Peut-on tolérer toutes les opinions ?
Publié le 31/01/2005
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La tolérance est une marge de liberté accordée aux individus ou aux institutions, une liberté d’agir (comportement, déclaration, décider de ses propres règles de fonctionnement…) ; le droit assigne des limites à ces libertés toutes négatives puisque précisément limitées par la loi. La tolérance serait donc comme l’envers de la rigueur du droit. Certes non on ne peut tout tolérer, sauf à revenir à un état de nature où règnerait la loi du plus fort mais peut-on tolérer des actes de toute nature dans une certaine mesure, c'est-à-dire avant que tel acte ne soit jugé comme franchissant le seuil de l’illégalité ?
«
KANT, Logique , Introduction, IX.
« La vérité est une propriété objective de la connaissance ; le jugement par lequel quelque chose est représenté comme vrai – le rapport à un entendement et par conséquent à un sujet particulier – est subjectif , c'est l'assentiment.
Pris dans sa généralité, l'assentiment comporte deux espèces : cellede la certitude et celle de l'incertitude .
L'assentiment certain ou la certitude est lié à la conscience de la nécessité ; l'assentiment incertain au contraireou l'incertitude est lié à la conscience de la contingence ou de la possibilité du contraire – Cette dernière sorte d'assentiment à son tour est soitinsuffisante aussi bien subjectivement qu'objectivement , soit objectivement insuffisante , mais subjectivement suffisante .
La première se nomme opinion , il faut appeler la seconde croyance .
On voit qu'il y a trois espèces de modes d'assentiment : l'opinion, lacroyance et le savoir.
L'opinion est un jugement problématique , la croyance un jugement assertorique et le savoir un jugement apodictique.
Car ce qui est pour moi simplement objet d'opinion, j'ai conscience dans mon jugement de leconsidérer comme problématique seulement ; ce que je crois, commeassertorique , c'est-à-dire comme nécessaire non objectivement, mais subjectivement (valant seulement pour moi) ; enfin ce que je sais, comme apodictiquement certain , c'est-à-dire comme universellement et objectivement nécessaire (valant pour tous).
[...] Ainsi par exemple notre assentiment à l'immortalité serait simplement problématique en tant que nous agissons comme si nous étions immortels ; mais il serait assertorique, dans la mesure où nous croyons que nous sommes immortels ; enfin il serait apodictique dans la mesure où nous saurions tous qu'il y a une autre vie après celle-ci.
»
L'opinion, par définition, n'entraîne donc pas l'adhésion.
Elle est « insuffisante aussi bien subjectivementqu'objectivement ».
La conscience même de celui qui prononce une opinion sait qu'elle juge sans s'appuyer sur unsavoir certain.
Il y a ainsi des domaines où l'opinion est insuffisante : on ne saurait tolérer toutes les opinions là où on ne tolèrepas l'insuffisance de l'opinion elle-même, quelle qu'elle soit.
A partir de là, on peut en conclure qu'en science, on ne peut pas tolérer toutes les opinions.
L'opinion ne peutrivaliser avec la connaissance objective, par définition.
C'est ainsi à juste titre qu'on ne tolère pas toutes lesopinions dans les domaines où la science se prononce.
On pourrait ici parler de la situation aux Etats-Unis où, dans certains états, on remet en question la théorie del'évolution de Darwin.
Pourrait-on faire de même avec la physique, et avoir comme opinion l'idée que la Terre netourne pas autour du soleil ?
Est-ce la biologie qui n'impose pas ses vérités au même titre que la physique ? Ce n'est évidemment pas la questionà trancher ici.
Mais de toute façon peut importe, car quoi qu'il en soit, le fait est que « la science » (les revuesscientifiques) ne tolère absolument pas l'opinion de l'enseignement conservateur des établissements concernés parle refus du Darwinisme.
Mais elle peut le faire parce qu'elle se prononce au nom de l'objectivité d'un savoir, d'une connaissance qui démontrequ'elles tournent autour du soleil.
b) le critère moral
c'est ensuite évidemment un critère moral qui nous conduirait à ne pas pouvoir tolérer toutes les opinons.
Certainessont spontanément insupportables, et il peut être tentant de les considérer comme « intolérables ».
On peut s'appuyer sur l'idée d'un sens moral à la base d'une condamnation spontanée de ce qui nuit potentiellementaux autres hommes – ainsi l'opinion raciste, par exemple.
Pour Rousseau, un sentiment naturel de pitié est à l'origine de notre sens moral : je me sens obligé de prendre soind'autrui..
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