POUR AGIR MORALEMENT FAUT-IL SUIVRE SON COEUR ?
Publié le 09/05/2023
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POUR AGIR MORALEMENT FAUT-IL SUIVRE SON COEUR ?
A première vue, nous pourrions penser que pour agir moralement, il ne faut pas suivre son
cœur car il pourrait nous empêcher d'agir en visant uniquement le devoir.
En effet, agir moralement, c'est selon Kant, agir seulement par devoir, c'est-à-dire avec
l'intention pure de faire son devoir, à l'exclusion de toute autre chose ou de tout autre motif.
Le fait de suivre son cœur pourrait-il donc parasiter la pureté de cette intention ?
Tout d'abord, nous verrons que ce qui caractérise une action moralement bonne, c'est la
qualité de la volonté qui la détermine, c'est-à-dire la « bonne volonté » ou la pureté de l'intention,
exempte de toute interaction affective.
Puis, nous chercherons à savoir s'il est toujours possible d'agir moralement et si le fait de
suivre notre cœur peut nous empêcher d'agir moralement.
Pour Kant, agir moralement est possible si l'on se soumet à l'universalité de la loi et si on
suit son impératif catégorique : "Agis uniquement d’après la maxime qui fait que tu peux vouloir en
même temps qu’elle devienne une loi universelle" ; c'est-à-dire que ce que nous faisons aux autres,
nous devons pouvoir vouloir que les autres nous le fassent.
Par exemple, si nous mentons, nous
devons pouvoir vouloir que les autres nous mentent aussi.
Nous ne pouvons envisager une société
où tout le monde mentirait et où le mensonge serait érigé en loi universelle.
Donc, selon Kant, pour
agir moralement, nous devons être sincères quelles que soient les circonstances.
Avant d'agir, il faut donc se demander, d'une part, si l'action que nous allons accomplir revêt
le caractère d'universalité et si, d'autre part, rien d'autre ne nous détermine que la volonté de faire
notre devoir.
Si nous respectons ce caractère d'universalité et si nous agissons par devoir, autrement dit
avec l'intention pure de faire notre devoir, et non conformément au devoir, c'est-à-dire en faisant ce
que le devoir commande, alors nous agirons moralement.
Si j'entre dans une maison en feu pour sauver un enfant qui, affolé, ne peut pas sortir seul, et
si j'agis sans faire preuve de pitié et sans penser un seul instant que les parents vont me remercier ou
que les personnes présentes vont m'applaudir, alors j'agis conformément au devoir bien sûr, mais
aussi et surtout par devoir.
Mon action est moralement bonne car elle est désintéressée et qu'elle ne dépend pas
d'émotions ou de sentiments qui pourraient altérer la pureté de mon intention.
Évidement, on pourrait dire que j'ai fait preuve d'empathie à l'égard de cet enfant et que ce
n'est pas moral, puisque, dans d'autres circonstances, je pourrais déroger à cette obligation si je
n'éprouve pas ce sentiment.
Bien des motifs et des mobiles liés à mon affect auraient pu
effectivement perturber mon intention ; mais, si je suis persuadé d'avoir agi exclusivement par
devoir, guidé seulement par la volonté de faire le bien, alors je peux en déduire que j'ai agi
moralement.
En effet, pour agir moralement, il faut agir, non par inclinaison sensible, mais par devoir
uniquement, en cherchant à suivre la loi morale.
Kant pense que c'est la raison et rien d'autre qui
nous y détermine et que cette dernière ne doit pas entrer en contradiction avec nos « appétits
sensibles ».
C'est parce que nous sommes des êtres doués de raison que nous pouvons agir
moralement.
C'est notre raison qui va évaluer la moralité ou l'immoralité d'une de nos actions.
Si j'hésite à rendre mon devoir de philosophie parce que je ne suis pas sûre de moi, que j'ai
peur d'être hors sujet ou d'avoir une mauvaise note, mais que je comprends qu'accomplir mon travail scolaire est indispensable à ma progression, alors j'agis raisonnablement et je rends mon travail.
J'ai écouté la voix de la conscience qui parlait en moi, même si, grâce à mon libre arbitre,
j'aurais pu ne pas écouter la voix du devoir et agir contre ma conscience.
Dans ce cas, ce que déclare Kant se confirme, c'est bien la raison qui a déterminé mon
action, mais cela ne signifie pas que j'ai agi moralement, je me suis juste soumise volontairement et
librement à ma raison, personne ne m'a contrainte, c'est moi qui ai décidé volontairement de faire ce
travail.
Pour que cette action soit morale, il faut qu'elle ait été accomplie avec la volonté de bien
agir, dans le respect de la loi et non pour des motifs personnels, tels que, par exemple, la peur d'une
réprimande si je ne rends pas mon devoir.
J'ai réussi à résister à un penchant sensible, la peur.
Ce qui signifie que j'ai eu la liberté de
triompher de mes penchants.
Cela atteste d'une puissance en moi qui se révèle être, selon Kant, la
raison pratique.
La....
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