PHILO : Le devoir Reconnaître ses devoirs est-ce renoncer à sa liberté ?
Publié le 17/04/2024
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PHILO : Le devoir
Reconnaître ses devoirs est-ce renoncer à sa liberté ?
Si le devoir est intériorisé, la notion de commandement ne laisse-t-elle pas place à la
responsabilité ?
I/ Nietzsche : «Nous avons les valeurs morales qui vont avec ce que nous
sommes»
Nietzsche examine la question des devoirs et de la liberté en analysant la morale.
Dans sa
"Généalogie de la morale », il distingue deux types de morale : celle des forts.
des
seigneurs.
qui créent leurs propres valeurs et se disent "oui" avec fierté : ce sont des
Hommes de distinction(...).
ils créent des valeurs à partir d'eux.
Cette citation illustre son point de vue selon lequel les individus forts et autonomes sont
capables de créer leurs propres valeurs morales, exprimant ainsi leur puissance et leur
affirmation de soi, en opposition à une morale imposée par des valeurs extérieures et celle
des faibles, des esclaves, caractérisée par le ressentiment envers les forts.
Il soutient que
les valeurs morales découlent de la détresse et de la volonté de puissance.
Pour Nietzsche, l'homme est domestiqué par la société qui impose des devoirs sous forme
de valeurs transcendantes, généralement religieuses, associées à la punition divine.
Ainsi, reconnaître ses devoirs serait se conformer à une morale imposée, limitant la liberté
individuelle.
Par exemple, dans une dissertation, tu pourrais utiliser l’idée nietzschéenne pour discuter
comment certaines normes sociales ou religieuses restreignent la liberté individuelle, et
comment cela peut influencer les choix et les actions des personnes.
II/ Hume 18e siècle
Pour Hume, les évaluations morales ne trouvent pas leur fondement dans la raison, mais
émergent des sentiments de plaisir liés à certaines actions.
Il avance que l'action morale
est celle qui procure du plaisir, souvent en étant bénéfique pour l’humanité.
« Notion de moral implique un sentiment commun à toute l'humanité qui recommande un
même objet à l'approbation de tous et fait s'accorder tous les hommes ou la plupart des
hommes sur la même opinion à son sujet.
»
Les évaluations morales sont ancrées dans un sentiment partagé, permettant à la majorité
des individus de s'accorder sur une mème opinion morale concernant une action donnée.
Cette idée renforce son argumentation sur le rôle central des sentiments communs et
partagés dans la formation de nos évaluations morales.
Ainsi à être régulée par des règles générales, bien que l'obligation morale qu'elles
génèrent soit artificielle.
Pour lui, le respect du devoir moral ne découle pas seulement du
sens du devoir lui-même, mais plutôt de motifs extérieurs comme la compréhension
rationnelle des bénéfices sociaux associés à certaines règles morales.
Imaginons une situation où quelqu'un aide régulièrement ses voisins âgés en faisant leurs
courses ou en leur offrant de l'aide pour les tâches ménagères.
Selon Hume, cette
personne pourrait ressentir du plaisir en réalisant ces actions altruistes.
Ce plaisir découle
du sentiment de sympathie ou d'empathie envers les voisins, contribuant ainsi au bien-être
collectif de la communauté.
De plus, cette personne pourrait être motivée à agir de cette
manière par une compréhension rationnelle des avantages sociaux : en aidant ses voisins,
elle contribue à créer un environnement où les autres membres de la communauté
pourraient être encouragés à agir de la même manière, favorisant ainsi un tissu social plus
solidaire et harmonieux.
Les normes morales se fondent sur les émotions et la sympathie partagée, mais aussi
comment elles sont influencées par des règles régulatrices nécessaires pour corriger les
biais émotionnels.
Pour Hume, il faut un motif autre que le sens du devoir pour respecter le devoir.
L’obligation de justice s’explique par le fait que je saisi par la raison qu’une certaine
frustration doit être acceptée si je mesure que cela va être bénéfique à la société.
C’est le sens général de l'intérêt commun qui engage les membres de la société à régler
leur conduite selon certaines règles -> faire quelque chose de bien moralement dans
l’optique que les autres vont faire de même.
III/ KANT, La morale, une affaire de raison
Pour Kant, la morale est une affaire de raison, comme il l'affirme dans "Fondement de la
métaphysique des mœurs".
Il soutient que le devoir moral ne doit pas être accompli dans
l'espoir d'un résultat favorable ou par des motivations intéressées.
Pour lui, le principe déterminant de la volonté morale ne peut être lié à l'intérêt, aux
inclinations ou aux penchants personnels.
Kant insiste sur le fait que l'action morale doit
être accomplie par devoir, par respect pour la loi du devoir elle-même.
Il distingue la "volonté bonne" (morale) comme étant celle qui se détermine par la seule
considération du devoir, exprimant ainsi la primauté de la raison dans l'établissement du
devoir.
Selon Kant, la loi morale en chacun de nous suscite l'admiration et la vénération,
nous rendant dignes de fierté lorsqu'elle est suivie par pure volonté rationnelle.
Le devoir commande sans condition, il ne nous dit pas : « si tu veux obtenir cela, fait ceci
» : ici il y a une condition -> impératif hypothétique (non moral)
Devoir moral : « ne soit pas médisant » -> impératif catégorique
Le critère de l'action bonne (morale) c'est son universalité.
Si je dois écarter tout motif
subjectif (personnel, qui trouve leur source dans ma sensibilité) pour être moral, ce que je
dois vouloir, tous doit le vouloir : "Agis de telle sorte que la maxime de ton action puisse
être érigée en une loi universelle pour tout être raisonnable et libre." Cette maxime exige
que toute action soit universellement souhaitable, sans être influencée par des motifs
personnels ou subjectifs, établissant ainsi l'universalité comme critère de moralité.
Le mensonge est efficace si je suis le seul à mentir, si il devient une loi universelle , il jette
un doute sur toute les paroles.
« Agit de telle sorte que tu traites tir la volonté raisonnable en toi et en autrui comme une
fin et non simplement comme un moyen »
IV/ John Stuart Mill et l’utilitarisme
John Stuart Mill, économiste anglais du 19ème siècle, développe une tout autre
conception du devoir : l’utilitarisme.
Il affirme qu’un acte moral n’est pas irréalisable mais que la seule façon de considérer un
acte comme étant moral, c’est d’ignorer les motivations de l’individu qui agit et de se
concentrer uniquement sur les conséquences de son acte.
La règle morale est alors la suivante : nous avons le devoir d’effectuer une action si ses
conséquences sont les meilleures pour tout ce qu’elle touche.
Même si nous agissons
pour des motifs personnels et intéressés, cela ne veut pas dire que notre action est
immorale : il faut se concentrer sur ses conséquences et si celles-ci sont bonnes, alors
l’action est morale.
Ce ne sont pas l’universalité et la pureté de l’intention qui font l’action morale.
Une
action....
»
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