Philo
Publié le 31/01/2013
Extrait du document
«
on juge la perfection technique d'un objet donc la valeur marchande, son usage, en appréciant l'adéquation de
celui-ci à son concept.
Mais le principe d'adéquation ne peut pas s'appliquer dans l'art parce que l'½uvre va
vers le spectateur et plusieurs interprétations sont possibles.
Kant parlera alors de « jugements réfléchissants
», car l'½uvre d'art suscite en nous des sentiments, des émotions et il n'est pas question de concept : seul l'état
du sujet est important, la nature de l'objet représenté n'est que secondaire, voire inexistante.
Donc, d'après le
sens commun, l'art est a priori inutile : il n'a pas d'usage particulier, comme la règle tend à disparaître dans
l'art, les ½uvres sont ainsi inimitables ; elles ne peuvent donc être reproduites à des milliers d'exemplaires et
pour finir, le jugement que l'on peut porte sur les ½uvres est totalement subjectif.
C'est justement sur ce jugement, basé sur tout ce qui est sensible en nous, que Platon critique l'art dans son
rapport à la réalité.
En ce sens l'art est inutile car il produit une illusion, un mensonge, un simulacre.
L'artiste
est enfermé dans le monde sensible, une réalité fondée sur les sens, il ne peut alors que reproduire le « pâle
reflet de la nature », l'artiste n'invente rien, il peint ce qui existe déjà, surtout en s'inspirant de la réalité, il la
trahit.
Les ½uvres d'art nous paraissent très réelles car elles nous renseignent sur la réalité mais elles ne sont
pas plus vraies que la réalité que l'artiste copie.
L'artiste est infidèle, dans le sens où il ne connaît même pas la
réalité qu'il représente.
Platon utilise l'exemple d'un peintre qui peindrait un lit.
Il nous fait croire que sa réalité
est plus vraie que nature, alors qu'il ne connaît pas l'objet : il ne sait pas fabriquer un lit.
Il nous donne une
réalité dégradée car il n'occupe que le dernier rang dans le rapport à la vérité et à la réalité de l'objet.
Avant lui,
il y a celui qui a l'idée du lit, puis l'artisan qui, suivant les règles du concepteur, produit le lit alors que l'artiste
reproduit de simples copies.
Pascal dira même : « quelle vanité que la peinture qui force l'admiration pour la
ressemblance des objets dont on n'admire point les originaux.
» Pour Platon, l'artiste nous détourne du vrai car
il nous éloigne de l'intelligible.
La réalité n'est pas matérielle, sensible, mais dans l'Idée qui informe la réalité
matérielle qui est la nôtre.
L'Idée nous libère du sensible pour nous élever vers l'intelligible.
Mais l'artiste se
contente de reproduire la réalité sensible : l'art figuratif, les représentations de la nature…Platon pourrait
trouver un sens à l'½uvre de Klein, avec son bleu IKB3 par lequel il a « matérialisé l'immatériel ».
Il a représenté
une idée en utilisant le monochrome comme un dépassement absolu de l'esthétique du matériel.
Mais, encore
une fois, pour le sens commun, l'art n'est pas utile : ce n'est qu'un bleu parmi beaucoup d'autres.
Donc, non.
»
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