Peut-on pleinement exprimer son identité dans l'art et ainsi accéder au bonheur ?
Publié le 27/02/2008
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3° L'art permet à l'homme d'exprimer son identité en affirmant sa puissance de vie La perspective de Nietzsche s'oppose à la perspective hégélienne : l'art tire sa valeur non pas du fait qu'il exprime l'identité de l'humanité, maisl'identité singulière, originale, de l'artiste.
Il ne doit pas être dépassé par laquête de la vérité par la pensée, mais constitue à l'inverse le mode le plusélevé de l'expression de l'identité et du bonheur, en tant qu'il permet àl'artiste d'affirmer dans la création son désir de vie, sa volonté de puissance.L'art permet en effet l'expression de la singularité même de l'identité del'artiste.
Alors que Freud conçoit l'identité exprimée dans l'art comme une partinconsciente, la perspective de Nietzsche perçoit cette identité comme uneprise de conscience de la force affirmatrice de la vie et la créationd'interprétations et de valeurs originales.
En ce sens, le bonheur apporté parla création artistique repose bien sur une expression pleine et entière del'identité de l'artiste, expression qui coïncide avec une lucidité de l'artiste vis-à-vis de son pouvoir créateur et des valeurs qu'il affirme. Conclusion On peut tout d'abord penser que l'art permet l'expression d'une certaine étape de l'identité de l'humanité, permettant à l'esprit de figurer sonrapport au monde et sa liberté dans le sensible, mais que la véritable expression de l'identité humaine, la coïncidencede l'esprit avec lui-même menant au bonheur, ne peut se trouver que dans la pensée qui se détache totalement dusensible.
Cependant, on peut penser que l'art permet à l'artiste d'exprimer pleinement ce qui fait son identité propre,individuelle, et de trouver le bonheur en dérivant dans son œuvre ces désirs inconscients.
On peut alors aller plusloin en faisant de l'art le mode d'expression privilégiée de l'identité de l'homme qui affirme ainsi sa volonté de viecontre une vérité toute faite et mortifère.
L'art permet alors d'accéder à la lucidité qui consiste à créer ses propresinterprétations et à stimuler sa volonté de puissance. SECONDE CORRECTION En affirmant son style, sa singularité, l'artiste n'est-il pas à la recherche de lui-même comme de la plus haute véritéspirituelle qu'il puisse atteindre ? N'est-ce pas en se trouvant par la médiation de son œuvre, qu'il peut lui-mêmes'épanouir ? Répondre rigoureusement à ces questions, exige d'en examiner les présupposer.
Il n'est pas sûr que cesoit en exprimant son identité que l'on se donne les moyens d'accéder au bonheur, et il ne va pas plus de soi quel'art serve à l'artiste pour exprimer son identité.
Nous verrons que le bonheur, davantage qu'une quête de soi estpeut-être une aventure hors de soi.
I- C'est en exprimant son identité que l'artiste accède au bonheur.
A travers son œuvre, on peut penser que l'artiste se lance à la conquête de lui-même, à la manière de Frenhofer dans Le chef d'œuvre inconnu de Balzac, ou encore de Proust lorsqu'il écrit A la recherche du temps perdu .
C'est dans la plasticité de l'art que l'artiste cherche sa propre image, toutes les toiles ne sont-elles pas quelque part des sortes d'autoportrait ? L'art est une des voies possibles pour la quête de soi-même.
L'œuvre del'artiste est comme un miroir, un double de lui-même.
L'évolution de la vie de Picasso ne se reflète-t-elle pas dans lepassage d'une période rose à une période bleue ? La terreur des artistes allemands du XXe siècle ne s'incarne-t-ellepas dans l'art dégénéré ? L'artiste se libère donc de lui-même en se mettant à distance à travers son œuvre.
Mais également il seretrouve lui-même, se réconcilie, tandis que d'autres, incapables de s'exprimer, se laissent déchirer par leurstourments.
La psychanalyse s'est d'ailleurs penché sur le pouvoir de sublimation propre au travail artistique ;l'énergie pulsionnelle est réinvestie, transformée, comme une énergie physique, en une valeur spirituelle.
Tandis quela pulsion sépare le sujet de lui-même, ses élans spirituels le recentrent sur lui-même et le déchargent de sesangoisses.
Toutefois, il ne va pas de soi que l'artiste trouve un véritable répit dans le travail qu'il concède.
Cézannen'était jamais satisfait d'aucune de ses toiles ; la quête que se propose l'artiste est peut-être sans fin, elle n'est entout cas jamais garantie d'avance.
Le thème de l'artiste maudit alimente évidemment l'idée selon laquelle, loin detrouver son bonheur dans le travail, l'artiste s'y perd et s'y oublie lui-même.
II- La difficile conquête du bonheur.
Il faut revenir sur l'un des présupposés de notre sujet : en quoi exprimer son identité permet d'accéder au bonheur ? Faut-il se connaître et se faire connaître au monde pour accéder au bonheur ? La mathématicienneKowalevski écrivait que les mathématiques étaient pour elles un moyen d'accéder à une paix de l'esprit, étant unmonde où le moi est absent.
On peut se demander si, en général, le bonheur n'est pas lié à la faculté qu'a l'hommede se décentrer de lui-même, de se laisser aspirer par autre chose que lui-même.
En ce sens, la psychanalyse souligne les vertus du refoulement, loin d'être un signe pathologique, le.
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