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Platon: Les philosophes-rois

Publié le 29/04/2005

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Tant que les philosophes ne seront pas rois dans les cités, ou que ceux qu'on appelle aujourd'hui rois et souverains ne seront pas vraiment et sérieusement philosophes [...] il n'y aura de cesse [...] aux maux des cités, ni, ce me semble, à ceux du genre humain. PlatonAinsi que le rappelle Léo Strauss en tête de son ouvrage « La cité et l'homme », la tradition tient Socrate pour le fondateur véritable de la philosophie politique. Cicéron aurait dit de lui qu'il « fut le premier à faire descendre la philosophie du ciel pour l'établir dans les cités, pour l'introduire également dans les foyers, et pour l'obliger à faire des recherches sur la vie et les manières des hommes aussi bien que sur le bien et le mal ». en ce sens, il n'est pas d'histoire de la pensée politique qui ne doive commencer avec ce livre majeur que constitue la « République ».
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« lors, seuls les moins aptes à la philosophie se consacreront à elle : « Donc, ces hommes, nés pour la philosophie,s'en étant éloignés et l'ayant laissée seule et inféconde, pour mener une vie contraire à leur nature et à la vérité,d'autres, indignes, s'introduisent auprès de cette orpheline abandonnée de ses proches, la déshonorent, et luiattirent les reproches dont tu dis que la chargent ses détracteurs : à savoir que de ceux qui ont commerce avecelle, certains ne sont bons à rien, et la plupart méritent les plus grands maux.

»La solution passe donc, poursuit Socrate, dans une nouvelle attitude adoptée par la cité à l'égard de la philosophie.Il ne faut pas enseigner la philosophie aux enfants pour qu'ils oublient celle-ci une fois arrivés à l'âge adulte mais,tout au contraire : « donner aux adolescents et aux enfants une éducation et une culture appropriées à leurjeunesse, prendre grand soin de leur corps à l'époque où il croit et se forme, afin de le préparer à servir laphilosophie ; puis quand l'âge vient où l'âme entre dans sa maturité, renforcer les exercices qui lui sont propres ; etlorsque les forces déclinent, et que le temps est passé des travaux politiques et militaires, libérer dans le champsacré, exempts de toute occupation importante, ceux qui veulent mener ici-bas une vie heureuse et, après leurmort, couronner dans l'autre monde la vie qu'ils auront vécue d'une destinée digne d'elle.

»Que les philosophes soient rois et guident ainsi la multitude : est-ce là un simple rêve ? Socrate admet que laréalisation en est difficile mais il nie qu'elle soit impossible.

A cette condition seule, les hommes pourront connaître lavéritable félicité : « Une cité ne sera heureuse qu'autant que le plan en aura été tracé par des artistes utilisant unmodèle divin.

»Et ces artistes, Socrate décrit ainsi ce que sera leur tâche : « Parachevant cette esquisse, ils porterontfréquemment leurs regards, d'un côté sur l'essence de la justice, de la beauté, de la tempérance et des vertus dece genre, et de l'autre côté sur la copie humaine qu'ils en font ; et par la combinaison et le mélange d'institutionsappropriées, ils s'efforceront d'atteindre à la ressemblance de l'humanité véritable, en s'inspirant de ce modèlequ'Homère, lorsqu'il le rencontre parmi les hommes, appelle divin et semblable aux dieux.

» Exprimée par Platon, la conviction que les philosophes doivent être rois ou les rois philosophes s'imposa dansl'histoire de la pensée politique.

Comme toutes les idées fortes et simples, elle devint même un lieu commun ainsiqu'en témoigne, parmi des centaines d'autres exemples, le chapitre XLIII du « Gargantua » de Rabelais.

Séduit par lagénérosité et la grandeur de Grandgousier, le peuple manifeste son admiration pour un roi si savant et si juste.Gargantua cite alors Platon : « C'est ce que dist Platon : que lors les republicques seroient heureuses quand les roysphilosopheroient ou les philosphes regneroient.

»La « République », cependant, ne se limite pas à cette seule théorie du philosophe-roi.

Platon y propose unedescription de sa cité idéale dans laquelle règnent l'union de tous et, parmi les gardiens, la communauté desfemmes, des enfants et des biens.

En ce sens, on a pu définir la philosophie de Platon comme la première expressiondu communisme.Si la réunion de la philosophie et du pouvoir politique reste cependant la caractéristique essentielle du systèmePlatonicien, c'est que l'ordre de la cité idéale y est inséparable d'un ordre total que seule la raison est à même demettre au jour.Le scandale pour nous réside dans le fait que cet ordre est indissociable d'une conception de la justice qui noussemble le comble même de l'injustice.

Pour Platon , la justice est en effet dans le respect de cet ordre idéal quiassigne à chacun sa place et sa fonction.

Or, la société que décrit Platon est, si on la juge à l'aune de nos valeursmodernes, une société radicalement inégalitaire, un univers de castes qui nie l'individualité de ses membres.

Lesêtres y sont en effet répartis en trois races : celle d'or, celle d'argent et celle de fer et d'airain.

Même si lesindividus ne sont pas assignés à une race en raison seulement de l'hérédité, il est certain qu'un ordre, que nousjugerions très pesant, s'impose à eux et détermine l'essentiel de leur existence.En ce sens le communisme Platonicien est l'exacte antithèse du communisme marxiste puisqu'il consiste non enl'abolition de la lutte des classes, mais en l'organisation rigide d'une société qui tire paradoxalement le principe deson unité de sa division même en castes.

Si l'on ajoute à cela le fait que, dans la « République », l'individu semblen'exister que pour et en fonction de la communauté à laquelle il appartient, on comprendra que certains théoriciensmodernes aient voulu voir dans la philosophie Platonicienne le premier de tous les totalitarismes.

Appliquer lacatégorie moderne de « totalitarisme » à la « République » Platonicienne constitue bien entendu un anachronismedélibéré qui, s'il peut être justifié politiquement, repose sur peu de fondements historiques et intellectuels.

Disonsplutôt qu'avec la « République » commence l'histoire de ces utopies qui, cherchant à traduire les rêves politiques del'humanité, donnent souvent à ceux-ci l'allure de nos pires cauchemars. PLATON.

Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.

J.-C., mort à Athènes en 347 av.

J.-C.Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.

Il fut l'élève del'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.

Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialement. »

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