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Pour bien comprendre autrui, faut il « désirer » se mettre à sa place ou seulement « tenter » de le faire ?

Publié le 26/07/2012

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Pour éclairer l'analyse sartrienne, évoquons l'exemple de l'amitié. En effet, a priori l'amitié illustre parfaitement l'accord, la compréhension mutuelle de deux consciences dont on peut dire "qu'elles essayent de se mettre l'une à la place de l'autre" (Souvenons nous de Montaigne disant : "parce que c'était lui, parce que c'était moi" et qui semble dire que la conscience de la Boétie et sa propre conscience se seraient rencontrées presque naturellement). Il existe bien une forme de désir authentique au travers de cette mise à la place de….entre deux amis. Peut on être néanmoins certain qu’aucune altération ne viendra modifier l’équilibre qui va s’instaurer en se mettant donc à la place de l’autre? De même, si nous prenons l'amour, relation qui est encore plus typique de ...

« mettre à la place d'autrui'' pour le comprendre se fait déjà sentir au travers du langage comme insurmontable.

Mêmes les doux mots ou les formulations fortementchargées de désirs risquent de déboucher sur une aliénation d'autrui. 3eme Argument L'assimilation d'autrui par comparaison avec moi Cependant, il existe un autre moyen que le désir de communiquer avec autrui : c'est la comparaison avec ce que je suis.

D'ailleurs, c'est un des moyens les plusutilisés par l'homme pour comprendre autrui.

Il est en effet clair que pour comprendre, par exemple, que l'autre est en colère, nous nous servons de notre propreexpérience de la colère ; l'analogie est ainsi une espèce de comparaison psychique.

Pourtant, ses limites apparaissent là aussi: l'analogie ne résout pas du tout leproblème de la communication directe.

En poussant plus avant cette remarque, Max Scheller, qui écrivit au début du siècle, a esquissé une étude de l'enfant et duprimitif qui confirme que c'est bien un ''propre'' de l'homme que de désirer se mettre à la place d'autrui mais que cela n'est pas chose aisée.Plus exactement, il a remarqué que le comportement de l'enfant était identique -avec un décalage minime- à celui de ses parents : en quelque sorte, l'enfant avaitépousé l'expression de ses parents pour la traduire dans son comportement.

Grâce aux comptes-rendus d'ethnologues, il a même remarqué que le primitif n'avait pasle sens du ''je'' mais celui de la société tribale s'exprimant non pas par le ''nous'' mais par le vague du ''on''.

Il serait dans notre nature profonde de comprendre l'autrenon pas en le considérant comme un simple « objet de désir », comme un simple ''face à nous'' mais au contraire comme si notre conscience s'éveillait dans un rapporttrès étroit du désir d'être « prêt » d' autrui (socialement ou affectivement).Toujours est il que les limites de la communication sensible nous montre qu'il est nécessaire à l'homme d'entreprendre une relation avec autrui en n' instrumentalisantpas les moyens sensoriels dont je peux disposer et abuser ; mais en essayant de pénétrer sa conscience, directement par le biais d'une volonté de dépasser, coût quecoût, les facilités d'une relation de seul désir.

Mais malgré cette précaution, n'existe-t-il pas tout de même le risque de voir s'engager malgré tout une relation dedominance entre moi et autrui : ce qui permettrait à la relation passant par le désir en définitive de réapparaître ? III eme partie .

Pourquoi le conflit peut faire surgir l'incommunication entre moi et autrui .

Or le désir n'exclut pas le conflit. Premier argument : Pourquoi le conflit peut surgir à tout moment ?. En fait, le vrai problème est posé : comprendre autrui en cherchant d'abord à se mettre à sa place, est-ce là une bonne solution, ou est-ce aussi une façon d'instaurerune regrettable soumission de ma part, vis à vis de lui.

Et alors qu'il ne faudrait sans doute pas dépendre d'autrui pour le comprendre, mais au contraire qu'il faudraitl'accepter pour lui-même, sans que mon désir vienne dénaturer cette aspiration, peut on établir entre moi et autrui suffisamment de distance sans soumission aucune.Cela bien sûr pour éviter les pièges d'une relation qui cherche toujours finalement à être fusionnelle et dominatrice.

Or Sartre va montrer que dans toute recherched'aimer l'autre, peut surgir une attitude de mauvaise foi : je veux reconnaître autrui en désirant que ce soit lui qui d'abord me reconnaisse. Pour éclairer l'analyse sartrienne, évoquons l'exemple de l'amitié.

En effet, a priori l'amitié illustre parfaitement l'accord, la compréhension mutuelle de deuxconsciences dont on peut dire ''qu'elles essayent de se mettre l'une à la place de l'autre'' (Souvenons nous de Montaigne disant : ''parce que c'était lui, parce que c'étaitmoi'' et qui semble dire que la conscience de la Boétie et sa propre conscience se seraient rencontrées presque naturellement).

Il existe bien une forme de désirauthentique au travers de cette mise à la place de….entre deux amis.

Peut on être néanmoins certain qu'aucune altération ne viendra modifier l'équilibre qui vas'instaurer en se mettant donc à la place de l'autre?De même, si nous prenons l'amour, relation qui est encore plus typique de ''l'interpénétration'' de deux consciences.

