théoriquement : dans la pratique, là où nous devons agir, il y a nécessité de croire.
En effet, le doute mené à terme conduit à l'inaction.
En fin de compte, il faut distinguer lacroyance de la crédulité naïve : croire, pour un sceptique consiste à choisir entre deux positions contraires ; orc'est bien là ce que nous faisons tous les jours : nous agissons en empruntant telle voie plutôt que telle autre sansprocéder à un examen approfondi de chaque possibilité.
b) la fonction fabulatrice Dans cette perspective, Bergson mettra l'accent sur les impasses auxquelles peut conduire l'intelligence : spatialisant toujours les données d'un problème, il faut, pour que cette faculté puisse s'exercer ou avoir de l'effet,qu'intervienne ce qu'il appelle une « fonction fabulatrice ».
Exemple : tir à l'arc : pour atteindre la cible, l'archer nerecourt pas seulement à son intelligence (les données arithmétiques – distance par rapport à la cible, vent, forceetc.
– sont trop considérables).
La fonction fabulatrice ou capacité à construire des fictions supporte l'intelligencequi ne pourrait seule déterminer l'action.
c) La recherche de la vérité implique de croire que la vrai est possible. Pour Nietzsche, la recherche de la vérité exprime une certaine attitude par rapport à la vie : « Il ne faut pas avoir déjà au préalable avoir répondu Oui à la question de savoir si la vérité est nécessaire, mais encore y avoirrépondu Oui à un degré tel que s'y exprime la principe, la croyance, la conviction qu'“il n'y a rien de plus nécessaire que la vérité, et que par rapport à elle tout le reste n'a qu'une valeur de second ordre” » ( Le gai savoir , §344 ).
Ce que montre Nietzsche, c'est que chercher le vrai débute par une soumission quasi religieuse (le § a pour titre « en quoi nous sommes encore pieux »). Ainsi la recherche de la vérité, loin d'évacuer tout présupposé pour commencer, exige un préalable qui est de l'ordre de la croyance .
Renoncer à la croyance, ce n'est pas chercher la vérité mais accepter, comme le veut Nietzsche, que la vérité, hors nos instincts, n'existe sans doute pas.
Transition : · On ne peut raisonnablement renoncer à croire tout à fait car non seulement l'intelligence seule paralyse l'action mais, la recherche de la vérité comme processus finalisé implique aussi que la fin soit tenue pourpossible.· Mais alors, comment distinguer encore la croyance du savoir, la certitude de la foi ? Ces distinctions ont- elles encore un sens ? 3- LA RECHERCHE DE LA VÉRITÉ PASSE PAR UNE CRITIQUE DE LA CROYANCE , NON PAR UN RENONCEMENT Selon Kant, la recherche de la vérité implique une critique de la croyance et non un renoncement ; d'ailleurs cette critique porte sur les capacités de la raison : dans quelle mesure la raison peut-elle prétendre accéder à lavérité ? Jusqu'où pouvons-nous avoir confiance en ses capacités ?Pour répondre à ces questions, Kant se demande : quelles en sont les conditions de possibilité de la connaissance en général ? Car ce n'est qu'une fois celles-ci mises au jour que l'on peut se mettre en quête de lavérité : tant que les pouvoirs de la raison n'auront pas été définis, la connaissance sera sans garanties objectives . Jusqu'à présent nous avons crédité la raison de certaines capacités mais n'avons pas dégagé leurs fondements. Ces conditions sont pour Kant les formes a priori de la sensibilité et les concepts purs de l'entendement associés.
Hors de ce cadre définissant toute expérience possible, la raison spéculative ne peut rien trouver. Cependant, Kant fait remarquer qu'il y a au moins un domaine où la croyance est nécessaire : la morale.
Le domaine de validité de la croyance est donc circonscrit : dépassant les conditions de l'expérience, elle n'a pas sa place dans la recherche de la vérité ; en revanche, sa fécondité sur le plan de la morale est considérable..
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