Philosophie : la notion d'évidence chez Descartes et Leibniz Introduction
Publié le 14/05/2014
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« La philosophie cartésienne est comme l'antichambre de la vérité.
On se prive de la véritable connaissance du fondement des choses quand
on y reste « écrit Leibniz. Il n'est pas étonnant que ses critiques aient
porté sur ce qui apparaissait pour Descartes comme le critère de la vérité
: l'évidence.
La mise en question par Leibniz de l'évidence cartésienne conduit à
s'interroger sur la valeur, les limites d'une évidence critère de vérité.
Dans les Méditations, nous voyons naître l'évidence du doute
méthodique, œuvre de la liberté; elle surgit de l'échec du doute poussé à
son comble et constitue une expérience vécue par le sujet pensant,
expérience du lien nécessaire qui existe entre le fait de penser et
l'existence. Le cogito nous donne donc la première vérité, et la manière
dont il est saisi va servir de règle au discernement du vrai; la perception
de ce que je connais devra être claire et distincte. Évident est donc
synonyme de clair et de distinct, et toute évidence est expérience de toute
certitude garante de vérité. Chez Descartes il nous faut observer que sont
constamment liées la certitude, l'évidence et la vérité.
I. Tout ce que nous apercevons clairement et distinctement est-il donc vrai?
La première question que nous pouvons poser est dès lors la
suivante : tout ce que nous apercevons clairement et distinctement est-il
donc vrai?
Tout ce que nous concevons clairement et distinctement existe car
la réalité qu'enveloppe la conception claire et distincte est celle des idées,
elle concerne l'ordre des essences et, seulement de façon exceptionnelle,
l'ordre des existences. En effet, nous n'avons pas d'évidence de
l'existence des corps. Ce dont nous avons des idées claires et distinctes
que donne l'entendement pur, nous avons une connaissance vraie, à
l'échelle humaine, mais que nous importe si cette vérité n'est pas vérité
absolue dont nous n'aurons jamais conscience.
«
je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit. » ( Médit ation II ).
L'évidence témoigne donc que notre conscience est seule juge de la vérité
qu'elle saisit.
C'est justement ceci qui ne pouvait satisfaire Leibniz.
En effet, pour
lui, l'expérience interne est garantie peu satisfaisante; l'évidence ne lui
paraît p as un critère valable, et le doute lui semble utile contre les
dangers d'une évidence qui ne nous donne pas le moyen de discerner la
droite raison avec la raison corrompue mêlée de préjugés et de passion.
C'est en admettant sans preuve aucune thèse mais en admettant seule la
preuve de la logique qu'il ne sera besoin d'autre critère ni d'autre juge des
controverses en matière de réponse.
Seul le formalisme logique peut
garantir la vérité.
On peut poser des concepts contradictoires comme le
concept du plus gr and nombre; et pour ne citer que cet exemple,
Malebranche n'a pas de l'âme l'idée distincte que croit en avoir Descartes
ni même l'idée de l'ordre que croit en avoir Leibniz.
II.
Le principe du recours à la non - contradiction.
Il s'avère donc nécessaire de disjoindre la certitude et l'évidence et
de remplacer le critère cartésien par le principe du recours à la non
contradiction.
Descartes ne renie pas les difficultés que soulève le problème de
l'évidence.
II avait noté lui -même qu'on peut se tromper à son s ujet; il y
en a en effet fort peu qui sachent bien faire la distinction entre ce qui est
et ce qu'on pense apercevoir.
Il nous arrive souvent de croire que nous
avons l'évidence quand nous n'avons que des opinions; il nous arrive
d'usurper la règle de l'év idence car quelqu'un peut croire entendre et
apercevoir clairement quelque chose, laquelle, néanmoins, il n'apercevra
pas du tout.
L'évidence est donc critère de vérité mais nous pouvons nous
tromper sur elle.
C'est bien l'objection qu'avait faite Gassendi : « La clarté
d'une idée ne permet pas de conclure sa vérité.
Les hommes ont des
opinions différentes et chacun conçoit la sienne clairement.
Il faudrait
trouver une méthode qui, parmi les choses clairement conçues, permette
de distinguer les vraies et le s fausses. » (cinquième objection faite par
Gassendi); ce à quoi Descartes répond : «....
Enfin, ce que vous ajoutez,
qu'il ne faut pas tant se travailler à confirmer la vérité de cette règle qu'à
donner une bonne méthode pour connaître si nous nous trompo ns ou non
lorsque nous pensons concevoir clairement quelque chose, est très
véritable; mais aussi je maintiens l'avoir fait exactement en son lieu,
premièrement en ôtant les préjugés, puis après en expliquant toutes les
principales idées, et enfin en disti nguant les claires et distinctes de celles
qui sont obscures et confuses. » (cinquième réponse).
Si donc nous ne comprenons pas la règle de l'évidence c'est que
nous nous basons sur nos préjugés.
Ce que Descartes nous a enseigné,.
»
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