Peut-on parler d'une philosophie contre nature ?
Publié le 10/03/2004
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La règle de conduite commune aux individus est la réciprocité, à la conditionqu'ils appartiennent au même corps social, avec les mêmes valeurs et lesmêmes critères.
Chacun considère ainsi la volonté d'autrui comme égale à lasienne, s'abstient par conséquent de commettre des actes de violence,d'offenser ou de voler, afin qu'il ne lui soit pas fait de même.
Nous vivonsd'ordinaire sous l'impératif de la moralité évangélique : "Ne fais pas à autrui ceque tu ne voudrais pas qu'il te fasse." Cependant, il faut considérer que ceprincipe établi au fondement de la vie sociale est une négation de la vie, unprincipe de décadence et de dissolution : "Vivre, c'est essentiellementdépouiller, blesser, violenter le faible et l'étranger, l'opprimer, lui imposerdurement ses formes propres, l'assimiler, ou tout au moins, l'exploiter."L'essence de la vie est la volonté de puissance, absolue et démesurée : ellevise la conquête, le déploiement de la force jusqu'à ses limites extrêmes, etne souffre ni pondération, ni mesure, ni limitations d'aucune sorte.
Si dansune société vivante les individus s'abstiennent de faire le mal entre eux, c'estcette société elle-même qui exploitera ou tyrannisera une autre société plusfaible.
Si la moralité des moeurs est un principe de civilisation qui dompte lavolonté vitale en ses tendances barbares ou violentes, la vie reprendnécessairement le dessus, motivée par une volonté de puissance par laquelleles forts dominent les faibles, et par laquelle le destin de toute force estd'aller jusqu'au bout d'elle-même.
L'impératif de la vie contre l'obligation morale
Nietzsche, dans Aurore, décèle sous l'obligation kantienne du devoir l'expression d'une cruauté ascétique.
Le devoirva à l'encontre de nos habitudes, il s'oppose à notre nature sensible, il se définit par la pureté de l'intention.
Pourconserver toute sa valeur, il doit se montrer importun, pénible, voire douloureux.
Ne peut-on observer, sous lecommandement du devoir, un goût coupable et douteux pour la souffrance physique, une soumission servile etcraintive à l'impératif de la loi ? L'obéissance au devoir s'oppose à la vie et à ses forces puissantes, qui commandentl'égoïsme, la préservation de nous-mêmes et plus encore l'affirmation et la réalisation de nos buts.
L'obéissance audevoir est une mortification.
Il n'apporte d'autre satisfaction que celle de l'obéissance à une loi qui n'est pas nôtre.L'individu se sacrifie sur l'autel de l'idée et de la raison, sans trouver d'intérêt pour lui ni pour les autres : "Une vertuest nuisible quand elle ne tient qu'à un sentiment de respect pour l'idée de "vertu" comme le voulait Kant." Contreles impératifs exsangues de la raison, Nietzsche proclame les droits de l'instinct et des puissances vitales : l'êtrehumain vise l'affirmation de sa subjectivité et non la soumission à une loi universelle.
Le devoir moral et l'obéissancesont les signes infaillibles d'un déclin et d'une décadence.
La nature commande à chacun de cultiver sa propre forceet ses vertus en vue de la conservation de soi-même, tandis que le devoir commande des actions impersonnelles etabstraites.
Toute action saine et vitale ne peut avoir que le plaisir pour preuve.
Le bonheur est la seule caution quel'action est bonne.
Se dresser contre la nature et le plaisir, c'est se détruire : "Qu'est-ce qui vous brise plus viteque de travailler, penser, sentir sans nécessité intérieure, sans option profondément personnelle, sans "plaisir", enautomates du devoir ? C'est tout juste là la recette de la décadence, et même de l'idiotie.
- La philosophie, parce qu'elle propose un ordre des choses, parce qu'elle donne une logique, peut s'égarer et oublier que l'ordre naturel des choses est la matière même de son travail.
Nier cet ordre pouren établir de manière péremptoire un « supérieur », c'est légiférer sans légitimité.
Rien n'a encore prouvéque la vie ne valait rien, qu'elle était « inférieure ». - Il n'y a pas de philosophie contre-nature, car le cas inverse signifierait que la philosophie a abandonné les objectifs qui l'animent.
Comme l'a si bien nommée Nietzsche, la véritable philosophie est un« Gai Savoir », une connaissance comme une attitude affirmative envers la vie.
Elle est une activitésavante de législation, informée de la prééminence de la nature, et liée à elle dans un même objectif :assurer l'épanouissement du vivant. Conclusion : - La philosophie a été fondée comme une activité nécessaire au bien-être individuel et collectif. - Pour des motifs au demeurant naturels, certaines philosophies se sont tournées vers une négation pure et simple de la nature et de sa propre logique.
Celles-ci dénaturent la définition traditionnelle de laphilosophie. - Une véritable philosophie ne peut être contre nature, car elle est une activité positive, créatrice, infinie, et non pas une négation doublée d'un absolu..
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