« Peut-on perdre la conscience ? »
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
II.
L'imperdable ?
La réponse au premier point, celui de l'existence, est donc négative.
Non, la conscience de soi n'existe pasautrement que sur le mode de la fiction ; non, il n'y a pas de savoir de soi, au sens où ce dernier pourrait être legarant d'une certitude identitaire ; et donc, non la conscience ne signifie pas l'identité de l'individu dont la pertesymboliserait l'aliénation.
C'est qu'à son principe, dans le texte de Locke (première occurrence philosophique duterme en 1690), la conscience n'est jamais substantialisée en une quelconque entité, toujours elle est le résultatd'une construction idéelle seconde, et pour ainsi dire artificielle.
Cependant, supposons-en l'existence, serait-cedéjà simplement à titre d'artéfact.
Dans un tel cas hypothétique, en elle doit, en tant que marque de la présence desoi à soi ou produit d'une réflexion, consister le principe définitoire de la subjectivité.
Sa perte devrait donc impliquerla négation de cette dernière.
Là est bien le problème : qui est alors le dépossédé si la dépossession implique ladestruction de la subjectivité, et donc de la possibilité d'un possesseur ? Face à un tel cercle logique au principe dela tentative de construire conceptuellement la notion de conscience, l'échappatoire consiste à recourir à unedétermination pour ainsi dire négative de l'identité du dépossédé, c'est-à-dire de l'identité subjective, en laréduisant à ne consister qu'en la fluence synthétique (Kant) d'un Je dynamique et sans substance, flux deconscience sans constance mais simple pôle diffracteur des intuitions sensibles et noétiques (Natorp (néo-kantien),repris mutatis mutandis par Husserl dans les Recherches logiques ), lui-même à terme convertible en l'abstraction anonyme au fondement de la théorie psychanalytique de la structure de la conscience, à savoir le Ça.
Seul lequelque chose du Ça doit pouvoir perdre la conscience, sinon, ainsi que nous l'avons montré, il y a contradictiondans les termes.
Et peut-être est-ce là ce « on » anonyme et sans substance auquel fait référence la formulationde l'énoncé.
Auquel cas, alors, oui, le « on » de l'énoncé peut doit pouvoir perdre conscience, lui seul peut-être.Cependant, il n'est pas moi, et peut-être n'existe-t-il même pas…
*
Conclusion
- Le sujet, possesseur supposé de la conscience ne peut la perdre, en tant simplement que cette dernière est leproduit extraverti d'une fiction reconstructrice de l'identité personnelle, et qu'elle « n'existe » donc qu'à ce titre –autrement dit, pure fiction sans existence réelle, sa perte est toute aussi illusoire que sa possession.
- Ce n'est pas seulement l'inexistence effective de la conscience qui invalide la possibilité de la perdre, maiségalement l'absence d'un possesseur identifiable unitaire, qui alors, dans le cas de la perte, serait le dépossédé.
Laconscience ne se perd donc pas, simplement parce que, à supposer qu'elle existe, son possesseur dépossédé nesaurait être identifié : elle ne se perd pas parce que personne ne la possède (au cas où elle existerait).
- Seul le « On » anonyme d'un surmoi, ou d'un Ça collectif, anonyme est abstrait peut être celui qui perdrait laconscience….
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