Devoir de Philosophie

Peut-on vouloir ce que l'on ne désire pas?

Publié le 11/01/2005

Extrait du document

Le symptôme est  donc un compromis entre le  désir inconscient et inavouable que je subis, et les normes conscientes et morales que j'accepte. « Le moi n'est pas maître dans sa propre maison » signifie que je n'ai pas conscience et que je ne maîtrise pas, ne contrôle pas une bonne part de ce qui se passe en moi-même, ce conflit, ce symptôme. L'hypothèse de l'inconscient est donc qu'une bonne partie de ce qui se passe en moi (dans mon âme, ma psyché) ne m'est pas connu, m'échappe, et cependant influe sur moi. C'est ainsi qu'il faut comprendre notre passage : la psychanalyse se propose de « montrer au moi qu'il n'est seulement pas maître dans sa propre maison, qu'il en est réduit à se contenter de renseignements vagues et fragmentaires sur ce qui se passe, en dehors de sa conscience, dans sa vie psychique ». La plupart des choses qui se passent dans l'âme échappent à la conscience. Pour Freud, o a surestimé le rôle de la conscience dans la vie de l'âme, et ainsi on s'est privé des moyens : ¨      De comprendre bon nombre de phénomènes comme les lapsus et  les rêves ; ¨      De soigner un certain nombre de maladies, qui ne peuvent s'expliquer que par le conflit psychique qui agite le patient. Adopter l'hypothèse de l'inconscient permet de comprendre et de guérir, c'est un gain de sens et de pouvoir. Le but de la psychanalyse est alors de faire en sorte que l'individu, au lieu de subir les forces qu'il ignore et ne contrôle pas , puisse recouvrer sa liberté. En effet, la psychanalyse découvre que « Je est un autre » pour reprendre Rimbaud. Il y a en moi un autre , un ensemble de forces, un inconscient qui me pousse à agir malgré moi.

La volonté est libre. elle est surtout libre de choisir entre le bien et le mal. Ma raison peut me conduire à renoncer à certains désirs. Il est aussi possible que ma conscience ignore ce que je désire réellement. Mais, à partir du moment où je veux, c'est que je désire. La volonté est à l'image d'une machine: elle a besoin d'être alimentée en énergie. Le premier moteur de toute action volontaire est le désir.

« A la différence de ces éthiques eudémonistes (eudaimonia : bonheur) qui s'en remettent à la subjectivité dechacun pour apprécier le bonheur, la loi morale doit être valable pour toute volonté raisonnable.

La moralerepose sur des lois universelles et nécessaires (valables pour tous et que l'on ale devoir de respecter).

A laquestion que dois-je faire ?, la morale répond : le devoir, et uniquement le devoir.

Le souverain bien n'est pasle bonheur, mais la bonne volonté, c'est-à-dire la bonne intention, désintéressée, l'intention de faire le bienpour le bien, ou encore de faire le bien par devoir.

Elle repose sur un impératif catégorique ("tu dois parce quetu dois") et non hypothétique ("si tu veux obtenir tel résultat, fais ainsi").

Sans condition, il ne repose sur riende sensible.

L'action n'est pas bonne suivant ses résultats, mais bonne en soi quand elle est faite par devoir."Agis uniquement d'après la maxime qui fait que tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loiuniverselle." Par ailleurs, le devoir commande le respect de la personne, de l'être raisonnable en tant quevaleur absolue : l'humanité, que ce soit la sienne ou celle d'autrui, doit toujours être respectée comme une finabsolue, et jamais traitée simplement comme moyen.

Seule cette volonté morale est autonome dans le sensoù elle répond à la loi de raison qu'elle trouve en elle (et qui exige de nous plier à l'universalité), et non à desexigences sensibles, naturelles et empiriques, qui nous rendent dépendants, hétéronomes : en ce cas, c'estl'expérience qui commande et non la volonté rationnelle. Je peux éviter bien des malheurs en changeant mes désirsMa volonté, soumise au désir, peut, en bien des cas, être l'unique cause de mon malheur.

Descartes proposedonc, comme règle de sagesse, de préférer, volontairement, changer ses désirs, plutôt que de se dépenser enpure perte à vouloir transformer l'ordre du monde.

Ma raison, en ce cas, me conduit à vouloir autre chose quece que je désirais initialement. Dans la troisième partie du « Discours de la méthode », Descartes affirme qu'une de ses règles d'action est « de tâcher plutôt à me vaincre que la fortune, et à changer mes désirs plutôt que l'ordredu monde » (« Fortune » désigne ici le cours changeant de la nature). Pour comprendre cette maxime, qui semble d'un conformisme révoltant,il faut savoir qu'elle fait partie d'une morale « par provision », c'est-à- dire qu'elle ne correspond pas à la morale définitive de Descartes , mais s'intègre à un ensemble de règles provisoires et révisables, dictées parl'urgence de la vie et de l'action, alors même que la raison et larecherche recommandent la prudence. Le « Discours de la méthode » présente la biographie intellectuelle de l'auteur, et les principaux résultats auxquels il est parvenu par unedémarche aussi singulière que révolutionnaire.

Afin de parvenir à unecertitude absolue et indubitable, Descartes décide de remettre au moins temporairement en cause la totalité de ses opinions.

Pourparvenir « à la connaissance vraie de tout ce qui est utile à la vie », il se voit obligé de rejeter la totalité de ce qu'il avait cru.

Dans les« Méditations », il décrit ainsi son attitude : « Je suppose que toutes les choses que je vois sont fausses ; je me persuade que rien n'a jamais été de tout ce que ma mémoire remplie de songes mereprésente ; je pense n'avoir aucun sens... ». Il faut comprendre que ce doute est une démarche intellectuelle qui a pour but de détruire le « palais » de l'ancienne métaphysique, qui n'était bâti que « sur du sable et de la boue », pour reconnaître le véritable palais des sciences sur le roc de la certitude. Mais une question nouvelle apparaît : pendant que je détruis mon ancienne demeure, pour en reconstruire unenouvelle, où vais-je loger ? « Car ce n'est pas assez, avant de recommencer à rebâtir le logis où l'on demeure, que de l'abattre [...] il fautaussi s'être pourvu de quelque autre où o puisse être logé commodément pendant le temps qu'on ytravaillera. » Pendant que le doute m'oblige à n'admettre aucun principe, comment vais-je vivre, et vivre au milieu des autres, sur quels principes vais-je régler mes actes, moi qui rejette tous les principes ? Sur quels critèresvais-je choisir d'agir, pendant que je doute de tout ? La démarche intellectuelle de Descartes l'oblige à être irrésolu en ses jugements, de tout passer au crible du doute, mais « les actions de la vie ne souffrent aucun délai .

» « Ainsi, afin que je ne demeurasse point irrésolu en mes actions pendant que la raison m'obligerait de l'être enmes jugements, et que je ne laissasse pas de vivre dès lors aussi heureusement que je pourrais, je formaisune morale par provision. » La morale par provision consiste à se donner des règles d'action, temporaires et révisables, pour vivre et agirde façon décidée et résolue, alors même que le doute me contraint à ne rien admettre pour vrai.

On est là à. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles