Platon, Phédon
Publié le 31/01/2020
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Platon, Phédon
Il semble que la mort est un raccourci qui nous mène au but,.puisque, tant que nous aurons nôtre corps et que notre âme Sera pétrie avec cette chose mauvaise, jamais nous ne posséderons en suffisance l’objet de notre désir. Or, cet objet, c’est, disons-nous, la vérité. Et non seulement mille et mille tracas nous sont en effet suscités par le corps à l’occasion des nécessités de la vie mais des maladies sur-viennent-elles, voilà pour nous de nouvelles entraves dans notre chasse au vrai ! Amour, désir, Craintes, imaginations de toutes sortes, innombrables sornettes, il nous en remplit si bien que par lui (oui, c’est vraiment le mot connu) ne nous vient même réellement aucune pensée de bon Sens : non pas une fois ! Voyez plu-tôt : les guerres, les dissensions, la bataille, il n'y a pour les susciter que le corps et ses convoitises ; la possession des biens, voilà en effet la Cause originelle de toutes les guerres, et si nous sommes poussés à nous procurer des biens, c’est à cause du corps, esclaves attachés à son service !
Par sa faute encore, nous mettons de la paresse à philosopher à cause de tout cela, Mais ce qui est le comble, c’est que, sommes nous enfin arrivés enfin à avoir de son côté quelque tranquillité, pour nous tourner alors Vers Un objet quelconque de réflexion, nos recherches sont à nouveau bousculées en tous sens par cet intrus qui nous assourdit, nous trouble et nous démonte, au point de nous rendre inca- pables de distinguer le vrai. Inversement, nous avons eu réellement la preuve que, si nous devons jamais savoir purement quelque chose, il nous faudra nous séparer de lui et regarder avec l’âme en elle-même les choses'en elles-mêmes.
«
COMMENTAIRE DE TEXTE
sont fortement distingués), mais aussi dans une perspective hiérarchique : le corps
est fortement dévalorisé par Socrate.
C'est pour cette raison que la mort perd son
caractère effrayant.
-2.
Les méfaits du corps
(lignes 7 à 13, Jùsqu'à « ...
esclaves attachés à son service! »)
A Le corps source .continuelle de troubles
Socrate développe ici l'argument qui soutient son apologie de la mort.
Le
corps est une entrave pour nous parce qu'il est la source de nos désirs, de nos pas
sions et donc de notre servitude : nous sommes ses esclaves.
Nous ne sommes
donc pas vraiment notre corps.
Celui-ci est comme un étranger, car notre véritable
essence réside dans notre âme.
B.
La double condamnation du corps
Socrate incrimine le corps pour des motifs gnoséologiques : le corps est un
obstacle à la connaissance, car il perturbe l'exercice de notre âme dans son aspi
ration à la connaissance.
Mais il invoque également des motifs éthiques : le· corps
est le principe du mal, car il est à l'origine des guerres et des malheurs des hommes.
-Discussion
L:'.intérêt philosophique de ce texte est double : d'une part, il s'agit d'une dis
cussion métaphysique sur la mort et, d'autre part, d'une question d'épistémologie
sur notre faculté à connaître le vrai.
Et de ces deux points de vue, le corps est déva
lorisé: mourir n'est pas grave, puisque c'est seulement se séparer du corps;
connaître la vérité est impossible par l'intermédiaire du corps:
Platon ne propose donc pas une simple condamnation morale du corps.
Toute
sa philosophie s'adosse à cette méfiance proclamée.
En effet, elle a pour principe
une hiérarchisation ontologique entre le monde sensible et le monde des Idées..
»
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