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Peut-on penser séparément le corps du sujet pensant?

Publié le 09/04/2005

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En sorte que moi, cad l'âme par laquelle je suis ce que je suis, est entièrement distincte du corps. » Le corps, en effet, n'est qu'une portion de matière, ayant une forme, et susceptible de recevoir du mouvement. La pensée est radicalement différente, c'est la faculté de concevoir, imaginer, sentir, vouloir. Descartes ne nie pas que -en l'homme- il y ait interaction du corps et de la pensée, et il consacrera même un ouvrage, « Les Passions de l'âme » (1649), à ce qu'on nommerait aujourd'hui biologie des passions. Mais il jette grâce au dualisme les bases de la science moderne, en limitant la physique à l'étude de la matière et de ses propriétés. Il faut se souvenir qu'Aristote considérait l'étude de l'âme comme le couronnement de la physique, et que Pascal aura à batailler contre l'idée que la « nature a horreur du vide », comme si la matière était animée d'intention. Le corps humain, comme le corps de l'animal, est une machine perfectionnée créée par Dieu. Bien qu'infiniment plus complexe que nos machines, son fonctionnement se laisse expliquer de la même manière. Les corps sont composés de nerfs et de muscles, comparables à des petits tuyaux, dans lesquels circule une matière subtile : les esprits animaux. Lorsque nous touchons un objet par exemple, nous en prenons une conscience tactile par l'effet de ces esprits animaux qui remontent jusqu'au cerveau par l'entremise des nerfs, et viennent heurter la "glande pinéale", siège de l'âme.

Penser séparément le corps du sujet pensant, c'est penser une séparation entre la pensée et le corps. Poser alors la question « peut-on « c'est commencer par se demander si cela est possible et même souhaitable. Une telle séparation est-elle légitime ? Faire prévaloir une dichotomie entre âme et corps, n'est-ce pas faire prévaloir l'une sur l'autre ? Une telle prévalence de l'esprit sur la matière est-elle tenable ? Le corps n'a-t-il pas lui-même une noblesse ? Le dénigrer le corps, n'est-ce pas au final se dénigrer soi-même ? Et enfin, au-delà du dualisme ne peut-on pas penser l'âme et le corps comme une seule et même chose ?

« les autres ; il est mon corps.

Si mon âme y était jointe comme à un simple objet, elle prendrait connaissance de son état comme uncapitaine constate les avaries sur son bateau, à distance et sans douleur.

Mais voilà, « je ne suis pas dansmon corps comme un pilote en son navire » (Méditations métaphysiques, VI) : je ne constate pas les lésionsde mon corps, je les ressens violemment ; mon corps, c'est moi.

Je n'ai pas un corps comme on a une voiture ; je suis étroitement uni à lui ; bien plus, je ne forme qu'un seultout avec lui ; pourtant, je ne suis pas non plus mon corps, au sens où je m'y réduirais ; je suis âme et corps.Il est quasi impossible de concevoir cette union de deux natures distinctes ; pourtant, c'est un fait, puisquechacun la vit tous les jours. 2.

Les passions et la liberté A.

Les passions Si l'âme meut volontairement le corps, le corps meut aussi l'âme.

Les passions sont l'ensemble des émotionsde l'âme qui sont causées parles mouvements ou états non volontaires du corps (exemple : la faim).

La passion incline l'âme à vouloir des choses auxquelles elle a d'abord disposé le corps.

Ainsi la vue d'unfauve, en accélérant mon rythme cardiaque, en nouant ma gorge, etc., dispose mécaniquement mon corps àfuir, pour faire cesser ce malaise.

Mon âme, affectée de peur, croit vouloir la fuite alors que c'est le corps quil'y entraîne.

Descartes raconte qu'il a ressenti longtemps une passion inexpliquée pour les femmes qui louchent.

Elle cessale jour où on lui rappela qu'il avait été, très jeune, amoureux d'une jeune fille qui louchait : l'amour s'étaitmécaniquement associé, dans son cerveau, à l'image d'une fille qui louche.

Il était vain de chercher desraisonnements inconscients pour expliquer sa passion ; elle n'était que mécanique.

Le seul inconscient, c'est lecorps.

Les passions sont bonnes en elles-mêmes car elles nous meuvent.

Mais si elles ne sont pas réglées par laraison, elles peuvent nous perdre, en nous menant où nous ne devrions pas.

L'énergie passionnelle doit nousservir, non nous asservir. B.

La générosité Ne pouvant agir de front contre les passions, la volonté peut le faire indirectement, par une sorte de ruse.Prenons un exemple.

Comment vaincre la peur ? Non pas simplement en me disant qu'il ne faut pas avoir peur,mais en liant, par l'habitude, à mes mouvements spontanés l'idée de tout ce que la fuite a d'inefficace, ou dehonteux.

Ainsi, ma fuite sera empêchée.

Le plus que la volonté puisse faire, en cas de passion violente, n'est donc pas de s'empêcher de la ressentir,mais de ne pas consentir à ses effets.

Les exhortations sont inutiles, c'est la connaissance du mécanismepassionnel qui permet de se dresser soi-même.

Mais alors que les faibles tentent de faire jouer les passions les unes contre les autres, sans trouver de vraiestabilité, les âmes fortes opposent à toutes les passions la générosité, qui est la passion – spirituelle – de laliberté. II) Dans une deuxième partie, il s'agira de se demander si un tel jugement sur le corps est légitime ou non.

Nietzschefera une critique de ces positions qui conduisent à des idéaux ascétiques.

Oublier le corps, le mépriser, n'est-ce pasen dernière instance mépriser de mépriser soi-même ? NIETZSCHE : C'est aux contempteurs du corps que je veux dire leur fait.

Ils ne doivent pas changer de doctrine et d'enseignement, mais seulement direadieu à leur propre corps - et ainsi devenir muets.

« Je suis corps et âme » -ainsi parle l'enfant.

Et pourquoi ne parlerait-on pas comme les enfants ?Mais celui qui est éveillé et conscient dit : Je suis corps tout entier et rienautre chose ; l'âme n'est qu'un mot pour une parcelle du corps.

Le corps estune grande raison, une multiplicité avec un seul sens, une guerre et une paix,un troupeau et un berger.Instrument de ton corps, telle est aussi ta petite raison que tu appelles «esprit », mon frère, petit instrument et petit jouet de ta grande raison.Tu dis « moi » et tu es fier de ce mot.

Mais ce qui est plus grand, c'est - ce àquoi tu ne veux pas croire - ton corps et sa grande raison : il ne dit pas moi,mais il est moi.Ce que les sens éprouvent, ce que reconnaît l'esprit, n'a jamais de fin en soi.Mais les sens et l'esprit voudraient te convaincre qu'ils sont la fin de toutechose : tellement ils sont vains.

Les sens et l'esprit ne sont qu'instruments etjouets : derrière eux se trouve encore le soi.

Le soi, lui aussi, cherche avecles yeux des sens et il écoute avec les oreilles de l'esprit.Toujours le soi écoute et cherche : il compare, soumet, conquiert et détruit.Il règne, et domine aussi le moi.Derrière tes sentiments et tes pensées, mon frère, se tient un maître pluspuissant, un sage inconnu - il s'appelle soi.

Il habite ton corps, il est ton. »

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