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Peut-on vouloir ne pas être libre ?

Publié le 27/12/2005

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      la peur de mourir engendre le Léviathan via un calcul de la raison Cependant, l'état de guerre n'est pas sans issue. Hobbes fait remarquer qu'il y a, dans la nature humaine, au moins une passion susceptible d'éveiller la raison : la peur de mourir. Celle-ci fait sentir à l'homme que le droit naturel ou liberté illimitée vient contredire la 1ère loi de nature qui prescrit de conserver sa vie par tous les moyens. C'est par respect à l'égard de cette loi que la raison va incliner les hommes à renoncer à leur droit naturel. En un mot, chaque homme renonce à sa liberté de se gouverner lui-même pour remettre tout son pouvoir aux mains d'un seul homme.   b)     ... et intérieure (=bonheur) Pour les stoïciens, tout dans la nature obéit à des lois : le monde est en ordre, gouverné par la raison. Ainsi, l'homme doit, pour être heureux, « vivre conformément à la nature », c'est-à-dire en suivant l'ordre, la rationalité inscrite dans la nature. Epictète, philosophe stoïcien, invite donc dans son Manuel, à savoir distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas car la cause de nos malheur, dit-il, ne vient pas des évènements en eux-mêmes mais de l'idée que nous en avons ; autrement dit, il faut apprendre à vouloir les choses telles qu'elles arrivent et non telles qu'on voudraient qu'elles soient dès lors que ces choses ne dépendent pas de nous. Ainsi, on peut, pour ne pas être troublé et affligé par les coups du sort, vouloir ne pas être libre.

Remarques d’introduction :

-          La difficulté tient à ce que vouloir est le fait d’un homme libre. Du coup, « vouloir ne pas être libre « = le fait d’un être libre qui cesse de l’être par choix) → est-ce possible ?

-          A priori, ça l’est : l’absence de liberté est confortable car elle nous évite d’être responsable (« ce n’est pas ma faute « = je ne l’ai pas voulu, je n’ai pas choisi = je ne suis pas libre).

-          Cependant, y a-t-il véritablement un choix derrière une telle attitude ? Ce que Kant appelle minorité est-il voulu au sens strict ?

-          D’un autre côté, on sait ce que peuvent comporter de dangereux les idéologies libertaires. Ainsi, il y aurait quelque bienfait à vouloir ne pas être libre : il s’agirait, comme le dit Hobbes, de restreindre les passions individuelles afin d’instaurer la paix et la sécurité au sein de la société.

-           Il semble difficile de soutenir que l’homme puisse volontairement accepter d’être asservi ou mineur, tout autant que d’affirmer que l’homme ne doit en aucun cas vouloir restreindre sa liberté.

Problématique : Peut-on librement et sans contradiction renoncer à sa liberté ou l’absence de liberté n’est-elle jamais volontaire (choisie) mais toujours contrainte ?

 

« Ainsi, les dirigeants ou les détenteurs d'un pouvoir plus ou moins réel, ont besoin d'installer en l'homme lavolonté de ne pas être libre ; en vérité nous ne voulons rien ou ne voulons pas vraiment puisque, ne pensant paspar nous-mêmes, nous ne sommes pas libres : nous ne nous gouvernons pas nous-mêmes et sommes soumis à uneloi dont nous ne sommes pas l'auteur (que l'on a pas décidé et donc voulue).

Transition :- Il est donc impossible de vouloir ne pas être libre ; un tel renoncement est contradictoire avec la notion même de volonté : il relève plutôt du consentement passif, d'une certaine résignation.

On peut, pour paraphraser Descartes parlant de la liberté d'indifférence, dire qu'il s'agit du plus bas degré de la volonté.- Mais cela revient-il alors à dire qu'il faille « à tout prix » vouloir être libre ? Que serait l'objet d'une telle volonté sinon la destruction de toute forme d'ordre et de hiérarchie ? De plus une telle liberté n'est-elle pasillusoire ? N'y a-t-il pas des cas où il est préférable de vouloir ne pas être libre ? 2- RENONCER À SA LIBERTÉ : UNE EXIGENCE DE LA RAISON a) On peut vouloir ne pas être libre au nom de la paix civile... i.

