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Pour apprécier une oeuvre d`'art faut-il en connaitre le sens ?

Publié le 27/02/2008

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Jusqu’au dix-huitième siècle, le terme « art « désignait l’ensemble des techniques de production d’artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau.

Aujourd’hui, par art nous entendons plutôt une activité créatrice gratuite, mais sérieuse, qui représente dans des œuvres un état de la sensibilité et de la pensée d’une époque, en s’opposant à la fois à la disgrâce qui frappe les activités techniques utilitaires, jugées serviles, et à la futilité des activités ludiques vouées au divertissement. Ni labeur, ni distraction, l’œuvre d’art incarne et suggère un sentiment de la vie.

 

Il y a trois constituantes dans l’idée de "sens". Pour qu’une chose ait un sens, quand je dis par exemple que le mot « cheval « a un sens, cela veut dire que le son du mot cheval, en dehors de sa dimension sonore, est un signe. Le mot « cheval « renvoie à une autre réalité non sensible : l’idée du cheval, qui est une représentation abstraite, spirituelle. Pour qu’il y ait sens, il faut que la chose renvoie à autre chose. Mais dans le cas où il s’agit d’entités qui existent par elles mêmes, où elles ne sont pas produites dans un langage ou dans un système de signes, dans quel cas parle-t-on de sens ? La réalité non sensible à laquelle cette réalité matérielle renvoie, c’est sa finalité ultime, ou son orientation, sa destination. Enfin, le sens n’est pas que la signification ou la finalité ultime d’une chose, mais aussi une valeur. C’est pour autant que le sens dessine une fin dernière qu’il donne à une entité sa valeur absolue et non relative. Par conséquent, le terme sens recoupe trois concepts : la signification, la destination, la valeur.

 

Le verbe « apprécier « a deux sens : d’une part, il s’agit de l’activité qui consiste à émettre un jugement sur une chose, un être, une situation (« Il apprécia l’état de ses vêtements «). Mais apprécier, c’est également concevoir une satisfaction par le moyen des sens (« Il appréciait la musique de Mozart «).

 

Nous nous demanderons donc si, au double sens du verbe apprécier (juger/éprouver un sentiment favorable) il est nécessaire de connaître la signification, la destination et la valeur d’une œuvre d’art.

« oeuvre en méconnaissant tout de l'histoire de sa forme :c'est que prétend le sculpteur contemporain Richard Serra à propos de son exposition au grand palais intitulée"Promenade".

En revanche, si la connaissance de la destination d'une oeuvre n'est pas indispensable pourl'apprécier, nous pouvons avancer que le plaisir peut être nourri par notre connaissance de sa destination, peutaugmenter en fonction de cette connaissance.

Etudier l'art et la littérature, c'est pour une grande part approfondirles raisons que nous avons d'apprécier des oeuvres, augmenter les raisons rationnelles de notre jouissanceesthétique.

III.

Faut-il connaître la valeur d'une œuvre d'art pour l'apprécier ? a.

La connaissance de la valeur d'une oeuvre d'art est indispensable pour l'apprécier...

Lorsque nous parlons du sens d'une oeuvre, nous parlons non seulement de sa signification, de son inscription dansune histoire des formes, mais aussi de sa valeur intrinsèque, en tant qu'elle dépend de la singularité et du caractèrenovateur de cette inscription.

Par conséquent, il est absolument indispensable de connaître, c'est à dire d'évaluer,la valeur d'une oeuvre avant d'émettre un jugement sur elle.

Pour être plus exact, nous dirons même que juger uneoeuvre d'art, c'est précisément statuer sur elle en termes de valeur.

C'est ainsi que David Hume démontre dans "Lejugement de gout" que le but de l'expert, celui qui est formé et donc capable de juger une oeuvre, n'est pas autrechose que de déterminer sa valeur, et d'en faire part aux autres hommes moins habiles et connaisseurs en matièred'art que lui même.

b.

...

autant que pour l'apprécier En va-t-il de même lorsque nous ne prétendons pas juger, évaluer une oeuvre d'art, mais l'apprécier, c'est à dire lagouter, y trouver un plaisir intellectuel mêlé de sensualité ? Certainement, car notre connaissance de la valeur d'uneoeuvre, de son importance dans une histoire des formes ne pourra que justifier et surtout approfondir le plaisir quenous y portons.Regardons une toile de Renoir, qui faisait du plaisir la véritable finalité de l'art : nous pouvons nous contenter de latrouver chaude, colorée, attrayante, et l'apprécier pour cela.

Mais que l'on nous explique de quelle manière elles'inscrit dans un courant pictural(l'impressionnisme) de quelle manière "Le déjeuner des canotiers" a une valeur artistique exceptionnelle, notammentparce que cette oeuvre marque une rupture avec les sujets traditionnels de la peinture empruntés à la mythologie,et nous ne pourrons que l'apprécier, la gouter davantage.

Par conséquent, la connaissance de la valeur d'uneoeuvre est indispensable pour nourrir notre jouissance à la contemplation des oeuvres.

Conclusion : La question de sens est en vérité une question de signification, de destination et de valeur.

Si pour juger uneoeuvre, la connaissance de ces trois aspects est indispensable, il n'en va pas de même pour l'appréciation commeimpression favorable : on peut trouver du plaisir à une oeuvre sans épuiser la somme de ses significations, sansconnaître toute la force de son inscription dans un courant artistique.

En revanche, la connaissance de la valeurd'une oeuvre est indispensable pour l'apprécier, la savourer, en tant qu'elle nourrit notre plaisir en nous permettantde l'approfondir.. »

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