Peut-on vouloir ce qu'on ne désire pas ?
Publié le 27/12/2005
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[La volonté est libre.
Elle est surtout libre de choisir entre le bien et le mal.
Ma raison peut me conduire à renoncerà certains désirs.
Il est aussi possible que ma conscience ignore ce que je désire réellement.]
La volonté morale n'a pas pour fin le plaisirDans la Critique de la raison pratique, Kant montre que le bonheurindividuel, recherché par tout un chacun suivant ses proprespenchants, ne peut être une finalité morale.
La recherche du bonheurpeut fournir des maximes personnelles d'action, mais non des lois à lavolonté, même si l'on prend pour finalité le bonheur de tous.
Ladéfinition générale du bonheur est subjective, donc variable etchangeante.
On pourrait au mieux en tirer des règles générales, maisjamais des règles universelles (valables toujours et nécessairement),car la base en est l'expérience et ce que l'on en ressent.
La recherchedu bonheur ne peut donc aboutir à une éthique comportant des règlespratiques communes à tout être raisonnable.A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur)qui s'en remettent à la subjectivité de chacun pour apprécier lebonheur, la loi morale doit être valable pour toute volonté raisonnable.La morale repose sur des lois universelles et nécessaires (valables pourtous et que l'on ale devoir de respecter).
A la question que dois-je faire?, la morale répond : le devoir, et uniquement le devoir.
Le souverainbien n'est pas le bonheur, mais la bonne volonté, c'est-à-dire la bonneintention, désintéressée, l'intention de faire le bien pour le bien, ouencore de faire le bien par devoir.
Elle repose sur un impératifcatégorique ("tu dois parce que tu dois") et non hypothétique ("si tu veux obtenir tel résultat, fais ainsi").
Sans condition, il ne repose sur rien de sensible.
L'action n'est pas bonnesuivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle est faite par devoir.
"Agis uniquement d'après la maximequi fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle." Par ailleurs, le devoircommande le respect de la personne, de l'être raisonnable en tant que valeur absolue : l'humanité, que ce soitla sienne ou celle d'autrui, doit toujours être respectée comme une fin absolue, et jamais traitée simplementcomme moyen.
Seule cette volonté morale est autonome dans le sens où elle répond à la loi de raison qu'elletrouve en elle (et qui exige de nous plier à l'universalité), et non à des exigences sensibles, naturelles etempiriques, qui nous rendent dépendants, hétéronomes : en ce cas, c'est l'expérience qui commande et non lavolonté rationnelle.
Je peux éviter bien des malheurs en changeant mes désirsMa volonté, soumise au désir, peut, en bien des cas, être l'unique cause de mon malheur.
Descartes proposedonc, comme règle de sagesse, de préférer, volontairement, changer ses désirs, plutôt que de se dépenser enpure perte à vouloir transformer l'ordre du monde.
Ma raison, en ce cas, me conduit à vouloir autre chose quece que je désirais initialement..
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