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Peut-on rejeter la philosophie sans philosopher ?

Publié le 28/02/2004

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Mais la philosophie ainsi interprétée doit avouer son échec. Elle n'est pas un savoir déjà constitué, car les systèmes succèdent aux systèmes : on y dispute à l'infini sans jamais se convaincre. Elle n'est pas non plus un vrai pouvoir, car la sagesse ne donne pas le bonheur. Nous pouvons mépriser, comme les stoïciens, la misère, la maladie, les épreuves de la vie, cela ne nous empêchera pas de souffrir. * Aujourd'hui, seules la science et la technique semblent nous donner un savoir vérifiable et un pouvoir réel. La science paraît avoir chassé la philosophie non seulement de l'étude du monde, mais encore de l'étude de l'homme. Après la physique, la chimie, la biologie, les « sciences humaines », à leur tour, sont devenues positives. De même, la puissance technique semble rendre caduque la sagesse philosophique. [II semble difficile de juger la philosophie sans la connaître. Et, pour la connaître, il est nécessaire de philosopher.

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« [II semble difficile de juger la philosophie sans la connaître.

Et, pour la connaître, il est nécessaire de philosopher.

Ainsi, il est impossible de rejeter la philosophie sans philosopher.] C'est «faire de la philosophie» que la rejeterCeux qui prétendent «ne pas faire de politique» défendent inconsciemment l'ordre établi et, donc, font de lapolitique.

C'est presque la même chose en philosophie.

En effet, pour la rejeter, il faut argumenter et, donc,nécessairement aborder une réflexion de type philosophique. La philosophie est une affaire sérieuseLe reproche que l'on adresse à la philosophie de ne pas avoir d'objet spécifique repose sur une confusion.

Laphilosophie a une fonction spécifique: c'est une démarche théorique qui vise à réfléchir de manière critique surle vécu et sur les perceptions immédiates.

Pour accomplir cette fonction, il faut une pensée maîtrisée.

Il estimpossible de philosopher sans un apprentissage préalable et sans un travail rigoureux.

Impossible donc derejeter la philosophie sans philosopher. La philosophie comme un impératifPersonne ne peut congédier purement et simplement la réflexion philosophique sous prétexte qu'elle estétrangère à la pratique.

Il y a longtemps que les savants ont constaté que la recherche scientifique étaitdépendante de cadres de pensée et de conceptions idéologiques qui lui préexistent.

Personne ne peut sepasser d'une réflexion philosophique, à moins d'avoir choisi volontairement l'ignorance. Le retour sur soi de la penséeDans ces conditions, faut-il penser que la philosophie ne sert à rien ? Nullement, mais il faut comprendre quela philosophie n'est pas une connaissance comme les autres, qu'elle est avant tout un effort de réflexion.

Laréflexion est un mouvement de retour de l'esprit sur soi-même (ré-flexion) qui ne se donne aucuneconnaissance nouvelle, mais qui s'interroge sur les connaissances qu'il avait déjà.

C'est ainsi que Socrate, lepremier et le plus grand des philosophes, prétendait n'enseigner aucun savoir, mais faire réfléchir sesauditeurs.

Par exemple, Socrate demande à Ménon : « Qu'est-ce que la vertu ? » Et Ménon répond que « lavertu consiste à savoir commander aux hommes ».

Socrate lui fait alors observer qu'un enfant et un esclavepeuvent être vertueux et qu'il ne leur appartient pourtant pas de commander.

Ménon se trouble alors etcherche une autre définition.

On le voit, Socrate ne transmet à Ménon aucun savoir ; il se contente de poserdes questions.

Ménon ne reçoit pas un enseignement, il réfléchit à ce qu'il savait déjà.

Grâce à Socrate, il meten question son propre savoir, il fait de la philosophie.

Le reproche d'abstraction adressé à la philosophie relève le plus souvent d'une attitude obscurantiste. Renoncer à l'abstraction, c'est renoncer à l'indépendance de l'esprit.

La philosophie n'est ni le sens commun, ni un rêve nébuleux: c'est une activité rigoureuse et méthodique, susceptible d'être apprise.

Le travail philosophique implique une problématisation des lieux communs.

Pour cette raison, il semble compliquer ce qui est simple.

En fait, la place qui revient à la philosophie est celle d'une pédagogie de la réflexion critique.

Si Socrate aimait à dire que le philosophe est celui qui sait qu'ilne sait rien, c'est parce qu'une ignorance consciente d'elle-même constitue le premier pas vers la philosophie.Une telle conscience est même le prélude à toute philosophie puisqu'elle atteste une rupture avec le mondedes préjugés et des faux savoirs.

Selon une certaine opinion commune, la philosophie ne sert à rien.

Elle ne sert, il est vrai, à l'homme qu'à être un homme. La philosophie forme le espritsSi la philosophie dérange les pouvoirs, pourquoi est-elle toujours enseignée ? Cette question n'est pas aussiparadoxale qu'il y paraît.• L'alternative, au lendemain de la Révolution française, fut la suivante : ou l'on renonçait à l'enseignement dela philosophie, et en ce cas on permettait aux prêtres de retrouver leur mainmise sur l'éducation, ou l'onpréférait rendre l'étude de la philosophie obligatoire, cela afin d'éviter un éventuel retour à l'obscurantisme.

Cefut cette dernière solution qui fut retenue.. »

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