Peut-on être certain que le désir ne va pas imposerles conditions d'une domination qui certes n'apparaît pas au début mais qui se nourrirait à terme d'un désir conflictuel. S'agit il d'ailleurs de deux situations très différentes qui feraient que l'une (l'amitié) serait authentique parce que le désir serait moins présent et surtout inessentiel à larelation alors que dans la seconde (l'amour) le désir rendrait impossible la nécessité de se mettre à la place de l'autre.

Je voudrais dans ce dernier cas qu'il se soumetteà mon désir.Eh ! bien dans les deux cas, Sartre prétend qu'il s'agit bien en fait d'un acte de mauvaise foi.

Il dit en effet que chacune des consciences impliquées ou dans l'amitié oudans l'amour sont deux consciences « désireuses » d'abord de se valoriser et ce à l'aide de l'autre.

Ce que veut ma conscience quand elle prétend épouser l'autre, c'estque cette dernière la justifie en la prenant pour objet de son désir, semble dire Sartre.

Nous chercherions donc même dans l'amitié et à plus forte raison dans l'amournon pas autrui mais nous même, c'est à dire que nous voudrions nous justifier par autrui.

Sartre dit qu' ''aimer, c'est faire le projet d'Etre aimer'' ou, plus explicitement,qu'''en voulant faire un ''nous'', nous ne faisons qu'un ''je'' en face d'un ''toi''''.

Sartre critique donc bien la position qui prétendrait qu'il est nécessaire de se mettre à laplace d'autrui pour le comprendre parce que pour lui les exigences du seul désir réapparaîtraient fatalement dans le fait même de se mettre à la place de l'autre. Cependant, la position de l'amitié ou de l'amour est peut être trop imprégnée de nos difficultés habituelles pour être érigée en modèle exclusif de ma relation à l'autre.Le problème de la communication peut se poser en d'autres termes.

Tentons de montrer, qu'en réalité, la question peut effectivement se prendre sous un autre angle,même dans une relation d'amitié ou d'amour. Deuxième argument : Remise en question dialectique de la partie III.

Dépassement du conflit. Après tout, quand Montaigne dit ''parce que c'était lui, parce que c'était moi'', il veut dire que le problème de la communication entre les consciences ne s'est pas posénécessairement en termes conflictuels.

D'ailleurs, le ''balancement'' de la formule donne l'impression de deux amants ou deux amis qui se seraient rencontrés maissans pour autant se « mélanger » l'un à l'autre.

Après tout, c'est peut être là que se trouve la clef du problème : l'autre, plutôt que de servir à l'auto-justification de maconscience, peut servir à la vitaliser.Je peux donc alors lui reconnaître par là même la possibilité de m'échapper en partie.

Le problème ne serait plus des lors d'être, comme avec la seule logique dudésir, dans un face à face, mais d'être avec deux consciences indépendantes (avec d'ailleurs derrière deux inconscients) autrement dit non opposées.

Deuxconsciences parallèles qui avanceraient côte à côte.

Le problème perdrait alors l''aspect'' statique de deux consciences en conflit pour, et au contraire prendrait uneallure « dynamique ».

Or paradoxalement c'est peut être lorsque le désir est surtout d'abord recherché dans sa satisfaction immédiate que se situe l'échec de larelation.

Et c'est le désir lui même qui devient alors une tentative de se mettre à la place d'autrui, pour finalement, prendre sa place.

Alors que si on admet endéfinitive qu'on ne peut pas se mettre totalement à la place d'autrui mais qu'on peut juste « tenter de le faire » alors on pourra mieux comprendre l'autre (qui, de toutefaçon, ne se livrera pas entièrement).

Il ne s'agira plus d'un face à face ou d'un « à la place de » mais de faire face ensemble en cherchant à se mettre à la place del'autre, en gardant pour soi et en sauvegardant pour l'autre la part d'autonomie et de résolutions personnelles.

Comme l'a exprimé Saint-Exupéry : ''Aimer, ce n'est passe regarder l'un l'autre mais regarder ensemble dans la même direction''. Conclusion :Nous avons donc vu que, la communication exclusivement fondée sur le seul désir était celle qui nous vouait en définitive à « nous mettre à la place d'autrui »souvent avec domination, avec en plus le risque de voir apparaître tous les pièges que nous avons abordés (limite des sens, ambiguïté du langage, risque dedomination).

Alors que si chaque conscience « tente seulement de se mettre à la place de l'autre » sans peut être y parvenir mais en obtenant de l'autre et de soi-mêmede toujours manifester sa propre part d'exigences et finalement peut être de courage, alors dans ce cas on se situera bien dans une authentique relation.

Finalement, lemoyen dont dispose une conscience pour comprendre une autre conscience est de faire un effort pour déceler les potentialités de cette dernière.

Il nous apparaît doncimportant de modifier les termes du problème en n'opposant plus les consciences dans le face à face de deux désirs mais en les plaçant dans un côte à côte : celui dedeux générosités tournés vers « la place » ou se trouve peut être un troisième autre.

C'est lui qui sera le fondement de la relation.

Il peut s'agir d'autrui ou del'humanité.Demeure quand même, reconnaissons le, la question de savoir si la position défendue par exemple par Saint Exupéry (ou par d'autres) ne serait pas parfois un''trompe l'oeil'' qui nous amènerait à une position généreuse seulement dans l'intention.

C'est peut être là qu'autrui et moi avons besoin dans notre relation d'une autreexigence : ce qu'on peut appeler une transcendance, un idéal.. »

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