Platon: Le vivant et la mort
Publié le 01/05/2005
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qui se déploie, et qui se continue jusqu'au pourrissement de la plante.
De même, l'animal qui vieillit à mes côtés –perdant ses poils, dégageant des odeurs de plus en plus fortes, devenant aveugle, impotent ou sourd – reste lemême animal à travers ses manifestations successives.Ce qui est ainsi évoqué d'un point de vue métaphysique, comme manifestation générale du différent sur fond demême, n'est pas sans se retrouver aujourd'hui en termes psychologiques, puisque le problème se repose à ce niveau: comment se fait-il qu'un sujet se vive continuellement comme étant bien « le même », alors qu'il traverse desétats successifs très différents les uns des autres ?
[III.
La « participation » à l'immortalité]
Il y a, affirme le texte, « ressemblance » entre les différents états de l'être soumis au temps.
Cette « ressemblance» pourrait s'interpréter comme une homologie en géométrie : toutes les qualités d'un corps sont modifiées, mais ildemeure homologue à son état antérieur, parce que sa constitution maintient une structure globale constante.
Elleest aussi bien « mémoire » : ce qui aujourd'hui ressemble à hier en ravive le souvenir et suggère qu'une même réalitése poursuit entre hier et aujourd'hui.
Les modifications subies confirment simultanément l'altération et le maintien.C'est de la sorte que le mortel « participe de l'immortalité » : il en recueille comme un écho déformé par le temps lui-même.
L' immortalité réelle ou complète signifie en effet, « à l'instar de ce qui est divin », que l'être échappe à toutemodification : il s'affirme comme « restant toujours exactement le même ».
Au contraire, le mortel n'est que «partiellement » le même, puisqu'il se présente aussi comme se modifiant.
Il y a une contradiction de principe entre «mortel » et « immortalité » : par définition, le mortel ne peut être immortel.
L'immortel est toujours semblable à lui-même, parce qu'il ignore le temps et son effet ; le mortel porte au contraire la marque évidente de ce dernier, et sapermanence ne peut être qu'enfouie, discrète, en deçà de ce qui, en lui, se modifie sans cesse.Même s'il participe de l'immortalité, le mortel connaît en effet une fin ; vient le moment où la substitution dunouveau à l'ancien n'est plus possible, et l'interruption des changements dans l'apparence signifie également ladisparition de la permanence qui les rendait possibles.
Tout ce qui est soumis au temps reste condamné àdisparaître, et affirmer qu'il « participe de l'immortalité » ne permet aucunement de le considérer comme immortel.Dans cette participation, il y a bien plutôt une allure de parodie, d'imitation nécessairement condamnée à l'échec.
PLATON.
Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.
J.-C., mort à Athènes en 347 av.
J.-C.Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.
Il fut l'élève del'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.
Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialementpour la musique et les mathématiques.
Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399,date de la mort du maître.
Platon se rendit alors à Mégare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages enÉgypte et en Italie du Sud.
Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire accepter ses théories politiques.
Letyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine.
Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.
Rentré àAthènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'Académos ; ce fut l'origine de l'Académie.
Ilse rendit encore en Sicile auprès de Denys le jeune, mais aussi sans succès.
Il mourut octogénaire, à Athènes,désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'Académie.
Toutes les oeuvres de Platon sont desdialogues.
Ils nous seraient tous parvenus, et certains textes apocryphes s'y sont ajoutés.
— C'est sous l'influencede Socrate que Platon conçut son système philosophique, premier système spiritualiste complet, qui fait duphilosophe grec, l'un des plus grands, sinon le plus grand de tous les temps.
Pour les Pythagoriciens, la raison deschoses se trouvait dans les nombres ; pour les Ioniens (tel Héraclite) elle était dans les forces et les éléments de lanature ; pour les Eléates, elle était une unité abstraite.
Platon fut le premier à poser un principe intelligent commeraison des choses.
— La méthode qu'il utilise dans ses dialogues est la dialectique.
Platon remonte à l'idée.
Ilprocède par élimination des dissemblances, et ne considère que les ressemblances, dont l'origine est commune.
Lesressemblances, qui font qu'un groupe d'individus peuvent être trouvés beaux, participent d'une beauté pré-existante, et inconditionnée.
La dialectique opère de même pour les autres notions.
Platon dégage, par ce moyen,l'Idée de la beauté.
Le point le plus important de la philosophie platonicienne est précisément la théorie des Idées.Les phénomènes, « ombres passagères », ne renferment pas la vérité.
Il faut dégager l'intuition de la beauté de lajouissance des belles choses.
Dégager de chaque groupe d'individus le type éternel et pur, d'après lequel ils sontfaits.
Les Idées, ainsi dégagées, forment une hiérarchie, dont le sommet est occupé par l'Idée de Bien.
Celle-ci estle soleil du monde intelligible, elle donne vie et lumière à toutes choses.
L'Idée de Bien est le principe de l'être et del'intelligence ; elle est assimilée par Platon à Dieu même.
— L'homme connaît les Idées en vertu de la théoriepythagoricienne de la « réminiscence».
Savoir quelque chose, c'est se re-souvenir de ce que l'on a contemplé dansune vie antérieure.
L'amour, le « délire d'amour » s'explique lorsque nous retrouvons devant nous une beauté dontnous nous souvenons, et qui nous trouble.
— Avant la naissance, l'âme humaine parcourt la voûte du ciel, montée.
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