Phénoménologie de la perception: Merleau-Ponty. Commentaire
Publié le 22/03/2015
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«
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A la suite de Husserl, Merleau-Ponty décrit la perception comme une
«donation par esquisses ».
Cela signifie que la chose se donne à travers
des aspects sensibles qui la présentent comme telle, mais de manière
toujours incomplète : ces aspects comportent un horizon, c'est-à-dire
annoncent d'autres esquisses, laissent ouvert le cours de l'explicitation
perceptive.
Mais une difficulté se présente : comment puis-je affirmer
que ces aspects sont esquisses de cette chose, c'est-à-dire que la chose est
effectivement présente, alors même que je n'en ai pas « fait le tour»,
c'est-à-dire que le cours infini des esquisses qui la constitue est non
seulement inachevé mais inachevable
? Comment puis-je saisir un aspect
à la fois
comme présent et comme aspect de la chose, ce qui suppose que
je l'aie déjà dépassé ? Deux types de réponses sont possibles.
Je peux
m'en tenir à notre ontologie spontanée et situer la question au sein du
monde objectif.
Elle s'avère alors insoluble.
En effet, si la chose est
vraiment la synthèse de tous ses aspects sensibles, l'idée d'une
appréhension d'un aspect comme aspect de cette chose est
contradictoire : je ne peux à la fois être situé au présent de cette
apparition sensible et le transcender au profit d'une synthèse de
l'ensemble des esquisses.
L'autre réponse consiste à prendre au sérieux
l'expérience perceptive ainsi décrite et y voir une invitation à remettre
en
question nos préjugés ontologiques.
Dans l'être, il est clair que je ne peux
à
la fois avoir une expérience partielle de la chose et la posséder comme
totalité des aspects.
En revanche, le temps a ceci de propre que le présent
ne se
donne comme tel, c'est-à-dire comme temporel, qu'en étant son
propre passage, c'est-à-dire toujours déjà dépassé vers un avenir.
Dans le
temps, il n'y a pas d'alternative entre le présent et son dépassement vers
des présentations futures puisque l'être du présent est de se transcender
vers l'avenir.
Dès lors, dans
la mesure où je ne suis au présent qu'en le
dépassant,
la présence de l'aspect ne contredit plus l'explicitation de
l'horizon, la donation par esquisses ne fait plus alternative avec la
présence de l'objet en personne.
La synthèse perceptive doit être
comprise comme une synthèse temporelle, le temps comme « la mesure
de l'être
»..
»
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