Philosophie-Démontrer_pour_savoir
Publié le 05/11/2023
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«
Philosophie :
Dissertation de bac (20/20)
Sujet : Faut-il démontrer pour savoir ?
Pour l’opinion commune, savoir signifie détenir la vérité à propos d’une idée, la comprendre
et pouvoir l’expliquer.
Dès lors, si le savoir est lié à la vérité, il semble nécessaire pour savoir
d’être en mesure d’établir cette vérité.
Or, l’opération intellectuelle en quoi consiste la
démonstration permettrait justement, par déductions nécessaires, d’établir la vérité d’une
idée.
Ainsi, nous pouvons admettre, comme le présuppose le sujet, que la démonstration est
une condition importante pour savoir.
Est-elle absolument nécessaire ? Si tel est le cas, il
faudrait admettre que pour savoir quoi que ce soit, il faut le démontrer.
Or cela est-il
simplement possible ? La démonstration peut-elle réellement s’étendre dans tous les
domaines de la vie ? D’autre part, il est important de souligner que nous pensons savoir des
choses de manière subjectives, des choses liées à nous-mêmes (sentiments, pensées).
Si la
démonstration semble globalement nécessaire pour savoir, est-il absolument indispensable
d’en faire usage pour savoir une chose quelle qu’elle soit ? N’y a-t-il pas des cas particuliers
où la démonstration n’est pas nécessaire au savoir et si tel est le cas, où fixe-t-on la limite
entre un savoir nécessitant la démonstration et un ne la nécessitant pas ?
Dans un premier temps, nous montrerons que pour savoir il peut être nécessaire de
démontrer.
Par la suite, nous verrons au travers des limites de la démonstration, que pour
savoir il ne faut pas toujours tout démontrer.
Finalement, nous verrons que certains
domaines du savoir ne dépendent pas entièrement ou pas du tout de la démonstration.
Dans un premier temps, on peut penser que pour savoir, il faut démontrer, notamment si
l’on recherche à savoir objectivement.
En effet, l’Homme, en tant qu’être pensant et
rationnel, sera guidé par la raison et la volonté de tout démontrer pour savoir.
En réalité,
démontrer pour savoir peut être vu comme une exigence rationnelle, car notre raison, pour
faire la distinction entre le vrai, le faux, le bien et le mal, a besoin de se baser sur des
données (des idées) solides et fiables.
Ainsi, en suivant strictement notre raison
(objectivement ici), il faut démontrer.
D’où vient cette confiance accordée par l’être
raisonnable à la démonstration ?
En fait, si on peut penser que pour savoir il faut démontrer, c’est parce que la démonstration
établit des conclusions solides et nécessaires.
Expliquons-nous en détaillant le principe de la
démonstration.
Il s’agit d’une opération intellectuelle permettant, à partir de prémisses
(principes admis) initiales, d’établir par déductions logiques successives, la nécessité d’une
conclusion.
Elle confond en fait vérité et nécessité.
En un mot, si l’on accepte les
propositions initiales, la force de la démonstration, basée sur sa rigueur logique (*elle est
basée sur les principes de non contradiction et d’identité notamment) nous contraint
d’accepter la conclusion.
En cela, elle permettrait d’établir un savoir fixe et durable.
D’autre part, l’idée qu’il faut démontrer pour savoir est renforcée par l’opposition
claire entre croire et savoir.
Qu’est-ce que croire ? C’est un acte consistant à admettre de
manière subjective une idée dont la validité n’a pas été démontrée.
Par exemple, je peux
croire en l’existence des trous de vers mais cela n’a pas été démontré.
Ainsi, il semble clair
que si l’on souhaite s’éloigner de la croyance, il faille démontrer ce que l’on avance.
En résumé, on peut penser qu’il faut démontrer pour savoir et ce pour diverses raisons.
Premièrement car notre raison l’exige.
Deuxièmement car la démonstration, par sa rigueur,
permet d’établir une conclusion ferme et nécessaire.
Enfin, on a montré que, pour ne pas
tomber dans la croyance et admettre des idées non vérifiées, telles les opinions ou préjugés,
il est nécessaire d’avoir recours à la démonstration.
Cependant, défendre une telle position
peut poser problème dans la mesure où la démonstration n’est pas toujours applicable.
Si
elle s’applique bien dans les sciences formelles (comme les mathématiques), on peut
difficilement en faire usage dans les sciences humaines si l’objet du savoir (l’Homme) ne
ressemble ne rien aux objets parfaits et stables des mathématiques.
Quelles sont réellement les limites de la démonstration et existent-ils des alternatives à la
démonstration qui permettraient de savoir sans tout démontrer ?
Nous avons vu dans un premier temps qu’il fallait démontrer pour savoir.
Cependant,
la démonstration admet des limites.
Quelles sont-elles et qu’entraînent-elles pour le savoir ?
Une des limites majeures de la démonstration est qu’il existe bel et bien de l’indémontrable.
En effet, comme l’indique Aristote, le principe logique minimal sur lequel se base la
démonstration, c’est-à-dire le principe de non-contradiction (on ne peut affirmer à la fois A
et non A) est indémontrable car on l’utiliserait dans sa propre démonstration (répétition de
principe).
D’autre part, la démonstration peut poser le problème de la régression à l’infini.
Expliquons-nous.
Si pour savoir, il faut démontrer, alors il sera nécessaire dans chaque
démonstration de démontrer les principes que l’on utilise qui sont eux-mêmes démontrés à
partir d’autres principes à justifier, etc… Cette limite est mise en avant par PASCAL dans De
l’Esprit géométrique où il démontre clairement qu’établir un savoir ferme et absolu par la
démonstration est impossible.
Finalement, nous avons précisé que pour savoir, il faut démontrer.
Or en fait, la
vérité de la démonstration repose sur la vérité des prémisses.
Dès lors, si on emploie des
prémisses fausses, la conclusion sera valide mais fausse.
Peut-on alors dire qu’on sait ?
Toutes ces limites relatives à la démonstration poussent à croire que la
démonstration, pour savoir, n’est pas suffisante.
Dès lors, si même la méthode rigoureuse de
démonstration n’est pas suffisante (alors qu’il nous semblait falloir démontrer pour savoir),
doit-on pour autant être sceptique et penser comme Pyrrhon d’Élis que l’on ne peut rien
savoir et qu’il faut « suspendre notre jugement » ?
En réalité non, on peut très bien penser que la démonstration est importante
tout en considérant qu’il ne fait pas tout démontrer pour savoir.
Ce point de vue est adopté
par Descartes.
Ce dernier, alors qu’il était adulte, s’est rendu compte que ce qu’il pensait
savoir (les notions enseignées par ses maîtres) s’est révélé faux.
C’est ainsi qu’il a décidé de
douter, non pas de manière sceptique, mais d’une manière méthodique.
Par ce doute, il a
renversé tout ce qu’il savait pour repartir sur des fondements solides afin notamment
d’établir un savoir scientifique sûr.
Même Descartes, dans ce doute rigoureux et
méthodique, a choisi de conserver ses démonstrations à partir d’idées non démontrées.
Ces
idées sont pour lui évidentes et proviennent de l’intuition intellectuelle.
Il s’agit notamment
des exigences....
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