Platon: peinture et apparence
Publié le 02/05/2005
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Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.
Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.
Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.
Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique(dernier degré).
L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e.
Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ?
1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoir-tromper.
a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.
Les poètes, Homère , Hésiode , ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.
Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.
Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).
D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventéespar les premier.
et créditent le mensonge.
b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.
Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblableà celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas etn'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...
).
Par exemple lebon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui,occupe un espace à trois dimensions.
Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en faitinfidèle à son modèle tel qu'il est.
L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.
les règlesde 1a perspective).
2) Parce que l'art n'est qu'imitation .
L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiairede nos sens.
C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'ilreprésente les Dieux à l'image des hommes.
L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est,est ce qui apparaît.
L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective.
3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre .
Dans La « République » (X 597b-598c - cf.
texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».
En effet, il y a trois degrés de réalité.
· La première, celle qui est vraiment et pleinement, est la réalité intelligible ou Idée.
Pour Platon les Idées ne sont pas des produits de notre intelligence, constitutives de cette dernière (rationalisme) ouformées au contact de l'expérience (empirisme).
Elles existent indépendamment de notre pensée.
L'Etre estl'intelligible ou monde des Idées.
Cette thèse rend compte et de la connaissance, la réalité est intelligible,objet d'une connaissance, et de l'ordre du monde.
C'est parce que le monde est en lui-même intelligible quenous pouvons le connaître.
· La seconde, ensemble des êtres naturels ou artificiels, est seconde, sa réalité est moindre, dans la mesure où elle est imitation de la première.
Les êtres naturels doivent leur existence à un Démiurge qui afaçonné la matière en contemplant le monde des Idées (« Timée » ).
De même le bon artisan fabrique son objet en se réglant sur son Idée.
Ces êtres ont moins de réalité que les Idées puisqu'ils se contentent de lesimiter.
· La troisième, la plus éloignée de la réalité telle qu'elle est en elle-même, est celle produite par le peintrepuisqu'il imite ce qui est déjà une imitation.
Elle est donc un presque rien, n'a pas plus de réalité que notrereflet dans le miroir.
Elle est le reflet d'une apparence.
En fait, il n'y a rien à voir.
Au nom de la vérité Platon critique l'art.
Les fondements de cette critique sont: la définition de l'art comme imitation, reproduction de la réalité sensible et à la définition de la réalité sensible comme apparence,.
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