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Peut-On Traduire ?

Publié le 22/07/2010

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Pourtant, traduire peut il se limiter à une opération où rien ne se perd à charge que rien ne se crée ? Non car la traduction n'est pas une translation sans perte, elle ne peut se réduire à constituer un quelconque enchainement de mot. En effet, traduire un texte mot à mot reviendrait à produire un texte dénué de sens car selon les langues l'ordre des mots peut être très différent.  Une traduction est la restitution d’un original et sa valeur réside dans sa fidélité. Ainsi, parler de «traduction fidèle« devrait avoir une valeur de pléonasme. Bien qu'il ne semble pas invraisemblable de penser que certaines traductions puissent être stricto sensu parfaites, surtout lorsque l’on a affaire à des énoncés simple, tout traducteur sait par expérience que l’exercice de la traduction conduit presque immanquablement à des infléchissements sémantiques.

« réalité des choses impose la multiplicité ou la raréfaction de certains termes.

Par exemple,les Esquimos disposentd'une infinité de termes pour décrire toutes les consistances que peut prendre la neige ( ou la glace).Réciproquement, leur vocabulaire est moins riche que celui des Touaregs pour décrire les sables.Aussi comment traduire le sonnet de Rimbaut Voyelles dans une langue d'où ces lettres sont absentes, en arabe parexemple ?En somme, comme l'a écrit Levi Strauss, la langue est «le fait culturel par excellence ».On comprend alors pourquoi Dans Problème théorique de la traduction, Mounin atteste que le bilingue- parasitéd'interférences- serait un mauvais traducteur.Ainsi si l'on peut difficilement traduire, c'est parce que chaque langue n'est pas une mais multiple, pas figée maisvivante, pas éteinte mais en effervescence ( néologismes, argots ...).Pour traduire, il faut élire un seul sens contretout les autre possibles.

Traduire équivaut à trahir un original.Pour Quine dans Le mot et La chose, il est impossible de traduire du fait de la non correspondance des langues.

Cequi est exprimable dans l'une ne l'est pas nécessairement dans l'autre sans avoir recours à la paraphrase.

Ainsi, ence qui concerne les jeux de mots ou les notions culturelles, la Ndt s'impose.L'argumentation de Quine s'oppose à la détermination de la traduction.

En effet, arriver à traduire nécessite lerecours à des moyens éventuel et peu fiables.

Tot ou tard le traducteur doit interpréter le texte et faire un choixqui soit cohérent avec les données ultérieurs.

Le traducteur a alors recours a une méthode inductive car peu deliens existent entre les mots et les choses qu'ils désignent..Le vieil adage italien Traduttore, traditore revet alors une vérité philosophique.

En effet, ces deux notions ne sontpas forcement antagonistes et soulignent finalement surtout les pouvoirs et les limites du langage.Pour Berman, théoricien français de la traduction, parler de traduction, c'est parler du rapport du Propre et del'Etranger, de mensonge et de la vérité, de la trahison et de la fidélité, du mimétique, du double, du leurre, de lasecondarité...

«c'est être pris dans un enivrant tourbillon réflexif où le mot traduction lui même ne cesse de semétaphoriser»En effet, la traduction est traître à elle même puisque d'une langue à une autre elle ne renvoie pas à la mêmeconception.

Par exemple le traduction en français implique l'énergie activée d'un transfert, en anglais translation ellegarde une idée plus passive de transformation, en hébreu targoum elle est associée à l'idée de cible ...En définitive, la non-correspondance exacte des langues oblige les traducteurs à trahir l'original.

Traduire est unconcept fuyant, qui prend de nombreux sens.Le mot traduire démontre lui même ce qu'il signifie .Comment construireun savoir ferme et fondé sur une notion dont la désignation dans les diverses langues developpe des champsconceptuels si divers ? Enfin, traduire est impossible tout comme traduire est infiniment possible : “rien n'est traduisible, or rien n'estintraduisible” ( Derrida)La traduction qui devrait ouvrir la voie vers l'universalité ne le permet pas totalement du fait dela «barrière deslangues».

Traduire apparaît alors pas comme une science rigoureuse mais plutôt comme un savoir de l'inexactitude.Ainsi, tout en étant possible, la traduction peut aussi être impossible.La volonté de Derrida est la constitution d'un «savoir» de la traduction qui intègre des données épistémologiquesinstables qui échappent à l'exactitude scientifique.Traduire, c'est faire l'épreuve de l'impossibilité de traduire.

C'est tristesse, c'est souffrance, comme le dit Berman.Ce possible/impossible, il l'a traduit, dans son texte Hölderlin, ou la traduction comme manifestation , par la formule :traduire, c'est « rendre des paroles du matin avec des paroles du soir ».

On peut traduire, mais on ne peux pastraduire fidèlement .Ce que l'on traduit, c'est finalement l'intraduisible, à savoir ce qui manifeste l'opacité, la résistance, l'altérité,l'étrangeté de la langue et du texte d'origine, le traducteur ne peut être parfaitement fidèle.

Selon l'hypothèseSapir-Whorf: «une langue nous oblige à voir le monde d'une certaine manière, et nous empêche par conséquent dele voir d'autres manières».Autrement dit, l'incommensurabilité des structures syntaxiques entre les langues induiraitune incommensurabilité des «visions du monde»De même, Georges Mounin dans Clefs pour la linguistique explique qu'une langue est comme un prisme à traverslequel ses usagers sont condamnés à voir le mondeet cette vision du monde est donc prédéterminée par la langue que nous parlons.».

La langue ne se borne pas ànoter des choses qui existent, elle découpe le réel.

La langue parle pas dans le monde des idées mais elles'entrelace dans la vie matérielle des hommes.

Elle est un instrument essentielle de cette vie matérielle car ellestructure profondément le rapport des sociétés entre elles et le rapport de ces membres entre eux.Dans sa leçon inaugurale au Collège de France, Barthes présentait la langue comme du côté du pouvoir, de l'ordre,la traitant même de fasciste.

Dans cette notion de prédestination de la vision du monde, on comprend pourquoi l'onpeut parler d'un «fascisme» de la langue dont l'usage n'est pas libre.

La tentative de traduire serait alors unetentative d'émancipation afin de percevoir le prisme du monde à travers toutes ces facettes. Le mot traduire démontre ce qu'il signifie, il est fuyant, instable et traitre.

Ainsi, s'il est possible de traduire, lerésultat obtenue ne relève pas d'une rigeure scientifique.

Pour traduire ou paraphraser, il n'y a pas de solutionunique, mais certainement des solutions meilleurs que d'autres.

Et qui plus est, une traduction peut être supérieur àl'original car traduire contient nécessairement un élément créatif.La question peut on traduire soulève surtout les limites des langues.

Leibniz a forgé l'utopie de créer un systèmesymbolique de la pensée, «une langue universelle», un alphabet de la pensée pour échapper à l'ambigüité des mots.Cette quête de la traduction parfaite et du mot est censée donner à la pensée son existence la plus haute et laplus vraie.

Pourtant, vouloir réduire la pensée à un alphabet aussi rigoureux que des mathématique, relève aussi du«fascisme».

Ainsi, dans 1984 on peut voir comment le parti a domestiqué les pensées et les esprit des hommesgrâce au système du novlangue.. »

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