Peut-on triompher de la mort ?
Publié le 10/01/2004
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Ils ne savent pas ce qui les attend et craignent confusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-être en punition de leurs actes terrestres. Les chrétiens, par exemple, imagineront que quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dans les flammes de l'enfer. La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère. De plus, si tout dans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtres vivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce ne sont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notre corps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade), puis en tous. Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort, « la mort n'est rien pour nous «. Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âme pourrait survivre après la mort du corps, ont tort. Car l'âme elle-même est faite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'un agrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même, selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à se décomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, de sensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer. Aussi, la mort se caractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation. « En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source de toute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal, puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur. Nous pouvons désigner la pensée d'Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.
• Au sens premier, une courte réponse négative s'impose... il faut donc interpréter métaphoriquement le « triomphe « sur la mort. • Le « peut-on « suppose l'existence de possibilités, dont la nature et l'efficacité sont à préciser dans la copie, mais non d'un devoir. • Le « triomphe «, quelle qu'en puisse être la version, est-il définitif ? Pourrait-il le devenir ?
«
Peut-être conviendrait-il mieux à des philosophies qui au lieu d'à peu près supprimer la question en défendantl'immortalité de l'âme ont pensé l'attitude face à la mort comme étant d'abord un triomphe sur soi.- on peut penser ici aux philosophies matérialistes d'Épicure et des Stoïciens.
L'âme n'étant pas pensée commetranscendante n'est pas vue comme immortelle pour Épicure, par exemple, nous ne pouvons compter sur aucune viepost mortem : il n'en est que plus urgent de bien vivre celle-ci et pour cela nous devons d'abord la débarrasser de lapire des craintes, celle de la mort.C'est possible à partir d'abord de l'exercice de la philosophie, qui nous permet d'adhérer à une vision du mondematérialiste, et ensuite grâce à des exercices spirituels qui, répétés, doivent nous permettre de nous habituer àl'idée que "la mort n'est rien pour nous".
La métaphysique matérialiste va aussi permettre de délivrer l'humanité d'unede ses plus grandes craintes : la crainte de la mort.
Les hommes ont peur dela mort.
Mais que redoutent-ils en elle ? C'est précisément le saut dansl'absolument inconnu.
Ils ne savent pas ce qui les attend et craignentconfusément que des souffrances terribles ne leur soient infligées, peut-êtreen punition de leurs actes terrestres.
Les chrétiens, par exemple, imaginerontque quiconque à mal agi et n'a pas obtenu le pardon de Dieu ira rôtir dansles flammes de l'enfer.
La peur de la mort a partie liée avec les superstitions religieuses dont la métaphysique matérialistes nous libère.
De plus, si toutdans l'univers n'est fait que de matière, si nous, comme tous les êtresvivants, ne sommes que des agrégats d'atomes, lorsque nous mourons, ce nesont que nos atomes qui se séparent, qui se désagrègent, ce n'est que notrecorps qui se décompose, en un point d'abord (celui qui est blessé ou malade),puis en tous.
Dès lors, rien de notre être ne survit, il n'y a rien après la mort,« la mort n'est rien pour nous ».
Ceux qui pensent que la vie du corps, la pensée, la sensation, le mouvement viennent de l'âme, et que cette âmepourrait survivre après la mort du corps, ont tort.
Car l'âme elle-même estfaite de matière, certes plus subtile, puisque invisible ; mais si elle n'est qu'unagrégat d'atomes, elle aussi se décompose lorsque la mort survient, et même,selon l'expérience la plus commune, il faut penser qu'elle est la première à sedécomposer puisque le mort apparaît immédiatement privé de vie, desensation, de pensée et de mouvement, alors que le reste de son corps semble encore à peu près intact et mettra plus de temps à commencer à se décomposer.
Aussi, la mort secaractérise bien en premier lieu par l'absence de sensation : « Habitue-toi à la pensée que le mort n'est rien pour nous, puisqu'il n'y a de bien et de mal que dans la sensation, et que la mort est absence de sensation. »
En effet, les sensations que nous avons de notre corps et, à travers lui, des choses du monde sont la source detoute connaissance, et aussi de tout plaisir et de toute douleur, donc le vrai lieu de tout bien et de tout mal,puisque le bien réel n'est que le plaisir et le mal la douleur.
Nous pouvons désigner la pensée d' Epicure comme un sensualisme qui fonde toute la vie intérieure sur la sensation.
La mort étant la disparition des sensations, il ne peuty avoir aucune souffrance dans la mort.
Il ne peut pas y avoir davantage de survie de la conscience, de la penséeindividuelle: « Ainsi le mal qui effraie le plus, la mort, n'est rien pour nous, puisque lorsque nous existons, la mort n'est pas là, et lorsque la mort est là, nous n'existons plus.
»
Dès lors je peux vivre, agir et profiter de cette vie sans redouter aucune punition post-mortem.
Et je sais que c'estici et maintenant qu'il me faut être heureux, en cette vie, car je n'en ai aucune autre.
Mon bonheur dans la vie estune affaire sérieuse qui ne souffre aucun délai.
Tel est l'enseignement de la sagesse matérialiste.
Le sage vit ainsi dans l'ataraxie, débarrassé de toute perturbation, et surtout de la pire de toutes.
Mais là aussi,cette sagesse est-elle une sagesse héroïque, triomphante ? Le terme ne convient pas vraiment au philosophe qui adit "pour vivre heureux, vivons caché", comme il ne convient peut-être pas vraiment à la sagesse Stoïcienne, Marc-Aurèle fut-il Empereur.Il s'agit ici d'un triomphe sur soi-même, d'un triomphe sur la peur, dont Pascal montrera combien il présume peut-être des forces humaines, mais pas vraiment d'un triomphe sur la mort.C'est pourquoi on peut plutôt envisager celui-ci dans le cadre d'autres philosophies, de philosophies de la joie.
- onpensera par exemple à Spinoza qui, à partir de l'affirmation métaphysique de ce que le temps n'est qu'uneapparence, montre comment le philosophe, participant à l'amour dont Dieu ou la nature s'aime soi-même, peut-êtreéternel tout en étant mortel, et peut placer sa vie entière sous le signe d'une "éternité de joie souveraine etcontinue".Malgré l'inspiration Stoïcienne, le sage Spinoziste, dans sa joie, semble bien avoir triomphé de la mort.
On peut enfin penser à l'analyse d'E.
Lévinas : Si la mort est à craindre, c'est parce qu'elle est pour la conscience,toujours sujet, l'altérité absolue.
Cette altérité investit et anime le temps lui-même, source à la fois de perte et denouveauté.
Mais on la retrouve aussi dans la personne et le regard de l'autre homme, lieu aussi d'une irréductiblealtérité.
L'originalité d'E.
Lévinas, qui s'inspire de Husserl, est de montrer le lien qui unit ces deux formes d'altérité :le temps et l'autre, et par là de nous indiquer le moyen de triompher de la mort : si l'Eros, ou l'amour, est, selonl'expression du "Cantique des cantiques" "Fort comme la mort", c'est dans ce rapport à autrui, qui reconnaît à la fois.
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