peut-on, pour autant, réduire le matérialisme à une philosophie de la matière?

« CORRIGÉ (Problématisation) De l'atomisme d'Epicure au marxisme, en passant par le courant des Lumières, illustré par le baron d'Hol­ bach ou Helvétius, le matérialisme constitue une philosophie qui prend appui sur une physique, sur une conception du sys­ tème de la nature.

Mais peut-on, pour autant, le réduire à une philosophie de la matière? En effet, en vertu d'une ironie de l'histoire, ce courant de pensée, par définition marginal et pro­ vocateur jusqu'au XIX< siècle, inspire une idéologie dominante au xxe siècle.

1.

Les définitions.

Qu'est-ce que le matérialisme? 1.

Une volonté de libérer l'homme de ses inquiétudes mondaines Dans l 'Antiquité grecque, le matérialisme est une philosophie développée par Epicure de Samos (341-270 av.

J.-C.); son but consiste à délivrer ses contemporains de la peur de la mort; il se fonde sur les découvertes scientifiques de Démocrite d' Ab­ dère (460-370 av.

J.-C.) pour qui l'ensemble de la réalité maté­ rielle résulte de la combinaison d'éléments invariants, des atomes - à cette époque, les Grecs croient que l'atome est la plus petite partie de matière, insécable; aujourd'hui, la science nous apprend non seulement que l'atome est composé d'élec­ trons et d'un noyau, mais aussi que ce dernier se compose de différents éléments.

Selon Epicure, l'individu peut se délivrer des angoisses, engendrées et alimentées par la société, en connaissant mieux la réalité de l'univers: tout n'est que matière; l'âme elle-même est composée d'atomes extrêmement subtils et, au moment de la mort, elle se défait, comme le corps.

Quant aux dieux, ils existent, certes, mais ne se préoccupent en rien des hommes, confinés dans un monde matériel où ils devraient s'appliquer à trouver le bonheur en évitant de s'inquiéter outre mesure de leur destinée dans un hypothétique au-delà.. »