Peut-on penser Dieu ?
Publié le 18/03/2009
Extrait du document
- Penser désigne au sens général l’activité psychique qui rend une chose présente à l’esprit et dont les modalités sont croire sentir, connaitre; en un sens plus restreint elle désigne l’activité de la connaissance. La pensée caractérise le mode d’appréhension des êtres humains.
- Dieu désigne l’être absolu vers lequel est tournée la foi des croyants: être absolu signifie être ce que l’on est sans avoir besoin d’autre chose que soi pour être ce que l’on est, il s’oppose en cela à relatif qui désigne une chose ne pouvant être ce qu’elle est que par l’intermédiaire d’autres chose que soi. La caractéristique essentielle de cet être absolu est la transcendance, c’est-à-dire sa capacité à dépasser le monde humain immanent.
Pouvoir penser Dieu, c’est pour un esprit humain pouvoir appréhender l’être absolu et transcendant par une idée interne à son esprit. Dans la mesure où les croyants croient en l’existence de Dieu, c’est qu’ils peuvent nécessairement appréhender l’objet de leur foi; par conséquent Dieu pourrait être pensé au même titre que les autres objets du monde. Cependant si Dieu se caractérise par sa transcendance, c’est-à-dire sa capacité à dépasser infiniment le monde humain, il ne peut être compris comme un des objets du monde.
Si Dieu est un être absolu et transcendant, il ne transcende pas seulement les objets du monde, mais aussi notre propre capacité de penser. En ce sens, le Dieu que l’esprit humain peut appréhender n’est pas Dieu, mais une simple projection de notre esprit. Par conséquent, par sa nature transcendant toutes choses, Dieu ne pourrait être pensé. Cependant, si Dieu n’est absolument pas pensable, comment expliquer que nous en ayons l’idée ? En effet s’il était irréductiblement hors de la portée de l’esprit humain, nous ne saurions même pas que nous ne pouvons pas le penser.
Nous sommes dès lors confrontés à ce problème : pouvons-nous penser Dieu, au risque de le confondre avec une projection de notre esprit; ou alors Dieu est-il radicalement impensable, mais alors comment pouvons-nous le savoir ?
- I On peut penser Dieu dans la mesure où il constitue une idée de la raison
- II On ne peut penser Dieu être absolu et transcendant qui dépasse infiniment la pensée humaine
- III On peut penser Dieu comme ce qui excède indéfiniment la puissance de notre pensée
«
édition Lafuma : « c'est le cœur qui sent Dieu et non la raison; Voilà ce que c'est que la foi.
Dieu sensible au cœuret non à la raison.
Par la raison nous ne pouvons nous former une image de Dieu déformée par notre propre capacitéde penser.
Aussi pour ne pas déformer l'image de Dieu, il nous faut la recevoir par la cœur dans la grâce.
Ainsi dieuserait radicalement impensable.
On ne peut penser Dieu puisque il est un être absolu ui transcende notre capacité de penser; Cependant, si Dieun'est absolument pas pensable, comment expliquer que nous en ayons l'idée ? III On peut penser Dieu comme ce qui excède indéfiniment la puissance de notre pensée _ S'il était irréductiblement hors de la portée de l'esprit humain, nous ne saurions même pas que nous ne pouvonspas le penser.
Or nous savons que nous ne pouvons penser la transcendance de Dieu, c'est onc d'une certainemanière que nous pouvons appréhender l'idée de Dieu comme hors de notre portée.
Qu'est-ce que je pense lorsqueque je pense à Dieu comme être impensable ? L'idée de Dieu comme impensable correspond à l'idée d'infini, c'est-à-dire l'idée d'un être qui excède ma capacité à poser des limites.
Or ma raison ne peut être la cause de cette idéed'infini car cette idée correspond à un être infiniment plus parfait que moi.
C'est ce que l'on peut soutenir avecDescartes dans la troisième de ses Méditations métaphysiques .
C'est une représentation trop grande pour que j'en sois moi-même la cause; l'idée d'infini en moi est un contenu plus grand que mon esprit qui la contient.
Je peux êtrela cause de toutes mes idées car ce qu'elles représentent n'a pas plus d'être que moi; en revanche l'idée d'infini aplus d'être que moi qui suis un être fini.
Cette idée a donc été mise en moi par un autre être que moi;_ Dieu se laisse appréhender par notre pensée comme ce qui vient bouleverser les structures de la pensée .
C'est envenant mettre en échec la puissance de notre pensée que Dieu peut être pensé : il se présente à nous de manièrenégative.
En effet nous ne pouvons nous-même nous penser comme êtres finis que grâce à cette idée d'infini.
L'idéede ma finitude qui s'exprime dans le doute et le désir, c'est-à-dire dans un état de manque, révèle l'idée d'infini.L'idée d'infini est ainsi en moi comme la signature du Créateur qui rappelle à ma pensée son origine.
C'est par ce queDieu est l'origine de ma pensée que ma pensée ne peut l'appréhender comme un des objets du monde.
En revancheil est possible à ma pensée d'appréhender Dieu en prenant conscience de son imperfection, c'est par la consciencede l'imperfection de ma pensée incapable de saisir Dieu que je peux prendre conscience de l'être infini dont elleprocède.
Conclusion :Si Dieu peut être pensé comme une idée de la raison, il se réduit alors à une idée régulatrice de notre esprit qui sepense lui-même afin de faciliter les progrès de la science.
La pensée de Dieu par l'intermédiaire de la raison déformeDieu en ne respectant ni sa transcendance ni son caractère absolu.
Aussi il faut soutenir que Dieu est radicalementhors de la portée de l'esprit humain.
Pour expliquer que nous pouvons néanmoins le penser comme impensable, ilnous faut alors recourir à l'idée d'infini, idée par laquelle nous prenons conscience des limites irréductibles de notrepensée, et par là même pensons négativement l'infinité de Dieu..
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