Peut-on reprocher à l'art d'être inutile ?
Publié le 05/02/2004
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Art vient du latin ars qui signifie technique.
La technique est l'ensemble des procédés utilisés par l'homme pourparvenir à une fin.
La question « peut-t-on reprocher à l'art d'être inutile ? » peut alors paraître paradoxale,puisque, d'après ces définitions, l'art aurait un but donc une utilité pour l'homme.
Or, une œuvre d'art, produit d'uneactivité humaine destinée à priori à la contemplation, peut-t-elle être considérée comme un moyen en vued'atteindre une fin quelconque ? Quelle serait la raison d'être d'une œuvre ? Qu'apporte l'œuvre d'art aux hommes ?La société peut-elle se passer d'artistes ? Autrement dit, l'art nous est-il réellement indispensable ? Le sens del'œuvre d'art ne tient-il pas à son inutilité ? La notion de beaux arts (qui concerne les œuvres d'arts) n'est apparue qu'au 18 ème siècle.
Ce que nous appelons maintenant des artistes étaient considérés à l'époque comme des artisans.
Une œuvre d'art de distingueaujourd'hui de la production artisanale qui se caractérise à la fois par une fonction d'utilité et d'esthétique.
Elle sedistingue également des objets techniques qui n'ont que pour but l'utilité.
Or, si un outil, un objet vise avant toutl'utile, une œuvre d'art ne semble pas le viser.
L'œuvre d'art poursuit en effet prioritairement un but esthétique.
On pourrait donc spontanément être conduit àpenser qu'une œuvre d'art n'est pas utile.
Kant, dans Critique de la faculté de juger assure que « tout intérêt présuppose un besoin ou en produit un ».
Or, l'art ne répond à aucun besoin.Il n'est pas nécessaire à notre survie, puisqu'à preuve du contraire, on peutse passe des symphonies de Beethoven ou encore des toiles de Picasso sansmettre en danger notre vie.
Par contre, il devient plus difficile de nos jours dese passer de voiture ou même de couverts car ces objets sont utilisésquotidiennement (objet technique).
L'œuvre d'art n'est alors pas un outil, n'apas de fonction matérielle donc utilitaire par rapport à nos besoins.
L'œuvred'art peut être belle, agréable à la vue, divertissante mais ce n'est pas sonutilité qui la caractérise avant tout.
Pour Kant, « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ». La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvonsl'éprouver que si nous sommes dans un certain état d'esprit par rapport àl'objet.
Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avonspas le souci de l'utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, quiporte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique),de l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve unesatisfaction charnelle qui est d'un autre ordre que la satisfaction esthétique),du bien ( celui qui apprécie une œuvre engagée en raison de son caractèremoral, éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).
Le beau n'est ni l'agréable ni le Bien.
Certes unesatisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'est pasmorale.
A l'encontre de Platon , Boileau, Hegel , Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.
Mais il n'est pas non plus le pur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle nes'excluent pas.
Et de cela Hume ne peut rendre compte.
De même qu'une œuvre d'art immorale peut être belle, demême, peut l'être une œuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.
Et inversement, une musique agréable(par les sonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondrebeauté et agrément.
Par conséquent, le plaisir esthétique est le seul plaisir libre.
Il n'est pas l'effet de lasatisfaction de quelque chose, du besoin du corps ou d'une impératif de la raison.
Libre parce que désintéressé.
L'art peut alors paraître superflu.
La société capitaliste l'a transformée en produit de luxe dû à son prix et sa rareté.L'œuvre d'art est alors devenue une des possession favorites des hommes riches en achetant des produits qui neleur seront utilitaires dans l'unique but d'afficher à tout le monde leur richesse.
Notre société contemporaine a alorstransformé l'art à son détriment en une vulgaire marchandise luxueuse.
Pour résumer, l'art ne répond pas à un besoin et peut paraître superflu.
Pourtant, bien que l'art n'ait effectivement.
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