Platon et Calliclès: Quelle vie faut-il vivre ?
Publié le 01/05/2005
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a) Exigence d'un accord sur des principes et des définitions, conquis par la vertu du dialogue; accord à étendre deproche en proche (Es-tu d'accord, toi aussi, pour dire avec nous...), accord à généraliser : le vrai doit être le biende tous.b) Exigence d'une compétence : il faut un expert; disposer, autrement dit, des moyens du jugement, savoir définirles critères, savoir en user, s'il s'agit de décider, à chaque fois, entre ce qui est bien et ce qui est mal; compétencedu philosophe, justement, ayant d'autres exigences que le rhéteur, et une autre science des principes.Par-delà la vertu du dialogue, il convient d'apprécier ici la vertu d'une méthode (où il faut entendre la vertu commele droit et la force réunis) : c'est bien elle qui spécifie la philosophie dans le genre du logos et dans le genre de vie.Souci de toujours re-définir, de toujours re-mémorer les acquis, les étapes et les moments décisifs; souci (lui-mêmedistinctif de la philosophie) de toujours distinguer (les genres entre eux, les espèces dans le genre), pour identifieret hiérarchiser (pour choisir en connaissance de cause).
Souci théorique dont la signification pratique, indissociableéclate, quand il porte sur les pratiques elles-mêmes (qu'est-ce qui est art, qu'est-ce qui n'est que savoir-faire?)Il faudrait, pour prendre toute la mesure de cette méthode, retrouver tous les passages du dialogue qui éclairent lesens de la relation cuisine/médecine; on verrait comment Platon transfère en philosophie (ce qui, dans « la »philosophie, spécifie la méthode platonicienne...) la rationalité de l'analogie qui opère avec tant de rigueur et defécondité en mathématique (un quatrième terme peut être trouvé à partir de trois autres connus; la philosophie està la rhétorique ce que la médecine est à la cuisine, ou la philosophie est à la médecine ce que la rhétorique est à lacuisine — de même que 12 est à 9 ce que 4 est à 3, etc.).
Mais à partir de là se poserait, dans toute l'histoire de laphilosophie, la question de ses rapports à la mathématique (cette science dont l'objet est proprement idéal, et dontles vérités paraissent être éternelles...).
4.
On ne saurait négliger, pour autant, le « fond » de la question qui fait la gravité de notre texte.
La grande affaire,qu'on agisse en cuisinier, en médecin, en rhéteur, en politique ou en philosophe, c'est de connaître le Bien : plusconcrètement que jamais s'actualise ici, dans le champ des pratiques humaines, le principe du meilleur.
L'importantest de ne pas confondre l'Idée du Bien (la « clef de voûte » du système des Idées, chez Platon), qui dans l'actionbonne ou juste ne saurait en aucun cas être relativisée comme moyen (« faire le bien en vue du reste »), avec sesapparences sensibles (l'agréable, le plaisir).
Subordonner l'action à de telles fins, nécessairement transitoires,subjectives et particulières, qui pis est : intrinsèquement équivoques (l'agréable comme tel peut être bon et mauvais: le plaisir de boire est en même temps la souffrance d'avoir soif), quand elles ne sont pas tout simplement risibles,voire obscènes (se gratter tout le temps et partout, est-ce là le bonheur de la vie? demande Socrate), c'est ignorerl'intemporalité, l'objectivité, l'universalité, l'univocité et l'unité du Bien en soi; et cela ne permet pas de distinguerl'homme bon de l'homme méchant.Les pratiques qui visent la satisfaction d'un désir (le plaisir de « bien » manger, ou de séduire, ou de dominer) sontliées à l'arbitraire des passions et exposées à l'équivoque du résultat.
A l'inverse, les actions bonnes (morales) sontles actions désintéressées qui ne comportent en elles aucun contraire, puisqu'elles ne supposent la visée du Biencomme but qu'autant qu'elles reposent sur sa connaissance comme critère.
La philosophie selon Platon estprécisément la méthode qui permet de s'assurer ce savoir et de s'appliquer à cette fin.
Mais ce n'est pas tout : lamorale implicite du texte qui nous occupe, de l'opposition de la philosophie et de la rhétorique, est que la philosophiepourrait bien être une autre politique, meilleure à tous égards.
Il ne faut pas oublier que la fin la plus haute pour lesGrecs (Aristote le répétera après Platon), c'est de bien vivre : mais cela n'est possible et ne vaut que dans le cadrede la communauté politique.Sous ce rapport, connaître le Bien comme Un (la cause de toutes choses), c'est la meilleure façon pour chaqueindividu (a fortiori pour tout gouvernant) de vivre (ou de « pratiquer ») le Tout de la polis (la Cité grecque).
Par làs'explique à tout le moins que chez Platon, de la République au Politique, la science politique et la science du Bien nefassent qu'un.
PLATON.
Né à Égine, près d'Athènes, en 429 av.
J.-C., mort à Athènes en 347 av.
J.-C.Son père, Ariston, descendait de Codros, dernier roi d'Athènes, et sa mère, Périctyone, de Solon.
Il fut l'élève del'héraclitéen Cratyle, et s'initia aux arts.
Il prit part à des concours de tragédie, et se passionna plus spécialementpour la musique et les mathématiques.
Vers 407, il rencontra Socrate, dont il resta l'ami et le disciple jusqu'en 399,date de la mort du maître.
Platon se rendit alors à Mégare, auprès d'Euclide ; puis, il effectua des voyages enÉgypte et en Italie du Sud.
Eu Sicile, il rencontra Denys et tenta de lui faire accepter ses théories politiques.
Letyran, outré, fit vendre Platon comme esclave, à Égine.
Là, Annicéris le reconnut, l'acheta et le libéra.
Rentré àAthènes, Platon commença d'enseigner la philosophie dans les jardins d'Académos ; ce fut l'origine de l'Académie.
Ilse rendit encore en Sicile auprès de Denys le jeune, mais aussi sans succès.
Il mourut octogénaire, à Athènes,désignant son neveu Speusippe pour lui succéder à la tête de l'Académie.
Toutes les oeuvres de Platon sont des.
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