être totalement libre = favoriser la guerre de chacun contre chacun Pour rendre compte de ce qui pousse les hommes à s'unir et à ériger un état politique, Hobbes expose quelle seraitla situation des hommes en l'absence de loi, c'est-à-dire « en l'absence d'un pouvoir contraignant qui tiennent tousles hommes en respect ».

L'intérêt de cet exposé est de voir quelles conséquences aurait une liberté totale du pointde vue de l'individu.

Hobbes fait alors remarquer que les passions humaines sont telles qu'en l'absence d'un pouvoir contraignant qui tiennent tous les hommes en respect, chacun est une menace pour chacun , et cela, précisément parce que chacun est libre « d'user de sa propre puissance comme il le veut lui-même pour la préservation de sapropre vie » = définition du droit naturel, c'est-à-dire du droit sur toute chose, y compris sur le corps des autres,tant qu'on en est pas empêché.

Droit naturel = condition de la guerre.

ii.

la peur de mourir engendre le Léviathan via un calcul de la raison Cependant, l'état de guerre n'est pas sans issue.

Hobbes fait remarquer qu'il y a, dans la nature humaine, au moinsune passion susceptible d'éveiller la raison : la peur de mourir.

Celle-ci fait sentir à l'homme que le droit naturel ouliberté illimitée vient contredire la 1 ère loi de nature qui prescrit de conserver sa vie par tous les moyens.

C'est par respect à l'égard de cette loi que la raison va incliner les hommes à renoncer à leur droit naturel .

En un mot, chaque homme renonce à sa liberté de se gouverner lui-même pour remettre tout son pouvoir aux mains d'un seul homme. b) ...

et intérieure (=bonheur) Pour les stoïciens, tout dans la nature obéit à des lois : le monde est en ordre, gouverné par la raison.

Ainsi, l'homme doit, pour être heureux, « vivre conformément à la nature », c'est-à-dire en suivant l'ordre, la rationalitéinscrite dans la nature. Epictète, philosophe stoïcien, invite donc dans son Manuel , à savoir distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas car la cause denos malheur, dit-il, ne vient pas des évènements en eux-mêmes mais de l'idéeque nous en avons ; autrement dit, il faut apprendre à vouloir les chosestelles qu'elles arrivent et non telles qu'on voudraient qu'elles soient dès lorsque ces choses ne dépendent pas de nous.

Ainsi, on peut, pour ne pas êtretroublé et affligé par les coups du sort, vouloir ne pas être libre.

Ici, ne pasêtre libre = les choses qui ne dépendent pas de nous.

En effet, il faut lesvouloir au sens où il serait absurde de vouloir changer ce qui n'est pas en notre pouvoir : « Souviens-toi donc que, si tu crois libres les choses qui de leur nature sont esclaves, et propres à toi celles qui dépendent d'autrui, turencontreras à chaque pas des obstacles, tu seras affligé, troublé, et tu teplaindras des dieux et des hommes ».

A l'inverse, si je prends conscience que ma liberté a des limites, qu'il y a des choses à propos desquelles je ne peuxrien, je ne serais alors plus troublé ; mais, une fois de plus, il faut le vouloir,c'est-à-dire qu'il faut travailler à distinguer ce qui dépend de moi et ce quin'en dépends pas (et donc ne pas se laisser emporter par ses passions).

Transition :- On vient de voir l'enjeu politique de la question : au nom de la vie en communauté, on peut vouloir ne pas être libre : il s'agit d'annuler lesconditions propres à la guerre. - Puis l'enjeu éthique : le bonheur implique que l'on apprenne à vouloir ce qui ne dépends pas de nous (au lieu de se révolter vainement)- Cependant , plusieurs difficultés : 1) le renoncement analysé par Hobbes est moins volontaire que justifié par une nécessité vitale : l'homme ne fait guère le choix de sortir de l'état de nature (il y est contraint par ses passions – peur de mourir et autoconservation).

Comment en ce cas, parler encore de volonté ? 2) le bonheur n'estpas un concept suffisamment bien déterminé pour être susceptible de motiver la volonté ; au mieux, peut-il fairel'objet d'un souhait et non d'un choix ; une fois de plus, voulons-nous vraiment en ce cas, ne pas être libre ? Ne sommes-nous pas plutôt inclinés par des motifs sensibles à accepter que certaines choses ne soient pas en notre. »

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