Peut-on réglementer le progrès technique ?
Publié le 30/05/2009
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Notre monde semble envahi par celles-ci.
Pour Heidegger, l'homme moderne n'est plus amené à utiliser des machines,mais vivre avec des machines et au milieu d'elles.
Il ne vit plus à proximité d'un milieu naturel à jamais disparu, maisavec des objets, des machines qui forment la totalité de son environnement.
Par exemple, nos relations ne sebasent plus sur la présence concrète d'autrui mais sur un outil technique, le téléphone, internet,...
L'homme ne peutplus se passer de la technique et des machines.
Il ne sait plus rien faire sans elle.
C'est donc la technique qui nouscontraint à faire telle ou telle chose.
3.
Le progrès technique propage une logique utilitaire et productivisteDe plus, les techniques par les contraintes qu'elles font peser sur les individus, donnent une vision purementutilitaire du monde dépourvue de transcendance, de dimensions symboliques, philosophiques.
La pensée ne s'attacheplus à la méditation, au recueillement, parce qu'infléchie par les idées d'efficacité et d'utilité de la techniqueomniprésente.
Ainsi, Alain Boutot, réfléchissant sur l'œuvre d'Heidegger met en avant cette idée : « La techniquemet l'homme en péril, non seulement parce que les moyens techniques rendent désormais possible une destructionde l'espèce humaine tout entière, mais parce qu'elle menace de manière bien plus profonde, l'essence pensante del'homme."En effet, les machines et le progrès techniques ont changé notre façon de considérer le temps : il s'agit d'aller deplus en plus vite.
Les moyens de transport et de communication, par exemple, nous font oublier les valeurs duvoyage et la découverte qui découle de tout déplacement.
Il y a une perte d'authenticité qui vient du progrèstechnique : nous faisons réchauffer nos plats déjà cuisinés au micro-onde plutôt que de les préparer soi-même.
II La morale nous incite à réguler le progrès technique 1.
La loi morale Il est nécessaire maintenant de savoir si on a le droit moralement de réguler le progrès technique.
Quand on parle demorale, il n'est pas possible de ne pas se référer à Kant et à son impératif catégorique.
Pour le philosophe allemand,la loi morale est issue de la raison et se caractérise par son universalité et son indépendance au sensible.
Elle prendplusieurs formes tout au long de l'œuvre de Kant mais nous en retiendrons deux particulièrement éclairantes pournotre propos.
Il écrit ainsi dans Fondement de la métaphysique des mœurs : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin,et jamais simplement comme un moyen ».
Ce principe marque la spécificité de l'être humain.
Il n'est pas un objet inanimé dont le principe de mouvement est extérieur.
En effet, l'objet externe est conçu pour ainsi dire pour monutilisation, pour me rendre service.
Ainsi, je peux utiliser un marteau pour construire ma maison.
L'objet n'a pas devolonté et je peux donc m'en servir sans réfléchir davantage.
Il est donc un moyen pour moi dans mon projet, dansmes desseins pour arriver à un but.L'intérêt dans ce cas est essentiellement pratique.
Nous posons une action bonne pour arriver à telle ou telle fin.C'est ce que Kant nomme les impératifs hypothétiques.
Les actions ou objets considérés ne sont pas bons en eux-mêmes, a priori( avant toute expérience », ils sont bons rapportés à une nécessité pratique.
Par exemple "Si je veuxplanter un clou, alors je dois utiliser un marteau".
On voit clairement que ceci n'a rien à voir avec la morale.
Autruitrouve sa détermination en lui-même, à la différence des objets dépourvus de déterminations personnelles.
Il estdoué de volonté et c'est à lui de décider de ce qu'il veut faire de sa personne et de son corps.
Ce n'est donc pas àmoi de décider ce qu'il va faire.
En effet, Kant nous dit que considérer l'être humain comme une fin, c'estcomprendre et donc accepter que les autres soient la cause de leurs propres actions et qu'ils contiennent « aussien eux la fin de cette même action » Contrairement à l'objet, l'être humain n'est pas sous mon emprise.
Je n'en suispas maître puisque il est comme moi.
2.
Le progrès technique se sert de l'homme comme d'un moyen Pour respecter la loi morale, le progrès technique ne devrait jamais se servir de l'homme comme d'un moyen et nepas le considérer dans une logique purement utilitaire.
Pourtant, nous l'avons vu, le développement des machines adépossédé l'homme de son action.
Il est soumis aux machines et le respect de sa personne n'est pas toujours àl'ordre du jour.
C'est la différence entre la machine et l'outil que remarque Hannah Arendt.
Elle écrit dans La condition de l'homme moderne : « cela signifie bien que pendant toute la durée du travail à la machine, le processus mécanique remplace le rythme du corps humain.
L'outil le plus raffiné reste au service de la main qu'il nepeut ni guider ni remplacer.
La machine la plus primitive guide le travail corporel.
» L'homme ne devient qu'un maillonde la chaîne complètement remplaçable et il travailler au service de la machine.
Il est donc utilisé comme moyen et ilest dépossédé de la cause de son action.De plus, l'autre loi morale kantienne met en évidence une autre immoralité du progrès technique.
Elle s'énoncecomme suit : « agis de telle manière que la maxime de ton action soit universalisable ».
Ce qui serait moralementbon, serait ce que tout le monde peut faire sans nuire à autrui.
On peut penser dans un premier temps que leprogrès technique s'il était universel permettrait à tout le monde d'avoir une vie meilleure.
Il est vrai que le progrèstechnique comporte de bons aspects comme l'élimination de tâches pénibles( dans l'agriculture par exemple, oumême dans la vie courante comme la machine à laver) mais aussi la lutte contre les maladies( nouveauxappareillages d'observation, nouveaux vaccins).
Cependant, si tout le monde se met à utiliser des machines sansréfléchir, nous aggraverons les pollutions et les attaques contre la terre.
Les dépenses énergétiques exploseraientet nous ne serions pas à même d'y répondre sans agresser de nouveaux les ressources naturelles.
3.
Il faut mettre en place un principe de responsabilité C'est pour cela aussi qu'Hans Jonas demande à l'humanité d'inventer une nouvelle éthique et une véritable politiquede responsabilité.
Pour le philosophe, il est important d'agir en vue de garantir la possibilité d'une vie.
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