Platon: Les sophistes comme particuliers mercenaires
Publié le 17/04/2009
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« Tous ces particuliers mercenaires, que le peuple appelle sophistes et regarde comme des rivaux, n'enseignent pas d'autres principes que ceux que lui-même professe dans ses assemblées, et c'est cela qu'ils appellent science. On dirait un homme qui, ayant à nourrir un animal grand et fort, après en avoir observé minutieusement les mouvements instinctifs et les appétits, par où il faut l'approcher et par où le toucher, quand et pourquoi il est le plus hargneux et le plus doux, à propos de quoi il a l'habitude de pousser tel ou tel cri, et quels sons de voix l'adoucissent ou l'irritent, qui, dis-je, après avoir appris tout cela par une fréquentation prolongée, donnerait à son expérience le nom de science, en composerait un traité et se mettrait à l'enseigner, sans savoir véritablement ce qui dans ces maximes et ces appétits est beau ou laid, bien ou mal, juste ou injuste, ne jugeant de tout cela que d'après les opinions du gros animal, appelant bonnes les choses qui lui font plaisir, mauvaises celles qui le fâchent, incapable d'ailleurs de justifier ces noms, confondant le juste et le beau avec les nécessités de la nature, parce que la différence essentielle qui existe entre la nécessité et le bien, il ne l'a jamais vue ni ne peut la faire voir à d'autres. Au nom de Zeus, ne te semble-t-il pas qu'un précepteur serait bien étrange ? PLATON
indications pour la compréhension du texte
• « Tous ces particuliers mercenaires « : les sophistes se faisaient en effet payer pour leur enseignement. • « Le gros animal « symbolise le peuple dont les sophistes se bornent à reconnaître les instincts et les goûts qu'ils reproduisent ensuite pour plaire à la foule. Ainsi les sophistes restent-ils dans la sphère de l'opinion et ne parviennent-ils pas à la connaissance vraie qu'est la science et que seul atteint le philosophe (Texte tiré de la République, VI, 493 a).
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