Platon, République, Livre VII: L'allégorie de la Caverne
Publié le 16/04/2009
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- Commentaire : vision et interprétation de l’allégorie de la caverne.
«
intelligible, la dialectique contemplante et le retour dans la caverne, la dialectique descendante.
II.
Interprétation de l'allégorie (517b – 521c)
a.
Sens général
Les hommes sont à l'image des prisonniers de la caverne vivant dans l'ignorance.
Ils refusent la vérité car il est durde perdre ses illusions.
En effet, d'une part on y est attaché, d'autre part le passage de l'ignorance au savoirsuppose un effort personnel auquel beaucoup répugnent.
Et si on leur propose la vérité, ils sont susceptibles deréagir avec violence.
Ignorants sans le savoir et contents de l'être, tels sont les hommes lorsqu'ils se résignent àl'opinion, ils se satisfont paresseusement du paraître et renoncent à l'être.
C'est le cas de certains sophistes,comme Protagoras qui va jusqu'à affirmer : "telles les choses me paraissent telles elles me sont, telles les choses teparaissent telles elles te sont" (THÉÉTÈTE).
Dans cette perspective héraclitéenne, tout est vrai, rien n'est faux.
Leschoses ne sont que ce qu'elles paraissent à chacun, et, en conséquence, nous n'avons d'autre juge à écouter, surce qui est ou n'est pas, que notre opinion personnelle.
Cette identification du paraître à l'être est l'erreurfondamentale de tous les sophistes.
Elle est inévitable lorsque l'on affirme que l'homme, conçu non comme genremais comme individu, est "la mesure de toutes choses" (PROTAGORAS).
Mais Platon ne situe pas la mesure deschoses au niveau individuel.
Si la science se réduit à la sensation, l'animal, comme l'homme, est la "mesure de touteschoses", puisqu'il éprouve, lui aussi, des sensations.
La mesure des choses c'est l'idée suprême, l'idée de bien dontprocèdent précisément les choses, idée qui se confond avec Dieu.
Ce n'est pas nous qui inventons la vérité.
Lavérité n'est pas subjective.
C'est la vérité qui nous interpelle et nous sollicite.
Elle n'est pas à créer mais àreconnaître.
Et Platon dans Les Lois affirmera : "La divinité doit être la mesure de toutes choses, au degré suprême,et beaucoup plus, je pense, que ne l'est, prétend-on, l'homme".Contrairement aux sophistes, Platon cherche l'êtrede l'apparence et non l'être dans les apparences.
Il cherche l'être dans l'unité et non dans la multiplicité.
b.
Première clé d'interprétation : théorie de la connaissance et théorie des idées et de l'imitation
Dans la doctrine de Platon, l'idée d'une chose est son essence même.
Cette thèse a deux conséquences, sur le planépistémologique et sur le plan ontologique.
• Plan épistémologique : la théorie de la connaissanceSi nous ne pouvions penser la chose, nous ne pourrions pas la percevoir comme chose du monde.
Du point de vuede l'accès à l'être, il y a antécédence de la pensée sur la perception sensible.
Pour atteindre la réalité d'une chose,il faut d'abord la penser.
C'est en ce sens que l'on parle de manière scolaire de l'idéalisme platonicien : on supposel'antériorité de l'idée comme condition de possibilité de l'existence d'une chose.
Celui qui voit la chose sans la penserla voit mal car il la perçoit sous une forme illusoire : il confond l'apparence de la chose avec sa réalité.
La chosen'est jamais autant elle-même que lorsqu'elle est clairement pensée.
La réalité d'une chose consiste donc d'aborddans son idée (sa forme intelligible) que dans la perception de sa forme physique.
Quand une chose est seulementsentie, elle est représentée de manière confuse et dégradée car nous ne saisissons d'elle que son apparencechangeante, particulière et subjective et non son essence immuable, universelle et objective.
Si je perçois parexemple une table particulière, je suis bien en rapport avec elle mais je n'accède qu'à une définition partielle duconcept de table : la vérité de la table n'est pas à chercher dans la singularité particulière et sensible de la chose,qui ne fait que changer d'aspects en devenant perpétuellement autre qu'elle-même, mais dans l'universalité de sonconcept qui constitue sa réalité propre.
• Plan ontologique : la théorie des idées : le monde physique est l'imitation du monde intelligibleDe plus, Platon considère qu'il y a un rapport ontologique entre l'intelligence de l'être et sa sensation : pour qu'unechose existe physiquement, il faut d'abord qu'elle soit conçue et pensée sans quoi elle n'a pas la consistancenécessaire à la réalité.
Ce qui fait qu'une chose existe est qu'elle est constituée en son fond d'une idée qui lamaintient dans l'être.
L'idée de l'être est donc la condition de possibilité du corps de l'être : pour sentir une chose, ilfaut d'abord être en mesure de la penser.
Par exemple, si l'œil voit la couleur du coquelicot, c'est parce que l'espritpense le rouge.
Ce n'est pas la lumière physique qui éclaire les choses que nous percevons mais la lumièremétaphysique et intellectuelle de notre esprit .
Ce qui éclaire le monde est la lumière de l'intelligence : le réel estpensé avant d'être senti.
Tout ce que nous pouvons sentir immédiatement (intuition sensible) n'est que le refletobscur des idées : une ombre, par conséquent.
Les choses que nous sentons ne sont que le reflet inconsistant deleur réalité.
C'est ce rapport quotidien, naïf et immédiat à la réalité sensible qui tient les hommes dans la captivité :les hommes sont prisonniers de la connaissance que leur corps leur donne du monde.
L'homme vit dans la prison ducorps et ne s'en aperçoit généralement pas : il considère le domaine quotidien de son existence comme la réalitéelle-même.
c.
Le séjour humain : de l'illusion à la vérité, de l'esclavage à la libération ; deuxième clé d'interprétation :les correspondances symboliques.
Platon nous donne lui-même des clés pour interpréter l'allégorie car le récit est précédé et aussitôt suivi d'unentretien entre Socrate et Glaucon qui nous éclaire sur sa signification.
Avant le récit, dès le début du livre VII,Socrate dit : « […] représente-toi de la façon que voici l'état de notre nature relativement à l'instruction/ formationet à l'ignorance/ non-formation ».
Il s'agit donc d'interpréter le mythe dans le sens d'une élucidation de notre nature.
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