philo art Pascal: “Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par l’imitation des choses dont on admire point les originaux”
Publié le 23/03/2022
Extrait du document
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Ce transparant liquide dont la coleur rouge grenat, rouge presque noir n’est pourtant pas
semblable.
La peau lisse et brillante d’une poire ou au contraire cette texture ramollie d’un citron qui
commence à pourrir, tout comme la répugnange de cette charogne que pourtant Baudelaire adore.
Ce
bleu qu’on pourrait ainsi dire parfait et le soleil qui par la fente de vos rideaux laisse entrer non pas un
jour mais une lumière dorée.
Et si le peintre, par sa transcription d’une réalité laide, insignifiante ou sans utilitée, faisait surgir chez
le spectateur une considération ou plus encore un émerveillement qui au départ n’est pas.
Et ces choses,
que l’Homme accuse comme telles, ne semblent alors pas tout à fait condamnées.
Pascal disait justement : “Quelle vanité que la peinture qui attire l’admiration par l’imitation des choses
dont on admire point les originaux”.
Ici, le philosophe du XVIIème met en évidence le fait de contempler l’image d’une chose qui
réellement nous indiffère.
L’artiste possède-t-il un pouvoir sublimatoire ?
Et demandons-nous s’il est plus juste d’honorer l’atiste ou l’art ? Car si ce dernier se contente d’imiter
n’est-il pas au contraire à blamer ?
Selon Théophile Gautier, l’art n’a d’autre finalité que lui-même, mais si l’on ose questionner sa parole
nous dirons qu’il est un moyen d’effacer les défauts et de réinventer le vrai.
Alors, en quoi la peinture fait de la réalité un art ?
Premièrement, l’originalité du peintre se révèle contestable lorsque sur sa toile apparaît le dessin de ce
qui existe déjà.
L’appélation même d’artiste semble incorrecte.
Ainsi, à partir de quel moment peut-on
parler de créativité dans l’art ? Suffit-t-il de réaliser une oeuvre ou bien de l’imaginer au préalable ?
L’art qui est vu comme un produit de la liberté est donc remis en cause par la technique et les limities
que l’imitation demande.
Cependant, nous verrons que la représentation d’un objet n’est pas sans intérêt et que l’artiste se sert
des formes et des couleurs pour transformer cette vision initiale.
Il y a en effet une différence entre
reproduire les choses dans leur être ou dans leur apparence.
Victor Hugo dans son poème J’aime
l’araignée et j’aime l’ortie, critique le faux-semblant que l’on se fait de ces deux entités pour donner
une image nouvelle de ces êtres.
Finallement, l’artiste ne devrait-il pas se contenter d’originalité plutôt que de chercher à démontrer une
vérité dans les choses réelles perçues comme laides ou insignifiantes ? Cela signifierait également que
la réalité est nécessairement pénible pour tous et que sa peinture suscitera forcément l’admiration.
Or,
elle est un sentiment dont la subjectivité ne peut être négligée en ce qui résulte du jugement.
L’art peut-il être une imitation ? Pour l’esthétique classiciste l’idée de la représentation exacte
constituait un critère évident.
L’art se doit d’imiter : c’est le postulat de la Mimésis.
Platon disait
notamment que “la peinture la plus digne d’éloges est celle qui a le plus de ressemblance avec ce
qu’elle imite”.
Ne faut-il pas pour autant estimer la peinture qui n’a pas de modèle ? Et l’artiste qui
choisit de s’appuyer sur la vérité et de le retoucher ensuite, est-il à condamner ? L’art est donc cette
activité fabricatrice humaine qui s’oppose à la nature mais dont les artistes s’inspirent ou plus encore,
cherchent la crédibilité.
Mais, à partir de quel moment devenons-nous artiste ? Suffit-il de retranscire le
réel par la peinture ou la sculture pour être qualifié comme tel ? Il y aurait probablement sur cette terre
un nombre d’artiste que l’on sous estime.
Et dans le cas contraire, demandons-nous si chercher la
vraissemblance n’est pas plus un travail d’artisant que d’artiste.
Ce serait par la même occasion
caractériser Rodin de technicien, lui qui par son marteau et son piqué, fait du marbre une figure
mouvante et réaliste.
Rodin artisant, faut-il encore oser le dire.
L’idée est donc que l’art se différencie
de l’imitation car celle-ci peut être vue comme un simple travail technique.
Pourtant, c’est bien sous le
même mot grec “technée” que l’art et la technique étaient régroupés.
D’ailleurs, pour le philosophe
Platon l’artiste fait parti de la sphère artisanale.
Qu’est-ce qui permet alors la distinction entre les
deux ? La particularité du technicien est qu’il sait d’avance le résultat de son travail.
Il l’a étudié, en a.
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